Le présent extrait de La nausée, roman de Jean-Paul Sartre, reproduit le monologue intérieur du narrateur observant du haut d'une colline une ville dont la description le conduit à évoquer avec une aversion marquée la vie répétitive, niaise et bornée de ses habitants, privés du sentiment de l'imprévisible, de l'inquiétante étrangeté du monde et de l'existence humaine.
Le choix du monologue intérieur immédiatement transcrit, et dominé par le « je » du narrateur, renforce l'opposition très contrastée entre ce « je » et le « ils » qui désigne, avec éloignement et mépris, les hommes qui vivent dans la petite fourmilière paisible et rassurante que le narrateur observe d'en haut.
Sartre cherche à traduire dans ce texte, à travers la méditation parfois dure du narrateur sur l'existence bornée et sottement confiante des hommes ordinaires, la réaction de colère et de mépris de celui qui, les observant, ressent dans une solitude amère et intransigeante le sentiment d'inquiétude et d'angoisse lié à la conscience de la fragilité de l'homme au cœur de la « nature ».
[...] Position extérieure d'un narrateur conscient. L'inquiétante étrangeté du monde et l'instabilité de la condition humaine. II. Les citadins ignorants. Les hommes immergés dans la répétition rassurante du quotidien Leur goût du conformisme, de la régularité, de la servitude Le rejet de l'inquiétude III. La vraie nature La nature autour de la ville : imprévisible, menaçante, vengeresse, vivante La nature hors des lois L'angoisse de l'homme conscient devant l'existence et le surgissement déroutant du possible. Commentaire Le présent extrait de La nausée, roman de Jean-Paul Sartre, reproduit le monologue intérieur du narrateur observant du haut d'une colline une ville dont la description le conduit à évoquer avec une aversion marquée la vie répétitive, niaise et bornée de ses habitants, privés du sentiment de l'imprévisible, de l'inquiétante étrangeté du monde et de l'existence humaine. [...]
[...] Elle ne bouge pas, elle se tient tranquille et eux, ils sont en plein dedans, ils la respirent et ils ne la voient pas, ils s'imaginent qu'elle est dehors, à vingt lieues de la ville. Je la vois, moi, cette nature, je la vois . Je sais que sa soumission est paresse, je sais qu'elle n'a pas de lois : ce qu'ils prennent pour sa constance . Elle n'a que des habitudes et elle peut en changer demain. Jean-Paul Sartre, La nausée, Gallimard. Plan du commentaire I. Le statut du narrateur. [...]
[...] Jean-Paul Sartre (1905-1980) - La nausée (1938) Sommaire Jean-Paul Sartre (1905-1980) - La nausée (1938) Document à commenter Plan du commentaire Commentaire Document à commenter Le narrateur, qui va quitter Bouville, est monté sur une colline qui surplombe la ville. Je regarde à mes pieds les scintillements gris de Bouville. On dirait, sous le soleil, des monceaux de coquilles d'écailles, d'esquilles d'os, de graviers. Perdus entre ces débris, de minuscules éclats de verre ou de mica jettent par intermittence des feux légers. [...]
[...] Lorsque Roquentin la décrit comme déjà infiltrée en eux-mêmes - au cœur même de ces imbéciles qui par horreur de l'angoisse s'enferment dans l'illusion du bien-être de la répétition il nous fait comprendre que la menace, ou l'imminence, est au cœur de l'homme même, que ce qui tend à briser la répétition est déjà en lui, en dépit - ou à cause, peut-être - de la routine, de l'aveuglement, de la niaiserie, de la lâcheté : dans un cœur que l'inquiétude et la conscience n'auront pas préparé. Il n'y a pas de lois de la nature car la nature, en ce sens, est en nous ce qui tend à briser la loi. [...]
[...] Il me semble que j'appartiens à une autre espèce. La position éloignée est ici la métaphore physique de l'éloignement moral l'un d'eux/loin d'eux . Le sentiment d'appartenir à une autre espèce est la traduction la plus forte de l'impression d'étrangeté qu'éprouve le narrateur face à l'homme du quotidien, lequel est incapable, lui, de vivre intérieurement l'inquiétante étrangeté du monde, que le narrateur perçoit. La supériorité de ce dernier tient à l'étendue plus vaste de son regard, ainsi qu'à son acuité plus grande : Je la vois, moi, cette nature, je la vois . [...]
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