Cours de Littérature (Terminale L) consacré au roman Jacques le fataliste et son maître que Diderot a écrit en 1765. Le cours est constitué d'une partie consacrée à des généralités sur l'oeuvre (éléments biographiques sur Diderot, contexte dans lequel il a écrit ce texte), une autre à la construction du récit (le récit est axé à la fois sur le voyage et les amours de Jacques), une troisième au thème du fatalisme (les théories de Jacques et le point de vue de l'auteur sur la question) et enfin une dernière s'appuyant sur les rapports entre maître et valet tout au long du récit (un rapport à la fois conforme à la tradition littéraire mais une relation originale reposant sur le renversement de la hiérarchie).
[...] Le valet est, comme on l'a dit, avant tout au service de son maître. Ainsi, à la demande de ce dernier, il lui faut retourner "sur le lieu de leur dernière couchée" pour chercher la montre que son maître a oubliée. De même, lorsque ce dernier achète une nouvelle monture, c'est au valet de céder la sienne et de monter l'animal fougueux. De plus, la complicité de Jacques avec le maître repose essentiellement sur la capacité qu'il a à le distraire de l'ennui par des histoires multiples où abondent les digressions. [...]
[...] Des liens hiérarchiques déstabilisés. Le titre du roman annonce d'emblée la couleur, Jacques le fataliste et son maître insistant davantage sur la personnalité du valet (son prénom est énoncé en premier, accompagné d'un trait marquant de sa personnalité), suivi de "son maître", ce qui inverse les rôles en reléguant paradoxalement le maître au second. On remarque d'ailleurs que seul le valet est nommé -fut-il par le prénom Jacques-, tandis que le maître en est privé. Par ailleurs si Jacques exécute les ordres il porte cependant l'impertinence caractéristique des valets de comédie. [...]
[...] Le maître, plus en retrait, semble surtout réagir. Effectivement, par sa capacité à le distraire, par sa conscience plus grande de l'impossibilité humaine de tout savoir, Jacques s'avère sur bien des points supérieur à son maître, et n'hésite d'ailleurs pas à affirmer dans une réplique impertinente: "Tout s'est arrangé à notre insu, tout cela fut scellé la haut au moment où la nature fit Jacques et son maître. Il fut arrêté que vous auriez le titre et que j'aurai la chose". [...]
[...] Situation particulière de Jacques le fataliste dans l'oeuvre de Diderot. Le projet est conçu en 1765, et son écriture dure jusqu'à la mort de l'auteur, pendant prés de vingt ans. Des extraits du texte paraissent déjà dans la Correspondance de Grimm entre 1778 et 1780. L'intégralité paraît pour la première fois en volume en 1796, c'est-à-dire à titre posthume par peur de la censure, voire d'encourir de la prison à cause de la nouveauté des idées. On remarque dans le roman une certaine intemporalité. [...]
[...] Ainsi au début du texte, il s'emporte contre le cabaretier alors que se mettre en colère ne changera rien aux évènements, si l'on suit le raisonnement déterministe qui veut que les actions s'enchaînent logiquement. De même, Jacques ne peut s'empêcher de pleurer la mort de son frère lors du tremblement de terre de Lisbonne. Ainsi, si Jacques soutient "intellectuellement" la théorie fataliste, il ne peut dans l'absolu la soutenir affectivement, car en étant un être humain il est forcé de ressentir des émotions. III. Le point de vue de Diderot sur la question. [...]
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