Le choix des ?uvres s'est imposé de manière relativement évidente, dans la mesure où ces deux pièces se situent à des moments clés dans l'itinéraire personnel de l'auteur. La Nuit de Valognes, en tant que pièce inaugurale, reflète dès lors son projet esthétique et littéraire initial ; Mes Évangiles, en tant que pièce charnière, symbolise la fêlure qui vient détruire ses convictions d'agnostique. C'est donc à un parcours, à une lecture biographique que nous invitent les deux oeuvres étudiées (...)
[...] Elle conçoit l'amour comme l'expression du divin, et réciproquement, la foi comme forme d'amour. Cette conception de l'amour trouve un écho dans celle du chevalier lorsque celui-ci dévoile ses sentiments à Don Juan : Est-ce Dieu ou les hommes qui sont mauvais ? [ ] Pourtant Dieu existe, Don Juan, Dieu existe. Car ce que j'ai senti pour vous, c'est cela, Dieu. (III,10). La mort du chevalier, après cet aveu aux allures tragiques, vient confirmer l'idée d'un amour divin et asexué (Agapè) dont la réalisation ne pourra s'effectuer qu'en dehors de toutes contingences terrestres. [...]
[...] En effet, Sganarelle joue dans les deux pièces le rôle d'une certaine forme de conscience en tentant de faire entendre un peu raison à son maître. Mais le Don Juan de Schmitt amorce déjà une sorte d'introspection que ne pouvait effectuer celui de Molière, parce que Don Juan est, par essence, totalement dépourvu de conscience. C'est pourquoi le mouvement d'inversion dans les répliques permet de souligner l'évolution psychologique de Don Juan et suggère déjà l'idée selon laquelle le dénouement ne pourra être le même. [...]
[...] Sans pour autant travestir l'histoire, Schmitt propose sa propre lecture des textes, notamment à travers le procédé de valorisation des personnages. En effet, la modernité apportée par Schmitt réside avant tout dans la création du personnage de Rébecca et dans la promotion accordée aux personnages de Pilate et de Judas. Nous étudierons par la suite les modifications effectuées par Schmitt, notamment du point de vue formel, lesquelles participent directement à un renversement sémantique. IV- L'ÉMERGENCE D'UNE POÉTIQUE PERSONNELLE : UNE CONTAMINATION LITTÉRAIRE À L'IMAGE DE L'ÉVOLUTION INTELLECTUELLE ET SPIRITUELLE D'E.E. [...]
[...] Pilate choisit en effet de crucifier Jésus mais se lave les mains en public selon le rituel d'usage, afin de montrer qu'il n'est pas responsable de cette mort : Pilate prit de l'eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant : je ne suis pas responsable de ce sang, à vous de voir ! 27,24). Le passage de la confrontation entre Yéchoua et Pilate chez Schmitt est conforme à la tradition biblique mais se concentre sur le regard de Pilate: - Je vais le faire fouetter en public. D'ordinaire, une bonne giclée de sang suffit à satisfaire la soif d'une foule. Mais la scène de flagellation ne produisit pas l'effet escompté. [ ] Je songeai alors à une ruse. [...]
[...] Le personnage de Don Juan et de la religieuse sont comme des doubles à l'extrême, entre dévotion et provocation. Ils entretiennent tous deux un rapport intime avec Dieu : la religieuse par son obéissance et son respect, et Don Juan par sa défiance. Mais aucun de ces personnages antagonistes n'obtient de réaction divine. Ainsi, Don Juan et la religieuse s'en prennent violemment à Dieu dans une sorte de diatribe qui prône l'athéisme : LA RELIGIEUSE : Dieu est un sacré cochon ! [...]
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