Poésie arabe moderne, littérature de la Nahda, poésie néoclassique, poésie romantique, naissance du modernisme
La poésie romantique (1930-1947 ) Les romantiques arabes respectent également les règles de métrique, à quelques exceptions près (emploi de deux mètres dans un même poème voire dans un même vers, multiplication progressive des rimes, banalisation de l'enjambement). Ils se constituent essentiellement autour de deux groupes, le groupe Diwân, qui produit surtout une théorisation du mouvement, marquée autant par les classiques arabes que par les romantiques anglais ; et le groupe Apollo (1932-1934) en Egypte, réuni non en école littéraire mais autour de la revue Apollo, première revue arabe entièrement consacrée à la littérature et aux arts, fondée par Ahmad Zakî Abî Shâdî. Le romantisme arabe se développe tant au Moyen-Orient avec Apollo (Ibrahim Nâjî qui traduit Musset, Lamartine, Baudelaire ; Khalîl Mutrân) que dans le reste du monde arabe (en Tunisie, Abû al-Qâsim al-Shabbî qui fait paraître en 1933 des poèmes dans Apollo, très axé sur la mort et l'équivalence des cycles de la vie humaine avec les cycles naturels). Bien que la poésie reste marquée par la tradition, le ghazal par exemple se pare de nouvelles caractéristiques : la bien-aimée est décrite bien plus par des qualités spirituelles que charnelles, entre sensualité et amour cudhrî ; les topoi anciens s'allient à une sensibilité romantique : pleurs sur la jeunesse perdue, symbiose avec la nature.
[...] N'estce pas l'effacement des certitudes et la convocation des doutes, dans la tunique des ténèbres ? N'estce pas l'abolition, pour toujours et à jamais, des contours des choses Jusqu'à sa lumière [au soleil] soit rajeunie et qu'il soit comme rappelé à brûler de nouveau [se lever] Et à peine t'aije mentionnée que le jour est au rendezvous, et le cœur entre crainte et prière Et mes pensées réapparaissent devant mes yeux blessés comme les nuages ensanglantés face à moi Et les larmes coulent de ma paupière, délayées [mais aussi poindre (le jour avec les lueurs tendant vers le couchant Et le soleil au crépuscule se coule [en direction] Histoire de la poésie arabe moderne P 4 dessus d'un ravin dans un panache noir Il passa à travers deux nuages qui déclinaient, et s'égoutta comme en autant de larmes rouges Puis la dernière larme de l'astre s'est mêlée à la dernière de mes larmes pour mon ode funèbre Et j'aperçus mon jour décliner, et vis mon soir dans la femme سوداء مرت خل ل غمامتين تحدرا وتقطرت كالدمعة الحمراء فكان آخر دمعة للكون قد مزجت بآخر أدمعي لرثائي وكأنني آنست يومي زائل فرأيت في المرآة كيف مسائي Une poétique de l'égocentrisme romantique, axée sur le pathos et le topos du mal d'amour II- Un jeu de correspondances très baudelairien entre l'homme et le paysage III- Une description lyrique d'un moment privilégie : le soir Histoire de la poésie arabe moderne P 5 (1960) أنشودة المطر، بدر شاكر السياب Traduction d'André Miquel (en italique lorsqu'elle diffère) Tes yeux, deux palmeraies, à l'heure de l'aube Ou deux balcons desquels s'éloigne la lune Ou deux balcons sous la lune qui fuit ْناك غاب َتا ن َخيل ساعَة السحر أو شرفَتان راح ي ْأى عَن ْهُما القمر ْناك حين ت ْسمان تورِق الك ُروم َرقُص اﻷ َضواء . [...]
[...] Sous la pluie naîtra l'herbe d'Irak Et l'écho revient Comme un sanglot Golfe ! Toi qui prodigues les écailles et la ruine ! سي ُعْشب العِراقُ بالمطر فيرجعُ الصدى كأنبه النشيج " خليج، يا واهب المحارِ والردى Et le Golfe, puisant dans ses dons innombrables, jonche Les sables de son écume saumâtre, d'écailles Et tout ce qu'il reste des ossements d'un noyé misérable D'un de ces exilés repus de mort Depuis l'abîme, au fond du Golfe, Cependant, en Irak, mille vipères boivent le nectar D'une fleur que l'Euphrate a nourrie de sa rosée D'une fleur nourrie aux fraîcheurs de l'Euphrate وينثر الخليج من هِبات الك ِثار عَلى الرما ل : رغوه اﻷ جاج، والمحار وما تبقى من عظام بائس غريق من المهاجرين ظل يشرب الردى من ل ُجبة الخليج والقرار وفي العراق ألف أفعى تشرب الرحيق من زهرة يربها الرفات بالندى وأسمعُ الصدى يرن في الخليج 88 J'entends l'écho Résonner sur le Golfe : Histoire de la poésie arabe moderne P 8 Pluie . [...]
[...] La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge font écho ces vers de Darwish : élevée est notre âme, sacrés nos pâturages, et les étoiles / sont mots qui illuminent . Scrute-les, et tu liras notre histoire entière : / Ici nous naquîmes entre feu et eau, et nous renaîtrons dans les nuages La coutume indienne de considérer les objets naturels comme animée d'une âme est retranscrite abondamment par Darwish par les vers ne meurtris pas davantage l'herbe, elle possède une âme qui défend en nous / l'âme de la terre et les interpellations à l'arbre ou encore à la monture de l'homme blanc. [...]
[...] Enfin, pour boucler la boucle, on peut aussi considérer vu quelques indices (notamment le réveil du frisson de pleurs que le début du poème se situe en fait dans un futur un peu flou qui ramène par le biais des souvenirs, à l'Irak et au destin de la pluie sur la terre natale. Histoire de la poésie arabe moderne P 11 محمود درويش، خطبة الهندي اﻷحمر Traduction d'Elias Sanbar .1. Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d'hier nous échoient Mais la couleur du ciel a changé, et la mer à l'Est a changé, ô maître des Blancs ! seigneur des chevaux, que requierstu de ceux qui partent aux arbres de la nuit ? [...]
[...] Les gouttières sanglotant sous la charge 32 Et quel désarroi ressent le solitaire ? Et cette errance qui prend l'esseulé sous la pluie ? 33 Sans fin tels le sang versé [au sol], tels les affamés, Tel l'amour, tels les enfants, tels les morts ainsi la pluie Tes prunelles m'assiègent avec la pluie Au travers des vagues du Golfe, les éclairs frottent Les rivages de l'Irak d'étoiles et d'écailles Comme s'ils préparaient le lever du soleil Et semblent préparer l'essor de l'incendie كال كاﻷط ْفا كال ْموْتى ال ْمطر ومقل َاك بي ت ُطيفان مع ال ْمطر وعَب أ َمواج الخليج ت َمسح الب ُروق سواحل العِراق بالن ّجوم وال ْمحار ّها تهم بالشروق َسحب الليل عليها من د دِثار أصيح بالخليج : " يا خليج يا واهب اللؤلؤ، والمحار، والردى فيرجعُ الصدى كأنبه النشيج يا خليج " . [...]
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