L'extrait proposé de Madame Bovary de Gustave Flaubert s'organise autour de la rencontre, dans une demeure campagnarde et par un tiède après-midi d'été, d'un jeune médecin de province, Charles Bovary, et d'une jeune fille, Emma, restée seule à la maison et accueillant le visiteur.
Dans ce passage, Flaubert semble attaché, à travers le récit d'une action assez réduite en elle-même, à faire apparaître la qualité de l'atmosphère qui s'installe entre les deux personnages, en procédant à une description parfois minutieuse et toujours suggestive des éléments du décor, des petits gestes et des comportements qui vont permettre à une conversation, enfin, de s'établir.
L'insistance de l'auteur sur les éléments propres à décrire l'atmosphère de la scène ne laisse aucun doute sur son intention : accordant un tel avantage à la description sur l'action et à la situation sur la narration vive, ainsi qu'aux petits gestes sur les grands mouvements, il cherche à faire appréhender par le lecteur la différence psychologique traduite par la différence d'attitude des deux personnages.
[...] Il refusa, elle insista, et enfin lui offrit, en riant, de prendre un verre de liqueur avec elle. Elle alla donc chercher dans l'armoire une bouteille de curaçao, atteignit deux petits verres, emplit l'un jusqu'au bord, versa à peine dans l'autre, et, après avoir trinqué, le porta à sa bouche. Comme il était presque vide, elle se renversait pour boire ; et, la tête en arrière, les lèvres avancées, le cou tendu, elle riait de ne rien sentir, tandis que le bout de sa langue, passant entre ses dents fines, léchait à petits coups le fond du verre. [...]
[...] Lorsque Charles entre dans la cuisine, il n'aperçut point d'abord Emma Il s'agit d'un élément de réalisme perceptif : lorsque l'on passe d'un espace ensoleillé à un lieu protégé de la lumière, l'œil reçoit une impression passagère d'aveuglement. Mais le réalisme se double ici d'une esquisse du comportement habituel de Charles, qui se précisera au fil du texte, mais aussi et surtout au fil du roman : Charles ne sait pas s'orienter. Il manque d'instinct, d'intuition, de décision, de lumières intérieures. Il a besoin d'être guidé. Dès sa première rencontre avec Emma, il commence par ne pas la voir. Il ne la voit pas où elle est. [...]
[...] Elle y ajoute l'insistance et le rire. Elle accomplit tous les gestes d'une hospitalité gaie, et l'accumulation rapide des verbes d'action, qui caractérise le style du paragraphe central du texte, traduit la résolution d'offrir et de partager un petit plaisir qu'elle se mesure à elle-même : elle verse peu dans son verre, donnant ainsi l'image d'une jeune fille pleine de sagesse et de modération, mais dont elle souligne presque immédiatement l'insuffisance : le verre est léché, car trop peu rempli. [...]
[...] - Un être quasi inexistant. II. La psychologie d'Emma. - Un être actif. - Un être d'une grande vitalité. - Un être sensuel. - L'opposé de Charles. Commentaire L'extrait proposé de Madame Bovary de Gustave Flaubert s'organise autour de la rencontre, dans une demeure campagnarde et par un tiède après- midi d'été, d'un jeune médecin de province, Charles Bovary, et d'une jeune fille, Emma, restée seule à la maison et accueillant le visiteur. [...]
[...] Puis une autre lumière, différente, sert à compléter la série des repères sensoriels nécessaires à Charles pour commencer à s'orienter : Le jour qui descendait par la cheminée, veloutant la suie de la plaque, bleuissait un peu les cendres froides. Cette phrase, admirablement évocatrice et qui est sans doute, dans ce passage, hautement représentatif du réalisme de Flaubert, mérite d'être analysée : cette seconde source de lumière est différente de la première : le jour s'oppose au soleil Ce dernier, qui a décliné, passe à travers l'auvent, et n'est plus à l'aplomb de la cheminée. [...]
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