Aux débuts du roman, les titres renvoient, le plus souvent, soit à des personnages typiques :
Le Berger extravagant, Sorel, 1627, soit à des histoires exemplaires, porteuses d'une « vérité générale » :
Les Désordres de l'amour, Mme de Villedieu, 1675
La première grande rupture se situe à la charnière du XVIIe et du XVIIIe et répond à la naissance de l'individualisme moderne. Sous l'influence de Descartes et de Locke se répand l'idée que la vérité n'est pas à chercher dans la fidélité à la tradition ou dans que modèle universel, mais dans l'expérience sensorielle de chq individu. Il n'est plus question de types généraux d'humanité se détachant sur un fond déterminé d'avance : ce que les récits mettent désormais en scène ce sont les histoires originales d'individus particuliers. Les titres présentent des noms emblématiques :
Pantagruel et Gargantua, Rabelais, 1532 et 1534 cèdent la place à des titres affichant des noms réalistes:
Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, Prévost, 1731.
Le titre, par le biais du nom propre, invite désormais à voir le personnage comme une personne.
[...] Hausser un objet apparemment neutre à la dignité de titre romanesque est une façon de dénoncer la société moderne, univers de la consommation où non seulement l'objet est roi, mais où l'individu lui-même se chosifie. La Préface Deux périodes : Une préhistoire de la préface, jusqu'au milieu du XVIe puis l'avènement de la préface moderne. La préhistoire de la préface couvre la période qui va d'Homère à Rabelais. Il n'y a pas alors de préface proprement dite, les fonctions de cette dernière étant assumées par les premières lignes/pages du texte. [...]
[...] L'émergence de la notion d'individu conduit progressivement à le considérer comme la finalité du récit. Début XXe, s'il ne fait pas de doute que le personnage véhicule une vision de la personne, le modèle psychologique est cependant peu à peu dénoncé comme empêchant une approche scientifique. Au cours des années 1970, l'essoufflement du NR et le retour en force du sujet et du récit classique militent en faveur de la renaissance du personnage : Duras (L'Amant, 1984) et Robbe-Grillet (le miroir qui revient, 1985) reviennent à une figure de narrateur-personnage qui s'inscrit dans la tradition déjà longue du récit autobiographique. [...]
[...] C'est donc à l'incipit que revient le double rôle de présenter et de commenter l'oeuvre préface intégrée C'est avec les prologues de Rabelais que la préface moderne voit le jour. Le prologue de Pantagruel oriente la lecture en donnant des informations sur le genre de l'oeuvre. Le prologue de Gargantuaprogramme le rapport au texte en invitant le lecteur à une lecture interprétative à plus haut sens Les textes contemporains s'inscrivant dans la perspective d'une littérature désaliénante ouverte et rendant sa liberté au lecteur répugnent à orienter trop explicitement le rapport au texte. [...]
[...] Il s'agit de laisser le lecteur seul face à une histoire donnée sans mode d'emploi et qu'il est libre d'interpréter à sa guise. Le narrateur Prédominance du narrateur omniscient jusqu'au XIXe inclus (les romans de Balzac et Hugo en sont les exemples canoniques), mis à part les récits autobiographiques et épistolaires. A partir de la fin du XIXe, la tendance est à l'effacement progressif du narrateur ou en tout cas des signes trop explicites de sa présence. Le narrateur Dieu qui avait la complète maîtrise d'un univers textuel auquel il imprimait ordre et cohérence est rejeté par l'ère du soupçon Le type de narration qui tend à s'imposer est homodiégétique (il est un perso parmi d'autres) et intradiégétique (la mise en abyme est particulièrement prisée). [...]
[...] Fiches historiques de livres d'après "La Poétique du roman" de Vincent Jouve Le Titre Aux débuts du roman, les titres renvoient, le plus souvent, soit à des personnages typiques : Le Berger extravaguant, Sorel soit à des histoires exemplaires, porteuses d'une vérité générale : Les Désordres de l'amour, Mme de Villedieu La première grande rupture se situe à la charnière du XVIIe et du XVIIIe et répond à la naissance de l'individualisme moderne. Sous l'influence de Descartes et de Locke se répand l'idée que la vérité n'est pas à chercher dans la fidélité à la tradition ou dans que modèle universel, mais dans l'expérience sensorielle de chq individu. [...]
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