Don Juan, Molière, paysans, critique de la société, bourgeois, noblesse, émancipation des femmes
La société décrite dans Dom Juan est, par contraste avec son protagoniste (on peut discuter de savoir si Dom Juan est ou non un héros) enfermée dans des codes moraux, des dogmes et des relations sociales nécrosés, car relatifs à la société médiévale (code de l'honneur, amour courtois, valeur sacrée du serment et de la parole donnée, dogmatisme religieux).
Devant Dom Juan chacun des corps sociaux représenté est dépassé, manipulé et impressionné. Par son intelligence, sa maîtrise de la parole et des conventions sociales, son scepticisme et son cynisme, Dom Juan neutralise son adversaire.
[...] Dimanche est ainsi que les paysans aussi un personnage-jouet. Dom Juan profite ici de son rang pour le neutraliser et le détourner de son but, récupérer son argent, Ce tête-à-tête donne l'occasion à Molière de faire une peinture au vitriol de la bourgeoisie, qui malgré un sentiment d'infériorité face aux nobles, dans sa vanité est avide d'anoblissement et de reconnaissance. La bourgeoisie apparaît donc comme servile et exploitée, et complexée, recherchant à acquérir les raffinements et les manières de la noblesse. [...]
[...] Si parmi les personnages desquels se joue Dom Juan, du pauvre en passant par Pierrot, de Charlotte à Done Elvire, de M. Dimanche à Sganarelle, personne ne va jusqu'à la véritable révolte, on remarque tout de même que chacun aura eu le loisir de dire son mot à Dom Juan et de le désapprouver ouvertement. Le règne de l'aristocrate n'en a plus pour longtemps. Le Dom Juan de Molière est donc une œuvre extrêmement ambigüe et subversive : soutenue si ce n'est commanditée par le roi, la pièce associe les dévots à des « obscurantistes » conservateurs, les nobles a des passéistes dénués d'utilité sociale et enfermés dans des codes moraux dépassés, montre les pauvres, paysans, valets, dominés et asservis par des maîtres parasites. [...]
[...] Par son intelligence, sa maîtrise de la parole et des conventions sociales, son scepticisme et son cynisme, Dom Juan neutralise son adversaire. Voyons comment Molière s'y prend pour dépeindre les différentes « castes » et comment il utilise son Dom Juan pour critiquer les mœurs de son temps. I – Les paysans (Acte II) : Représenté par Pierrot, le paysan est simple, naïf, émouvant, impressionnable, assimilé à un enfant, dénué de toute culture et de tout raffinement. Il éprouve crainte et respect à l'égard du seigneur qu'est Dom Juan, et s'il trouve son attitude injuste et laisse pointer son effronterie et son sens de la justice, il se fait battre par le noble sans risquer de lui rendre ses coups. [...]
[...] On peut ainsi la reconnaître sous le voile du sceptre, dont la voix semble familière à Dom Juan. Molière nous dresse ici le tableau d'une société aux rapports sclérosés, où la femme, bien que maintenue depuis toujours dans l'asservissement, est à l'égal de l'homme dotée d'humanité, de sagesse et de grandeur d'âme, et réclame la justice. Dissimulée sous les traits du Temps et de la Mort, Done Elvire est sublimée, et incarne toutes les femmes face à l'injustice de l'homme, et aussi toute la société, exploitée par la noblesse. [...]
[...] Il nous montre d'ailleurs que les paysannes, toutes balourdes qu'elles sont, ont finalement accès à plus de liberté que la femme aristocrate, qui se voit réduite à n'être qu'une belle image représentant la lignée de ses pères. Il est intéressant de remarquer que malgré les assauts irrespectueux de Dom Juan, les troubles, souffrances et désagréments dans lesquels Done Elvire est plongée par sa faute, elle garde toute sa grandeur et sa dignité. En n'étant pas dupe des manœuvres de Dom Juan, elle est le seul personnage face à qui Dom Juan ne peut mentir, car elle voit clairement en lui. [...]
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