Sciences humaines et arts, Conférence de l'université de Rouen Marivaux, dramaturgie interne, esthétique de l'identité, Christophe Martin, Michel Delon, Sorbonne Université, Florence Magnot-Ogilvy, minoration du mal, La Dispute
Le premier intervenant dans cette conférence est Christophe Martin (Sorbonne université). La Dispute place la question de la différence sexuelle au cœur même de son dispositif. Le prince et Hermiane traitent d'une véritable quaestio (question, interrogation) qui relève de la casuistique (cas de conscience) amoureuse. Lequel de l'homme ou de la femme est le plus capable de constance ? Hermiane affirme l'existence d'un obstacle naturel (la pudeur), une moralité spécifique à son sexe. C'est un argument assez fragile puisque l'allusion au péché originel montre que la nudité (pudeur) n'est pas un problème à l'origine. Pour Marivaux, c'est un préjugé.
[...] Laissez-moi faire, il faut la renvoyer dans un autre monde une fois que je l'aurai bien mortifiée ». Adine : « Bien humiliée, bien désolée » ( Paradoxalement, la triplication rimée « Bien » vient diluer le mal qui est ici projeté dans le discours des personnages. Le mot « mal » par Eglé qui explique à Mesrin qu'il peut lui prendre la main même s'il n'est pas son homme initial : « Ah, il n'y a pas de mal, mais à propos, allez –vous en Azor » ( C'est encore Eglé qui minimise le mal qu'elle s'apprête à infliger, en expliquant ensuite au même Mesrin qu'ils peuvent tous les deux faire souffrir Adine pour la punir de son insolence. [...]
[...] Du point de vue du théâtre, Marivaux récupère une partie de la tradition de la commedia dell'arte pour montrer des identités en construction et un devenir d'identité. Similitude (mais pas solidarité consciente) qui s'esquisse entre celle qui entend s'échapper à son statut de femme et celui qui ne se reconnaît pas dans son statut de valet. Le chevalier revendique la singularité de ses sentiments et ironise (donc pas de solidarité) sur la délicatesse singulière de Trivelin ( Scène qui tourne autour de l'identité de Trivelin (qui se définit par opposition à Arlequin, totalement prisonnier de son emploi), le chevalier s'affirme par contraste avec la comtesse totalement prisonnière de son statut féminin. [...]
[...] - La violence est comme inversé, projetée à l'extérieur par ceux qui en sont les victimes objectives : les villageois sont montrés ne pouvant résister à la tentation d'user de ce pouvoir, voire d'en abuser. C'est ce qu'Arlequin anticipe face au courtisan venu lui proposer des lettres de noblesse : il refuse les ascensions sociales dans un premier temps (puisqu'il les acceptera par la suite). Ce qui convainc Arlequin = l'argument du seigneur selon lequel le mal que l'on peut faire = une défense, une protection. On peut s'en servir comme légitime défense face aux agressions. « Mettez-vous en état de faire du mal seulement afin qu'on n'ose pas vous en faire. [...]
[...] L'arrivée de ces deux extra- numéraires vient équilibrer, réparer le constat de l'inconstance en sauvant l'amour. ( Mais ce dispositif en hyperbate est une sorte de désaveugle expérience, faussée dès le départ et faussée à la fin. Les restes sont évacués de manière très visible avec l'ordre du prince pour les mettre à l'écart. III- Le mal comme prolongement gratuit de l'expérimentation Dans la FS uniquement : forme du mal = assez rare chez Marivaux (qu'on trouve dans « L'épreuve » aussi ) : = le mal comme prolongement gratuit de l'expérimentation. [...]
[...] Seul cas de figuration du mal gratuit que l'on a dans notre corpus. Dans la FS, dès l'ace scène le dispositif pourrait s'arrêter. Le travestissement a rempli sa première mission d'éclairer la JF sur le cœur d Lélio. Mais le prolongement de l'expérience est ponctué de justifications diverses pour le plaisir de la FS. II : « Continuons ce que j'ai commencé, je prends trop de plaisir à mon projet pour l'abandonner. » Les répliques finales de la justicière = saturées par le lexique du bien. [...]
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