Oeuvre classique, Henry Bergen, illusion rétrospective, légitimation socioculturelle, esthétique classique, Marcel Proust, chef d'oeuvre, Balzac, Jules Ferry
Qu'est-ce qui fait qu'une oeuvre devient classique ? L'oeuvre qui devient classique : c'est un processus temporel de classification. Il n'en fallait pas moins donner une définition minimale de l'oeuvre classique. C'est une oeuvre que l'on étudie en classe, de premier ordre, faisant autorité et digne d'être imitée et étudiée en classe. Le classique est à distinguer du chef d'oeuvre, oeuvre qui fait autorité, il faut introduire des nuances pour les distinguer.
[...] On peut alors s'appuyer sur ce que Proust lui-même excite que l'œuvre moderne doit créer son public afin de devenir classique. Il prend l'exemple de l'Olympia de Manet. Manet avait beau soutenir que son Olympia était classique le public n'y voyait que dérision, et on y trouve aujourd'hui le même plaisir que chez les classiques et dans Baudelaire le même plaisir que Racine. Multiplication dans La recherche de figures d'artistes dont la reconnaissance est retardée : Multiplication dans La recherche de figures d'artistes dont la reconnaissance est retardée : Elster(peintre), Ergote(écrivain), Vineuil (musicien), pour Proust les grands artistes sont à la fois modernes et classiques, "ces grands novateurs sont les seuls vrais classiques". [...]
[...] Il importe de faire remarquer avec H.R. Jaus, "l'œuvre littéraire n'est pas un objet existant en soi, et qui présenterait en tout temps à tout observateur la même apparence ; un monument qui révèlerait à l'observateur passif son essence intemporelle, elle est bien plutôt faite comme une partition, pour éveiller à chaque lecture une résonnance nouvelle." Cette relativité de l'œuvre classique est illustrée par le célèbre exemple donné par Jaus entre Fanny de Feydeau et Mme de Bovary de Flaubert 1857, Fanny était une œuvre littéraire qui a remporté un succès immense alors que Mme Bovary avait remporté un scandale, alors qu'aujourd'hui Mme De Bovary est devenue une œuvre classique, et Fanny tombé dans l'oubli. [...]
[...] Œuvre classique est moins une catégorie de création que de réception, déterminé par les lecteurs et les institutions. Il faut essayer de rompre avec la conception individualiste de la création littéraire qui résulte du romantisme. Chez les anciens, l'œuvre est plus inscrite dans une communauté. Il faut restituer à l'œuvre la dimension collective qui préside à la création de la valeur. la valeur littéraire n'est pas uniquement corrélée à la valeur de l'auteur, mais à des institutions et des lecteurs. [...]
[...] Dans le panthéon scolaire des auteurs comme Colette ou Sand sont débarrassés de tout ce qui pourrait faire scandale dans leurs écrits, leurs mêmes œuvres, même sort réserver à Madame de Staël, on a passé sous silence ses considérations politiques. On gomme l'homosexualité de Gide L'exemple de Proust (A. Compagnon). Comment Proust qui a longtemps été considéré comme un écrivain marginal est-il devenu un classique ? Peut-être le classique du XXe siècle, sorte de nouveau Virgile. L'œuvre de Proust a connu un assez long purgatoire, elle n'a pas accédé d'un ou à la renommée, ses livres ont choqué le premier public, on lui a reproché autant du surréalisme et de l'existentialisme, et son non-engagement. [...]
[...] Plus précisément la citation suggère que le jugement de valeur (Cf. Le démon de la théorie : la valeur littéraire), implique un mouvement rétrograde de la pensée en d'autres termes ceux qui portent un tel jugement se persuadent qu'une œuvre classique n'a pu différer depuis l'origine de ce qu'elle est hic et nunc. Œuvre éternelle capable de travers le temps ans s'altérer, sans subir les contingences hic et nunc. Œuvre éternelle capable de travers le temps ans s'altérer, sans subir les contingences historiques. [...]
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