C'est le poème d'ouverture du recueil
[...] A partir du vers 11, il évoque la rue et fait l'éloge de la vie quotidienne d'une rue industrielle par une énumération de la littérature moderne et des proses populaires : prospectus affiches journaux et romans policiers On trouve une évocation banale des bruits et des mouvements de cette ville : fréquence de passage des employés au vers 18 Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent mais aussi par d'autres termes : gémit clairon cloche rageuse y aboie L'idée de modernité est liée à l'idée de quotidienneté, il s'intéresse aux mots écrits dans la ville comme si à travers ces mots il arrivait à déchiffrer la ville. Dans ce poème c'est la publicité qui représente la poésie. La prose revient à la presse qui est ici considérée comme un produit de consommation. Il présente une ville où hommes et femmes travaillent, et qui est rythmée par la cloche, mais aussi par les horaires des travailleurs. [...]
[...] Apollinaire est le premier poète à supprimer la ponctuation. Au vers 13, on remarque la formule il y a qui débute une énumération, comme s'il s'agissait de faire un inventaire : Apollinaire saisit toutes les images qui existent autour de lui. Le lyrisme apparaît au vers 15 avec l'expression j'ai vu Apollinaire montre aux lecteurs que le monde est rempli de visions qu'il doit regarder. Enfin, au vers 23, on note une amplification du lyrisme : j'aime" Apollinaire établit une esthétique. [...]
[...] Il s'agit pour le poète de faire vivre l'aspect visuel de la rue par un très fort champ lexical de l'iconographie urbaine : prospectus catalogues affiches inscriptions enseignes murailles plaques avis ; par une personnification : les affiches qui chantent tout haut et une comparaison amusante à la façon des perroquets ce qui signifie que les murs garnis d'affiches répètent sans fin les mêmes mots, l'abondance étant marquée par le chiffre mille au vers 14. Les images évoquées sont aussi des mouvements et des bruits. L'animation de la rue est associée aux êtres humains qui la fréquentent (vers mais le poète, dès le second vers, imagine la ville comme un troupeau de moutons : les ponts, image de la multitude, gardés par une Bergère: la tour Eiffel, image verticale d'une déesse de la modernité. Les bruits rendent vivant le décor urbain grâce à des verbes comme : bêler, criailler, chanter, gémir, aboyer. [...]
[...] On remarque l'absence de rimes, Apollinaire se contente simplement d'assonances ou de rimes pauvres. Le vocabulaire est remarquable par de nombreuses expressions familières et banales : il y a prospectus Ce vocabulaire est introduit dans la poésie, pour faire l'éloge du quotidien et de la vie moderne. Pour amener les lecteurs à définir avec lui une nouvelle poésie, il fonde une fausse opposition au vers 12 : Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux La suite du poème développe un éloge de ces journaux populaires qui font naître l'imagination à partir des portraits des grands hommes et mille titres divers On voit bien qu'Apollinaire souhaite montrer qu'il n'existe aucune différence entre les catégories du banal et du poétique, que seul le regard sur le monde (ce monde moderne qui nous entoure) fonde la poésie. [...]
[...] Conclusion : Guillaume Apollinaire a choisi ce titre " Zone pour nous indiquer que la poésie doit élargir son périmètre. Ce poème se déroule sur 24 heures à Paris. Le poème est construit sur la forme assez traditionnelle d'une errance, en ville, d'une fin de journée à un matin. Il fait preuve d'une grande richesse d'image de la ville moderne. L'espace décrit, entre la remémoration d'une rue industrielle traversée le matin, et l'approche au lendemain de la demeure d'Auteuil, tandis que les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues Ce poème de confession héroïque a ainsi tous les caractères de l'ancien : sa construction étagée, ses distiques assonancés, ses alexandrins réguliers à la fin tu es las / de ce monde ancien ou prolongé bergère ô tour Eiffel / le troupeau des ponts bêle / ce matin C'est le seul poème en prose du recueil, il affiche la nouvelle composition de la poésie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture