Zola confirme ici qu'il est bien le chef de file du naturalisme. En effet, afin de rapporter ce Grand Prix de Paris du 8 juin 1879, il utilise :
- le vocabulaire des courses
. c'est d'abord l'évocation du jockey, personnage de petite taille par excellence : "Ce vieil enfant desséché" (ligne 2).
. puis l'équipement nécessaire lors d'une course hippique, puisque le jockey est "debout sur les étriers", "la cravache haute" (ligne 1) et "jet[te] Nana au poteau, battant Spirit d'une longueur de tête" (lignes 7-8).
. et enfin, le savoir-faire professionnel du jockey sollicitant sa monture, rapporté par la gradation du vers 4 (...)
[...] Puis, ce spectacle se charge de valeurs symboliques, notamment par le jeu des images épiques. Une narration rythmée Le texte est ponctué par le nom de Nana et l'élan de chauvinisme qui en découle. Ainsi, Nana, la France et l'Angleterre sont associées dans le second paragraphe (Vive Nana ! vive la France ! à bas l'Angleterre lignes 12-13), tandis que l'acclamation par la foule du nom de Nana l'encadre, selon une structure en chiasme : Ce fut comme la clameur montante d'une marée. Nana ! Nana ! Nana ! [...]
[...] Le verbe, au demeurant neutre, prend un sens grandiose avec le qualificatif superbe. La brièveté de la phrase et l'indétermination de chose laissent entendre les détails de cette vision, tandis que le pronom indéfini On renvoie à tous les participants : les spectateurs, le narrateur et le juge très froid, l'œil à la mire (ligne 6). Le couple du jockey et de son cheval aux yeux sanglants (ligne est sous le regard attentif de la foule. - Puis, à la profusion des éléments visuels, s'ajoutent les notations auditives. [...]
[...] D'emblée, la pouliche est trempée d'écume (ligne 4). Puis, l'image va aller crescendo de la vague au cataclysme : Le cri roulait, grandissait, avec une violence de tempête, emplissant peu à peu l'horizon (lignes 9-10). Cela permet d'élargir la scène aux dimensions de l'horizon, où se rejoignent les profondeurs du Bois (ligne 11) et les allées lointaines (ligne 19). Ainsi, la pluie d'or (ligne 22) qui inonde la foule fait le lien avec la métaphore suivante de la lumière . [...]
[...] Conclusion L'extrême richesse de cet extrait tient à l'enchevêtrement de notations réalistes et symboliques, prouvant que le naturalisme peut aussi être épique. On ne peut que voir en la défaite de Spirit Esprit en anglais) l'allégorie de la perte de la raison par les hommes. Du reste, Gustave Flaubert avait bien saisi la portée du roman lorsqu'il écrivait : Nana tourne au mythe sans cesser d'être une femme. [...]
[...] Le cri montait dans la gloire du soleil (lignes 21-22). À l'intérieur de cette structure, s'élabore une série de mouvements effrénés, suivant une chronologie très rapide. À un passé simple (vit, ligne succèdent des imparfaits qui donnent l'impression d'un mouvement continu (fouillait, ligne 2 ; jetait, ligne 3 ; donnait, ligne 4 Le procédé se répète dans le second paragraphe, où les imparfaits permettent de transcrire des actions simultanées (roulait, grandissait, ligne 10 ; brandissaient, ligne 13 ; sautaient, tournaient, ligne 14 La course est narrée rapidement sur un rythme ternaire : Tout le train passa avec son roulement de foudre, coupant les respirations, balayant l'air (lignes 5-6). [...]
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