Résumé
C'est à Paris, dans un espace clos et inquiétant, « le passage du Pont Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre », que viennent s'installer Madame Raquin, son fils Camille, enfant malingre et maladif, et Thérèse, sa nièce, une enfant qu'elle a recueillie très jeune des mains de son frère. Là vont grandir les deux enfants, dans la boutique de mercerie de la vieille Madame Raquin, parmi d'autres boutiques grises et froides. Thérèse jouit d'une santé de fer, et vit cloîtrée avec Camille, fragile, et souvent malade. Leur mariage a été prévu de longue date par la vieille dame. L'existence s'écoule, morne et plate, pour Camille, petit employé des chemins de fer, pour la tante et sa nièce, vendeuses d'articles de mercerie. Ils se réunissent le jeudi avec quelques amis, Michaud, un commissaire de police retraité et son fils, Olivier, et Grivet, autre employé des chemins de fer. Le mariage avec Camille n'apporte qu'indifférence et dégoût à Thérèse, qui étouffe et s'ennuie au fond de ce trou. [...]
Introduction
Avec Zola, les romanciers naturalistes se réclament de la science et veulent se livrer à l'enquête, l'observation et l'expérimentation sur tous les sujets et dans tous les milieux, sans tabous. Matérialistes, (le matérialisme est l'affirmation de la primauté de la matière sur l'esprit, la matière étant à l'origine de la vie, et la vie à l'origine de la pensée), ils rejettent toute métaphysique (la métaphysique est la partie de la philosophie qui étudie l'origine de l'homme, sa nature et sa destinée).
Malgré cette position, étayée par les savants et les biologistes du XIXe siècle, Zola laisse apercevoir, à travers tous ses romans et en particulier Thérèse Raquin, une série de scènes obsédantes, d'images de violence sexuelle, de crime et de mort, comme si l'Homme était marqué par le péché originel, et comme si le désir sexuel ne pouvait déboucher que sur la violence et la mort.
I/ Le décor, un monde peuplé de forces obscures
Le naturalisme pour Zola est d'abord la représentation des lieux et des milieux. L'action s'inscrit dans un cadre bien précis, un espace clos et inquiétant : « Le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre » est peuplé de « boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveaux ». (...)
[...] Le résultat sera catastrophique : une tête verdâtre de noyé ! Mais durant les poses, l'invité a remarqué l'intérêt de Thérèse pour sa personne, et a décidé d'en faire sa maîtresse. Lors d'une occasion favorable, leur union est brutale, bestiale et silencieuse. Au contact de Laurent, les sens endormis de Thérèse se réveillent, et son tempérament nerveux se déchaine et l'emporte. Pendant huit jours, les amants vont s'aimer régulièrement dans la chambre des mariés, sous le regard fixe et inquiétant du chat, François, qui contemple leurs ébats passionnés. [...]
[...] II/ La peinture de la passion, force souterraine Certes le naturalisme est également pour Zola un défi lancé contre les conventions esthétiques et morales. La passion amoureuse doit être dépeinte sans aucun tabou, de façon objective et réaliste, avec la volonté de tout dire. Mais l'auteur ne peut échapper cependant à une vision dramatique et moralisante de la sexualité. La passion est une force de la nature qui se réveille après avoir été longtemps comprimée par le milieu et les circonstances. L'amour physique en particulier symbolise la puissance de l'instinct et l'apparition de forces souterraines. [...]
[...] Laurent est le type même de l'homme viril, sanguin, puissant. Et Thérèse, transfigurée par la passion, entraine son amant dans un monde dangereux, fait de crises et de sensualité exacerbée. Ce dernier pris de vertige va jusqu'au crime, qui entraine à son tour tous les malheurs. En effet, Thérèse, Camille et Laurent ne peuvent continuer à vivre dans une situation fausse et ambiguë. L'idée du meurtre de Camille ne tarde pas à germer dans le cerveau de Thérèse, et Laurent passe à l'acte. [...]
[...] Lorsqu'ils s'aperçoivent de leurs préparatifs, ils décident de se suicider en absorbant chacun la moitié du verre d'eau empoisonnée. Et Madame Raquin assiste à ce tragique spectacle avec délectation. Contexte : 1867 : Thérèse Raquin roman écrit un an avant la conception de la vaste fresque des 20 romans qui constituent Les Rougon Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire Dans ce roman, Zola s'appuie sur la théorie des tempéraments. Il montre deux personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre (c'est-à-dire de liberté) Tempérament = ensemble des dispositions physiques innées d'un individu et qui déterminent son caractère Plan La vision du monde de Zola dans Thérèse Raquin Le décor, un monde de forces obscures Ii/ La peinture de la passion, force souterraine III/ L'apparition des forces obscures Introduction Avec Zola, les romanciers naturalistes se réclament de la science et veulent se livrer à l'enquête, l'observation et l'expérimentation sur tous les sujets et dans tous les milieux, sans tabous. [...]
[...] : la première relation charnelle entre Laurent et Thérèse (chapitre le meurtre de Camille (chapitre 11) l'échec de la nuit de noces de Thérèse et Laurent (chapitre 21) le double suicide final (chapitre 32) Tous les événements essentiels appartiennent à ce jeu de l'amour et de la mort. Le désir sexuel engendre la mort et la destruction. D'ailleurs, après le meurtre de Camille, les époux semblent connaître un certain apaisement, come s'il y avait fusion entre la satisfaction du meurtre et la satisfaction sexuelle : Ils étaient parvenus à contenter, en tuant Camille, ces désirs fougueux et insatiables qu'ils n'avaient pu assouvir. Le crime leur semblait une jouissance aiguë qui les écœurait et les dégoûtait de leurs embrassements. Au dénouement, le double suicide les unit pour l'éternité. [...]
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