Problématique de lecture : au chapitre 5 de son roman Thérèse Raquin (1867), Zola introduit un nouveau personnage dans l'histoire : à côté du couple formé par Thérèse et le malingre Camille, mariés par la volonté de la mère de ce dernier, la veuve Mme Raquin, le romancier fait entrer chez les Raquin un camarade d'enfance et désormais collègue de travail parisien de Camille prénommé Laurent. Pourquoi Zola introduit-il un nouveau personnage dans le milieu étouffant et monotone des Raquin ? Quelle fonction l'auteur assigne-t-il à cette scène de rencontre entre Laurent et Thérèse ? (...)
[...] Mère, demanda-t-il à Mme Raquin en le lui montrant, reconnais-tu ce monsieur-là ? La vieille mercière regarda le grand gaillard, chercha dans ses souvenirs et ne trouva rien. Thérèse suivait cette scène d'un air placide. Comment ! reprit Camille, tu ne reconnais pas Laurent, le petit Laurent, le fils du père Laurent qui a de si beaux champs de blé du côté de Jeufosse1 ? Tu ne te rappelles pas ? J'allais à l'école avec lui ; il venait me chercher le matin, en sortant de chez son oncle qui était notre voisin, et tu lui donnais des tartines de confiture. [...]
[...] Elle souffrait Jeufosse : commune située aux confins de l'Eure et des Yvelines 2. ses livraisons à dix centimes : les ouvrages d'une grande ampleur étaient divisés en petits fascicules commercialisés à bas prix COMMENTAIRE Problématique de lecture : au chapitre 5 de son roman Thérèse Raquin (1867), Zola introduit un nouveau personnage dans l'histoire : à côté du couple formé par Thérèse et le malingre Camille, mariés par la volonté de la mère de ce dernier, la veuve Mme Raquin, le romancier fait entrer chez les Raquin un camarade d'enfance et désormais collègue de travail parisien de Camille prénommé Laurent. [...]
[...] sa bonne santé : mais lui, il se porte bien (l.29) : Camille oppose ainsi le bon état physique de Laurent à sa santé maladive (cf. ch.1 p.19 l.132 : enfant malade et gâté ; ch.2 p.21 l.30 : malingre ; p.21 l.33 : pauvre petite figure pâlie o à travers la description physique méliorative de Laurent que fait l'auteur en focalisation externe et qui insiste sur : la taille et la force de Laurent : un grand gaillard le grand gaillard expressions soulignées par l'allitération initiale en Au contraire, Zola a présenté Camille comme petit (ch p.21, l.30). [...]
[...] L'excitation du locuteur est rendue sensible par l'effet de cadence majeure dans la première partie de cette phrase : J'allais à l'école avec lui syllabes), il venait me chercher le matin en sortant de chez son oncle qui était notre voisin ; la fin de cette phrase, plus brève que le groupe précédent, s'apparente à une chute qui prête à sourire par l'extrême banalité du souvenir, laquelle jure avec le ton emphatique sur lequel elle est prononcée et avec l'effet de cadence majeure précédent. o Zola attribue à Camille la même excitation puérile quand il remémore les circonstances de ses retrouvailles avec Laurent : Figurez-vous, dit Camille, que ce farceur-là est employé à la gare du chemin de fer d'Orléans depuis dixhuit mois, et que nous ne sommes rencontrés et reconnus que ce soir. [...]
[...] Une vision érotisée de la passion Zola ne donne pas ici une vision précieuse ou compassée de la passion amoureuse, mais au contraire la dépeint, de manière plus crue et réaliste, avec érotisme et sensualité. Il présente en effet une Thérèse qui effleure Laurent du regard : On sentait sous ses vêtements des muscles ronds et développés, tout un corps d'une chair épaisse et ferme. (l.47-49). Avec l'accumulation des adjectifs ronds développés épaisse et ferme le romancier appuie sur les sensations visuelles et même tactiles et le regard de Thérèse apparaît ainsi comme caressant. [...]
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