a- Un parallèle avec la description naturaliste
D'emblée, l'extrait se focalise sur un sujet de tableau pris sur le vif, de plein air ("Il voulut le plein soleil, ce soleil de Paris", lignes 1-2), souhaitant peindre la réalité. Cet instant est alors souligné par :
- des précisions topographiques de la capitale : "la place du Carrousel" (ligne 5),
"Les Tuileries" (ligne 13)
- des précisions temporelles : "à une heure, lorsque l'astre tape d'aplomb" (lignes 5-
6)
- des détails réalistes d'une scène familière quotidienne ("Un fiacre cahotait...
vague dans la vibration de la chaleur", lignes 6-7) avec des personnages de tous les jours ("un cochet", ligne 6 ; "des passants", ligne 7 ; "une jeune femme", ligne 8).
b- Une transfiguration de la réalité
La description du tableau est amorcée par "Il voulut le plein soleil, ce soleil de Paris" (lignes 1-2) et s'achève par "ce tableau terrible" (ligne 10). Cette ambiguïté entre le tableau et le sujet traité dans la description rend difficile la séparation des deux éléments, ne faisant que rappeler le souhait du peintre donné en ouverture de l'extrait : "une oeuvre de révolte". Ainsi, la fusion du sujet traité et de la peinture mêle :
- (...)
[...] Peu à peu, bouillonnant de projets, il y retrouve toute sa fièvre créatrice. Deux années de suite, il présente un tableau au Salon, à chaque fois refusé par le jury. Cet extrait du chapitre VIII rend compte du peintre qui, la troisième année, obsédé par ses échecs, prépare une nouvelle œuvre, un Paris éblouissant de soleil et rythmé par la promenade des personnages. Mais elle est refusée comme les précédentes. Une nouvelle œuvre réaliste Le sujet que Claude choisit de peindre pour cette troisième tentative au Salon est un coin de la place du Carrousel (ligne c'est-à-dire un lieu bien ancré dans la réalité de l'époque. [...]
[...] Ce sont bien les techniques impressionnistes qui apparaissent alors. La réalité du début de l'extrait est transformée par les impressions propres au peintre, donnant une peinture très personnelle. II- Une rupture avec l'académisme La description du nouveau tableau de Claude rappelle ici par de nombreux aspects la forte critique qui a salué l'émergence de l'impressionnisme, mouvement pictural né dans la seconde moitié du XIXème siècle et marquant la rupture de l'art moderne avec l'académisme. Un sujet excessif et un peintre provocateur - Un sujet excessif C'est d'abord le choix par Claude d'un moment où règne une chaleur inhabituelle, excessive (Il voulut le plein soleil, ce soleil de Paris, qui, certains jours, chauffe à blanc le pavé, lignes 1-2). [...]
[...] Le sujet qu'il traita, fut un coin de la place du Carrousel, à une heure, lorsque l'astre tape d'aplomb. Un fiacre cahotait, au cochet somnolent, au cheval en eau, la tête basse, vague dans la vibration de la chaleur ; des passants semblaient ivres, pendant que, seule, une jeune femme, rose et gaillarde sous son ombrelle, marchait à l'aise d'un pas de reine, comme dans l'élément de flamme où elle devait vivre. Mais ce 10 qui, surtout, rendait ce tableau terrible, c'était l'étude nouvelle de la lumière, cette décomposition, d'une observation très exacte, et qui contrecarrait toutes les habitudes de l'œil, en accentuant des bleus, des jaunes, des rouges, où personne n'était accoutumé d'en voir. [...]
[...] Une œuvre prémonitoire Le tableau de Claude est annonciateur de la suite du roman : - laissant présager la rupture dans le groupe d'amis (tout en s'exclamant encore, restèrent gênés, ligne 15 ; comprit très bien la rupture qui s'opérait, ligne 17). L'admiration est toujours présente chez les compagnons de Claude, mais elle ne fait plus abstraction du monde extérieur et de la critique du public. - indiquant également la souffrance à venir et la mort de Claude, de manière symbolique (les pavés saignaient, ligne 13 ; j'en crèverai ligne 19). Conclusion À plus d'un titre, cet extrait révèle la puissance de l'écriture zolienne et le fil conducteur ayant mené à l'écriture des Rougon-Macquart. [...]
[...] Ainsi, le tableau apparaît comme une transfiguration de la réalité basée avant tout sur une fusion de la peinture de Claude et de l'écriture zolienne, dans les images notamment. Un tableau impressionniste La deuxième partie de l'extrait (à partir de la ligne ancrant le tableau dans la réalité parisienne (Les Tuileries), se dégage peu à peu de cette transfiguration par : - un cadre qui devient plus important (Les Tuileries et les pavés, ligne occultant les détails précis qui créaient la scène familière du début. [...]
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