- Un tempérament fougueux
Le début de cet extrait affirme la révolte des deux artistes, finalisant la volonté novatrice de Claude exprimée peu auparavant dans le chapitre ("Maintenant, il faut autre chose...") : "Dès qu'ils étaient ensemble, le peintre et l'écrivain en arrivaient d'ordinaire à cette exaltation" (ligne 1). Tous deux montrent alors la même volonté de notoriété artistique et de reconnaissance de leur génie : "Ils se fouettaient mutuellement, ils s'affolaient de gloire" (ligne 2).
Ainsi, ils semblent avoir un tempérament fougueux et une grande ardeur au travail, caractéristiques mises en valeur par le champ lexical de la vigueur : "exaltation" (ligne 2), "se fouettaient mutuellement" (ligne 2) et l'insistance sur leur volonté de réussite grâce à l'hyperbole suggérée par la répétition de l'adjectif qualificatif "telle" ("une telle envolée de jeunesse, une telle passion du travail", ligne 3).
- Une aspiration à la reconnaissance
Les deux amis cherchent l'accomplissement dans la production d'une grande oeuvre :
. explicitement avec l'esquisse du portrait moral de Claude, qui le montre désireux de produire une oeuvre qui lui apportera la gloire ("Va, il y en a assez pour faire un chef-d'oeuvre", lignes 21-22)
. de manière plus implicite pour Sandoz, puisque son activité d'écrivain lui semble si importante qu'il ne peut s'empêcher "d'introduire de la littérature dans la peinture" (ligne 18) (...)
[...] Un éloignement des canons néo-classiques En manifestant l'exaltation de la révolte comme nourricière de l'ardeur des artistes, cet extrait permet au lecteur de comprendre qu'un même esprit rebelle anime les deux artistes et constitue le principe même de leur activité. Leur révolte apparaît dès lors comme un principe fondateur et existentiel : il y avait là une telle envolée de jeunesse, une telle passion du travail, qu'eux-mêmes souriaient ensuite de ces grands rêves d'orgueil, ragaillardis, comme entretenus en souplesse et en force (lignes 2 à 4). [...]
[...] L'évocation de souvenirs d'enfance égaient les deux amis, mais Claude est obnubilé par la réussite de sa peinture. Véritable manifeste de l'impressionnisme, esthétique picturale nouvelle s'éloignant des canons académiques, ce passage rend compte d'un peintre certes admirateur de Delacroix et Courbet, mais qui voudrait faire autre chose sans pour autant savoir quoi. Il s'obstine à peindre rageusement sa toile et ne peut abandonner sa tâche. Une révolte artistique qui semble illusoire Un même caractère, une même passion - Un tempérament fougueux Le début de cet extrait affirme la révolte des deux artistes, finalisant la volonté novatrice de Claude exprimée peu auparavant dans le chapitre Maintenant, il faut autre chose : Dès qu'ils étaient ensemble, le peintre et l'écrivain en arrivaient d'ordinaire à cette exaltation (ligne 1). [...]
[...] J'ai ce sacré Delacroix dans l'œil. Et ça tiens ! cette main-là, c'est du Courbet Ah ! nous y trempons tous, dans la sauce romantique. Notre jeunesse y a trop barboté, nous en sommes barbouillés jusqu'au menton. Il nous faudra une fameuse lessive. [...]
[...] Dès lors, le titre du tableau apparaît comme manifeste de cette esthétique nouvelle (Plein air, lignes 16 et 19). En s'opposant aux scènes d'atelier, il souligne la nouveauté du sujet. C'est ce que Claude disait clairement quelques lignes avant cet extrait : Mais ce que je sens, c'est que le grand décor romantique de Delacroix craque et s'effondre ; et c'est encore que la peinture noire de Courbet empoisonne déjà le renfermé, le moisi de l'atelier où le soleil n'entre jamais Comprends-tu, il faut peut-être le soleil, il faut le plein air Ce refus des symboles et de la nécessité d'attribuer un sens à un titre témoigne de la volonté de montrer des scènes simples, naturelles, justifiant l'exclamation de Claude : Ça n'a besoin de rien dire (ligne 20). [...]
[...] - Plein air, répondit Claude d'une voix brève. Mais ce titre parut bien technique à l'écrivain, qui, malgré lui, était parfois tenté d'introduire de la littérature dans la peinture. - Plein air, ça ne dit rien - Ça n'a besoin de rien dire Des femmes et un homme se reposent dans une forêt, au soleil. Est-ce que ça ne suffit pas ? Va, il y en a assez pour faire un chef- d'œuvre. Il renversa la tête, il ajouta entre ses dents : - Nom d'un chien, c'est encore noir ! [...]
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