C'est la première des caractéristiques abordées de ce lieu, ainsi que le suggèrent :
- l'utilisation répétée d'"allumettes" (lignes 1 et 6) qui s'éteignent facilement, raison pour laquelle le saboteur n'en enflamme une que rarement.
- la nécessité de "tât[er] de la main" (ligne 1) pour se guider, puisqu'il fait "nuit" (ligne 7).
- le pléonasme "une profondeur sans fond de ténèbres" (ligne 7), qui insiste sur le fait que nulle lumière n'y parvient.
- (...)
[...] Il la tuerait à la fin, cette bête mauvaise du Voreux, à la gueule toujours ouverte, qui avait englouti tant de chair humaine ! On entendait la morsure de ses outils, son échine s'allongeait, il 15 rampait, descendait, remontait, se tenant encore par miracle, dans un branle continu, un vol d'oiseau nocturne au travers des charpentes d'un clocher. Mais il se calma, mécontent de lui. Est-ce qu'on ne pouvait faire les choses froidement ? Sans hâte, il souffla, il rentra dans le goyot des échelles, dont il boucha le trou, en remplaçant le panneau qu'il avait scié. [...]
[...] Il avait cherché la clef, la pièce qui tenait les autres ; il s'acharnait contre elle, la trouait, la sciait, l'amincissait, pour qu'elle perdît de 5 sa résistance ; tandis que, par les trous et les fentes, l'eau qui s'échappait en jets minces l'aveuglait et le trempait d'une pluie glacée. Deux allumettes s'éteignirent. Toutes se mouillaient, c'était la nuit, une profondeur sans fond de ténèbres. Dès ce moment, une rage l'emporta. Les haleines de l'invisible le grisaient, l'horreur noire de ce trou battu d'une averse le jetait à une fureur de destruction. Il s'acharna au 10 hasard contre le cuvelage, tapant où il pouvait, à coups de vilebrequin, à coups de scie, pris du besoin de l'éventrer tout de suite sur sa tête. [...]
[...] La référence renvoie à éventrer (ligne 11) et aux nombreuses animalisations de la mine déjà citées. - enfin, le champ lexical de la blessure est omniprésent : éventrer (ligne couteau dans la peau (ligne tuerait (ligne morsure (ligne 14). Blessant la mine, ses efforts ne sont pas sans engager durement son corps malgré sa détermination, ainsi que le montre l'énumération : son échine s'allongeait, il rampait, descendait, remontait (lignes l4-15). Il est ensuite comparé, à travers la métaphore du vol, à un oiseau nocturne (ligne 16) évoluant dans les charpentes d'un clocher (ligne 16). [...]
[...] Le souhait de tuer cette bête brutalement et rapidement est souligné par l'expression tout de suite (ligne ce qui prouve encore une fois son excitation et son énervement causés aussi bien par l'envie de tout détruire que par le fait de devenir un criminel. Le retour au calme Mais, il réussit à reprendre son calme à la fin du sabotage. En effet, dès le début du troisième paragraphe, le narrateur met en opposition cet énervement avec le retour au calme grâce à la conjonction marquant l'opposition Mais (ligne 17). [...]
[...] De même, cette transition se lit de manière très nette et explicite avec le passé simple il se calma (ligne 17). À partir de là, l'apaisement apparaît avec des gestes calmes et minutieux, comme en témoigne l'expression Sans hâte, il souffla (ligne Souvarine allant même jusqu'à ranger son matériel (Il prit le temps de rouler méthodiquement les outils dans sa veste, lignes 22-23) et ce qu'il a déplacé lorsqu'il est entré (il rentra dans le goyot des échelles, ligne 18 ; en remplaçant le panneau qu'il avait scié, ligne prenant tout son temps (il remonta les échelles avec lenteur, ligne 23) afin de redevenir la personne calme et posée qu'il était auparavant. [...]
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