Zola, "Germinal" : "Voulez-vous la continuation de la grève ?" (commentaire composé)
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Commentaire composé d'un extrait du septième chapitre de la partie IV de Germinal d'Emile Zola. Le passage analysé concerne le vote pour la poursuite de la grève.
Sommaire
I) La présentation réaliste de ce moment de lutte
A. Une mise en scène réaliste B. La reprise des analyses syndicales et politiques de l'époque
II) La transfiguration de l'Histoire dans le roman
A. La métamorphose d'Etienne en héros B. La métamorphose d'une lutte particulière en une lutte symbolique
Conclusion
Texte analysé
« Voulez-vous la continuation de la grève ? »
Et brusquement, il conclut, sans hausser le ton. - C'est dans ces circonstances, camarades, que vous devez prendre une décision ce soir. Voulez-vous la continuation de la grève ? et, en ce cas, que comptez-vous faire pour triompher de la Compagnie ? Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu'on ne voyait pas, se taisait dans la nuit, sous cette parole qui lui étouffait le coeur ; et l'on n'entendait que son souffle désespéré, au travers des arbres. Mais Etienne déjà, continuait d'une voix changée. Ce n'était plus le secrétaire de l'association qui parlait, c'était le chef de la bande, l'apôtre apportant la vérité. Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leur parole ? Quoi ! depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Toujours se soumettre devant la faim jusqu'au moment ou la faim, de nouveau, jetait les plus calmes à la révolte, n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pourrait durer davantage ? Et il montrait les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger, dés que les nécessités de la concurrence abaissaient le prix de revient. Non ! le tarif de boisage n'était pas acceptable, il n'y avait là qu'une économie déguisée, on voulait voler a chaque homme une heure de son travail par jour. C'était trop cette fois, le temps venait où les misérables, poussés à bout, feraient justice. Il resta les bras en l'air. La foule, à ce mot de justice, secouée d'un long frisson, éclata en applaudissements, qui roulaient avec un bruit de feuilles sèches. Des voix criaient : - « Justice !... Il est temps, justice ! » Peu à peu, Etienne s'échauffait. Il n'avait pas l'abondance facile et coulante de Rasseneur. Les mots lui manquaient. Souvent, il devait torturer sa phrase, il en sortait par un effort qu'il appuyait d'un coup d'épaule. Seulement, à ces heurts continuels, il rencontrait des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire ; tandis que ses gestes d'ouvrier au chantier, ses coudes rentrés, puis détendus et lançant les poings en avant, sa mâchoire brusquement avancée, comme pour mordre, avaient eux aussi une action extraordinaire sur les camarades. Tous le disaient, il n'était pas grand, mais il se faisait écouter. - « Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage, reprit-il d'une voix plus vibrante. La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan... Entendez-vous! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère !»
Emile Zola, Germinal, Partie IV, Chapitre 7, 1885.
I) La présentation réaliste de ce moment de lutte
A. Une mise en scène réaliste B. La reprise des analyses syndicales et politiques de l'époque
II) La transfiguration de l'Histoire dans le roman
A. La métamorphose d'Etienne en héros B. La métamorphose d'une lutte particulière en une lutte symbolique
Conclusion
Texte analysé
« Voulez-vous la continuation de la grève ? »
Et brusquement, il conclut, sans hausser le ton. - C'est dans ces circonstances, camarades, que vous devez prendre une décision ce soir. Voulez-vous la continuation de la grève ? et, en ce cas, que comptez-vous faire pour triompher de la Compagnie ? Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu'on ne voyait pas, se taisait dans la nuit, sous cette parole qui lui étouffait le coeur ; et l'on n'entendait que son souffle désespéré, au travers des arbres. Mais Etienne déjà, continuait d'une voix changée. Ce n'était plus le secrétaire de l'association qui parlait, c'était le chef de la bande, l'apôtre apportant la vérité. Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leur parole ? Quoi ! depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Toujours se soumettre devant la faim jusqu'au moment ou la faim, de nouveau, jetait les plus calmes à la révolte, n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pourrait durer davantage ? Et il montrait les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger, dés que les nécessités de la concurrence abaissaient le prix de revient. Non ! le tarif de boisage n'était pas acceptable, il n'y avait là qu'une économie déguisée, on voulait voler a chaque homme une heure de son travail par jour. C'était trop cette fois, le temps venait où les misérables, poussés à bout, feraient justice. Il resta les bras en l'air. La foule, à ce mot de justice, secouée d'un long frisson, éclata en applaudissements, qui roulaient avec un bruit de feuilles sèches. Des voix criaient : - « Justice !... Il est temps, justice ! » Peu à peu, Etienne s'échauffait. Il n'avait pas l'abondance facile et coulante de Rasseneur. Les mots lui manquaient. Souvent, il devait torturer sa phrase, il en sortait par un effort qu'il appuyait d'un coup d'épaule. Seulement, à ces heurts continuels, il rencontrait des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire ; tandis que ses gestes d'ouvrier au chantier, ses coudes rentrés, puis détendus et lançant les poings en avant, sa mâchoire brusquement avancée, comme pour mordre, avaient eux aussi une action extraordinaire sur les camarades. Tous le disaient, il n'était pas grand, mais il se faisait écouter. - « Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage, reprit-il d'une voix plus vibrante. La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan... Entendez-vous! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère !»
Emile Zola, Germinal, Partie IV, Chapitre 7, 1885.
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Extraits
[...] Celui-ci fait tout d'abord une analyse économique de la situation ainsi que le montre le vocabulaire économique cette tyrannie du capital ligne 14, les désastres des crises ligne 18, la concurrence abaissaient le prix de revient ligne 19, et qu'une économie déguisée ligne 20. Etienne dénonce les méfaits du capitalisme. De plus, celui-ci fait des revendications salariales concrètes sur les tarifs de boisage comme le montre le terme Non! le tarif de boisage n'était pas acceptable lignes 19-20. Enfin, celui-ci fait également des revendications de naturalisations ainsi que le montrent les expressions mine doit être au mineur ligne 38, mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère!», lignes 39-40. [...]
[...] depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Toujours se soumettre devant la faim jusqu'au moment ou la faim, de nouveau, jetait les plus calmes à la révolte, n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pourrait durer davantage ? Et il montrait les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger, dés que les nécessités de la concurrence abaissaient le prix de revient. [...]
[...] En effet, il décrit à la fois ce qui ce voit, c'est-à-dire le cadre nocturne, comme le montre la phrase Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu'on ne voyait pas, se taisait dans la nuit lignes mais également ce qui s'entend, c'est-à-dire le silence. La tension de l'atmosphère est mise en évidence par les manifestations physiques de malaise de la ligne 6 cette parole qui lui étouffait le cœur et par le terme moral de la ligne 7 son souffle désespéré Une présentation précise de l'orateur est également faite. [...]
[...] Voulez-vous la continuation de la grève ? et, en ce cas, que comptez-vous faire pour triompher de la Compagnie ? Un silence profond tomba du ciel étoilé. La foule, qu'on ne voyait pas, se taisait dans la nuit, sous cette parole qui lui étouffait le cœur ; et l'on n'entendait que son souffle désespéré, au travers des arbres. Mais Etienne déjà, continuait d'une voix changée. Ce n'était plus le secrétaire de l'association qui parlait, c'était le chef de la bande, l'apôtre apportant la vérité. [...]
[...] Les formules au présent de vérité générale : Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage ligne 37, et mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan . lignes 38-39, montre qu'il s'agit bien à présent d'une lutte symbolique. Cet extrait de Germinal est une page romanesque qui se nourrit de l'Histoire et de ses luttes ouvrières. Ce roman se fait l'écho de ces luttes mais les transfigure à travers des héros qui incarnent l'Histoire afin de mieux les populariser. [...]