Alors que le groupe des grévistes arrive, Zola focalise d'abord le récit sur l'arrivée des femmes, suggérant par là leur rôle incitateur de la poursuite de la grève, influençant leurs maris, mais aussi la retenue des forces de l'ordre qui hésiteront davantage à ouvrir le feu.
D'emblée, l'attention est attirée sur leur arrivée brutale ("Les femmes avaient paru", ligne 1) dominée par une impression de nombre, suggérée par la répétition du terme "femmes" (lignes 1 et 2) et l'adjectif numéral ("près d'un millier", ligne 1) (...)
[...] Elles sont tout aussi violentes et plus particulièrement bruyantes (hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre, lignes 6-7). Les hommes Même s'ils sont cités en suivant, l'arrivée des hommes semble bien plus impressionnante que celle des femmes : - par la multitude. Alors qu'elles semblent nombreuses, c'est pire avec les hommes puisqu'il y en a deux fois plus (deux mille furieux, ligne 7). - par la cinétique. Les femmes étaient marquées par la brutalité de leur apparition. Pour les hommes, il s'y ajoute une notion de vitesse que marque le verbe déboulèrent (ligne donnant l'impression d'une déferlante. [...]
[...] Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l'agitaient, ainsi qu'un drapeau de deuil et de vengeance. D'autres, plus 5 jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons ; tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des raccommodeurs, une masse compacte qui roulait d'un seul bloc, serrée, confondue, au point qu'on ne distinguait ni les culottes déteintes ni les tricots de laine 10 en loques, effacés dans la même uniformité terreuse. [...]
[...] Négrel dit entre ses dents : - Le diable m'emporte si j'en reconnais un seul ! D'où sortent-ils donc, ces bandits-là ? 20 Et, en effet, la colère, la faim, ces deux mois de souffrance et cette débandade enragée au travers des fosses, avaient allongé en mâchoires de bêtes fauves les faces placides des houilleurs de Montsou. À ce moment, le soleil se couchait les derniers rayons, d'un pourpre sombre, ensanglantaient la plaine. Alors, la route sembla charrier du sang, les femmes, les hommes continuaient à galoper, saignants comme des 25 bouchers en pleine tuerie. [...]
[...] [ ] Émile Zola, Germinal, Cinquième partie, chapitre 5 (extrait) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Lorsque paraît pour la première fois en 1885 Germinal, Émile Zola a déjà fait paraître douze des volumes de la grande fresque romanesque des Rougon- Macquart. Après la grande entreprise réaliste qu'est La Condition humaine de Balzac (désignant une œuvre comme un modèle fictif grâce auquel le romancier pénètre les mécanismes et les dévoile), Zola se propose de dépasser la simple photographie du réel pour écrire un véritable roman expérimental dans lequel se trouvent étudiées les interactions entre l'individu et son milieu. [...]
[...] Tout le passage joue alors sur des sous- entendus. En effet, les femmes donnent la vie, alors que dans le texte, les hommes et les enfants tiennent la mort. De même, on peut établir une analogie entre le drapeau des unes (ligne et l'étendard des autres (ligne 14). Enfin, il convient de superposer les images de la révolution et de cette grève, avec La Marseillaise et la hache. Zola donne ainsi l'impression que la grève des mineurs a autant d'importance que la Révolution, la hache, et donc le profil aigu d'un couperet de guillotine (ligne remplissant auprès des bourgeois le rôle que la guillotine avait auprès des aristocrates. [...]
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