Conformément à la mission de l'excipit, cet extrait rend compte de l'évolution des principaux personnages du roman. L'intrigue étant somme toute un peu complexe, il est donc normal d'y voir s'imbriquer plusieurs événements : la mort de Silvère et la fin du couple qu'il formait avec Miette, mais surtout l'apothéose de la promotion sociale et financière des Rougon, fait le plus important puisqu'il marque le début de leur fortune et justifie le titre au roman. Néanmoins, cette "victoire" acquise dans la traîtrise et les morts est emblématique de la critique de Zola à l'égard du futur Napoléon III.
a- Une double conclusion
Clairement, cet excipit expose une conclusion double marquée par :
- des lieux différents : le cimetière, lieu souligné par une redondance puisque par
essence associé à la mort mais aussi ici à l'exécution de Silvère, et le salon jaune, lieu festif certes, où l'on fête la fortune des Rougon, mais terni par la symbolique de la couleur qui associe la trahison, la jalousie, la dépravation et l'orgueil.
- des antithèses qui opposent la mort de Silvère à la destinée glorieuse de ses
parents. On relève ainsi :
. le froid/la nuit ("le froid du pistolet", ligne 1 ; "Dans le noir", ligne 2) et la chaleur/ la lumière ("dans la buée de la table, toute chaude encore", lignes 7-8 ; "le règne de la curée ardente", ligne 11).
. le silence (la scène est muette, seulement dérangée par la détonation) et le bruit ("des rires montaient", ligne 7 ; "avec des exclamations assourdissantes", ligne 16 ; "éclata en applaudissements", ligne 26).
. une aspiration vers le bas, suggérant l'attraction de la terre et donc la mort ("Miette, sous les arbres", ligne 3 ; "sa face retomba sur le bloc", ligne 5 ; "les pieds de Miette", ligne 5), mais aussi vers le haut, désignant l'ascension sociale avec ses corollaires, la fortune et la réussite ("Comme il avait relevé la fortune des Bonaparte", lignes 11-12 ; "Pierre se mit debout", ligne 13 ; "se levèrent tous", ligne 15 ; "monta sur une chaise", ligne 27).
- (...)
[...] Tout le salon jaune éclata en applaudissements. Félicité se pâma. Granoux le muet, dans son enthousiasme, monta sur une chaise, en agitant sa serviette et en prononçant un discours qui se perdit au milieu du vacarme. Le salon jaune triomphait, délirait. Mais le chiffon de satin rose, passé à la boutonnière de Pierre, n'était pas la seule tache rouge 30 dans le triomphe des Rougon. Oublié sous le lit de la pièce voisine se trouvait encore un soulier au talon sanglant. [...]
[...] je n'ai fait que des loups Il n'y avait qu'un pauvre enfant, et ils l'ont mangé ; chacun a donné son coup de dent : ils ont encore du sang plein les lèvres Ah ! les maudits ! Ils ont volé, ils ont tué. Et ils vivent comme des messieurs. Maudits ! maudits ! maudits ! [...]
[...] Il prit dans les cheveux de Félicité, un nœud de satin rose qu'elle 20 s'était collé par gentillesse au-dessus de l'oreille droite, coupa un bout de satin avec un couteau à dessert, et vint le passer solennellement à la boutonnière de Rougon. Celui-ci fit le modeste. Il se débattit, la face radieuse, en murmurant : Non, je vous en prie, c'est trop tôt. Il faut attendre que le décret ait paru. - Sacrebleu ! s'écria Sicardot, voulez-vous bien garder ça ! c'est un vieux soldat 25. [...]
[...] Mais ce bonheur laisse un goût amer au lecteur : les bénéficiaires sont les personnages lâches et arrivistes du roman, ayant fondé leur fortune sur des traîtrises et des morts. Les vrais héros, Miette et Silvère, purs dans leur amour réciproque et leur lutte pour un monde meilleur, meurent et disparaissent tragiquement, abandonnés par leurs familles. Le lecteur comprend bien qu'au travers de l'ascension sociale des Rougon, c'est la conquête du pouvoir par Bonaparte que Zola veut critiquer : Pierre Rougon sauve tout autant Plassans de l'anarchie que Bonaparte sauve la France. L'auteur ridiculise ainsi le mythe de l'homme providentiel qui a pu être attaché à Napoléon III. [...]
[...] - des antithèses qui opposent la mort de Silvère à la destinée glorieuse de ses parents. On relève ainsi : .le froid/la nuit (le froid du pistolet, ligne 1 ; Dans le noir, ligne et la chaleur/ la lumière (dans la buée de la table, toute chaude encore, lignes 7-8 ; le règne de la curée ardente, ligne 11) .le silence (la scène est muette, seulement dérangée par la détonation) et le bruit (des rires montaient, ligne 7 ; avec des exclamations assourdissantes, ligne 16 ; éclata en applaudissements, ligne 26) .une aspiration vers le bas, suggérant l'attraction de la terre et donc la mort (Miette, sous les arbres, ligne 3 ; sa face retomba sur le bloc, ligne 5 ; les pieds de Miette, ligne mais aussi vers le haut, désignant l'ascension sociale avec ses corollaires, la fortune et la réussite (Comme il avait relevé la fortune des Bonaparte, lignes 11-12 ; Pierre se mit debout, ligne 13 ; se levèrent tous, ligne 15 ; monta sur une chaise, ligne 27). [...]
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