Tout au long de l'extrait, l'attention du lecteur est attirée sur la jeunesse des deux protagonistes, notamment par la répétition du terme "enfant" (lignes 2, 9 et 23) confortée par les paroles de tante Dide : "Elle est bien jeune" (ligne 21). L'amour, sentiment omniprésent (lignes 3 et 6), est naïf, pur et chaste.
On remarque que Zola se réfère implicitement au roman grec de Longus (IIème ou IIIème siècle de notre ère), Daphnis et Chloé ou Pastorales de Longus. Imprégné d'un thème littéraire datant de l'Antiquité, il raconte l'amour d'un jeune couple dans une forme d'harmonie originelle avec la nature. De fait, Silvère et Miette vivent dans la campagne provençale et nombreuses sont les références à la nature : "le chaume" (ligne 18), "le champ" (ligne 19), "comme une chèvre échappée" (lignes 19-20). De toute façon, peu avant ce passage, l'auteur soulignait : "Les jeunes gens, jusqu'à cette nuit de trouble, avaient vécu une de ces naïves idylles qui naissent au milieu de la classe ouvrière, parmi ces déshérités, ces simples d'esprit, chez lesquels on retrouve encore parfois les amours primitives des anciens contes grecs."
Cet amour, attaché à ce lieu particulier que rend le souvenir, est d'autant plus puérile qu'attaché négativement au temps. D'abord avec le passé de tante Dide : "Une seconde fois, la porte était complice. Par où l'amour avait passé, l'amour passait de nouveau" (lignes 5-6), "C'était l'éternel recommencement" (ligne 7). Mais aussi, lorsque plus loin dans le chapitre, le couple rejoindra la colonne insurrectionnelle, il mourra.
b- Un bonheur fragile
Si le bonheur de Silvère et Miette est innocent, auréolé de pureté et de clarté ("dans la claire matinée", ligne 5 ; "dans le soleil limpide", ligne 24 ; "la trouée blanche", ligne 31), son caractère éphémère est souligné par la présence permanente de la mort, avec le chiasme "ses joies présentes et ses larmes futures" (ligne 7), "à se griser d'un bonheur qui irrite la mort" (ligne 12), l'oxymore "ces douceurs mortelles" (ligne 16) et "Prends garde, mon garçon, on en meurt" (ligne 25) (...)
[...] Tante Dide ne vit que les larmes, et elle eut comme un pressentiment rapide qui lui montra les deux enfants saignants, frappés au cœur. Toute secouée par le souvenir des souffrances 10 de sa vie, que ce lieu venait de réveiller en elle, elle pleura son cher Silvère. Elle seule était coupable ; si elle n'avait pas jadis troué la muraille, Silvère ne serait point dans ce coin perdu, aux pieds d'une fille, à se griser d'un bonheur qui irrite la mort et la rend jalouse. [...]
[...] Elle est bien jeune, murmura-t-elle. Elle a le temps. Sans doute, elle voulait dire que Miette avait le temps de souffrir et de pleurer. Puis, reportant ses yeux sur Silvère, qui avait suivi avec extase la course de l'enfant dans le soleil limpide, elle ajouta simplement : 25 Prends garde, mon garçon, on en meurt. Ce furent les seules paroles qu'elle prononça en cette aventure, qui remua toutes les douleurs endormies au fond de son être. Elle s'était fait une religion du silence. [...]
[...] - forte de cette hallucination, elle prédit l'avenir : un pressentiment rapide qui lui montra les deux enfants saignants, frappés au cœur (lignes à se griser d'un bonheur qui irrite la mort et la rend jalouse (ligne Elle a le temps (ligne Prends garde, mon garçon, on en meurt (ligne 25). Psychologiquement fragile, tante Dide a une vision irrationnelle des événements, qui paradoxalement va se révéler juste. Conclusion Alors que l'affrontement des insurgés avec les forces de l'ordre ne saurait tarder, Silvère se remémore son idylle avec Miette, et en particulier le bonheur du rapprochement physique des deux jeunes gens. Mais, en ouvrant la porte de la muraille trouée, il a transgressé un interdit. [...]
[...] À l'époque, cette trouée dans la muraille avait scandalisée tout Plassans. Cet extrait va présenter l'aspect enfantin de l'amour entre Miette et Silvère et, à travers la valeur symbolique du mur, révéler une fois encore la folie de tante Dide. Une idylle puérile La jeunesse des amoureux Tout au long de l'extrait, l'attention du lecteur est attirée sur la jeunesse des deux protagonistes, notamment par la répétition du terme enfant (lignes et 23) confortée par les paroles de tante Dide : Elle est bien jeune (ligne 21). [...]
[...] II- La portée symbolique de la porte Parmi l'épisode des souvenirs de Silvère, la porte joue un rôle important : elle va permettre le rapprochement physique du couple. Une personnification Ouvrant (la porte maudite, ligne et concluant ce passage (la trouée blanche, ligne un champ lexical omniprésent révèle sa personnification lorsqu'elle est ouverte : la porte était complice (ligne si elle n'avait pas jadis troué la muraille (ligne elle ferma la porte à double tour (ligne la porte ne la rendrait plus complice (ligne 29). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture