Zola donne aussi un signe concret de la richesse du magasin en faisant allusion aux
couleurs précieuses de l'enseigne du magasin : « or et pourpre ». Le terme de « luxe » est
d'ailleurs explicitement employé par l'auteur pour qualifier les attelages (...)
[...] Un châtiment symbolique pour la folie des grandeurs et la violence commerciale de Mouret ? Zola emploie plusieurs expressions dépréciatives qui confèrent une légère dimension critique à l'évocation de la croissance du magasin : o ainsi l'adverbe démesurément suggère que l'accroissement du magasin sort peutêtre un peu du cadre du raisonnable o de même, si l'adjectif superbes qui caractérise les bêtes de Mouret peut être compris de manière positive, Zola joue aussi ici sur le sens étymologique de ce terme : superbe a en effet pour sens premier orgueilleux fier o qui plus est, la réclame est qualifiée de violente Zola présente en effet la croissance du magasin comme un événement qui rompt le calme et la quiétude des villes, avec la répétition de l'expression en plein et la métaphore du désert : parfois, du fond d'une avenue ensoleillée, en plein désert, en plein silence, on en voyait une surgir Zola va même jusqu'à présenter la publicité sur les voitures comme un élément qui trouble la nature elle-même, qui perturbe l'ordre naturel, et Mouret est ainsi montré comme dérangeant la paix des campagnes avec sa publicité omniprésente : en jetant à la paix mystérieuse de la grande nature la réclame violente de ses panneaux vernis. [...]
[...] Ici en tout cas, Zola présente Mouret comme un véritable empereur ou un monarque, avec son personnel son empire ses chevaux : l'accumulation des adjectifs possessifs souligne cette dimension quasi despotique de Mouret qui dispose à la fois de choses, d'animaux et de personnes. Transition : toutefois Zola montre que ce triomphe commercial de Mouret, loin de le transporter, ne fait qu'élargir encore le vide de son cœur que seul pourrait combler le oui de celle qu'il aime. II . [...]
[...] o Enfin une phrase entière est dévolue à l'accroissement intérieur du magasin : La maison s'était agrandie démesurément, il avait créé ce rayon, cet autre encore Le dynamisme de Mouret : cf. les nombreux verbes d'action du texte dont il est l'unique sujet. Zola le présente ainsi comme un homme énergique en perpétuel mouvement et qui en veut toujours plus : Il rêvait de les lancer plus loin, dans les départements voisins, il aurait voulu les entendre rouler sur toutes les routes de France phrase dont les verbes soulignent les ambitions toujours nouvelles de Mouret et dont les compléments de lieux (d'abord sous une forme comparative plus loin ensuite sous une forme superlative : sur toutes les routes de France scandent sa folie des grandeurs. [...]
[...] d'autant plus que Zola associe ici nettement les divers lieux du magasin et la réponse négative de Denise. L'accumulation des verbes d'action en tête des propositions concourt à donner l'impression d'une errance sans fin et maladive il redescendait visitait il donnait il entrait il allait d'autant plus que Zola fait repasser Mouret par les mêmes lieux il visitait la caisse centrale il revenait à la caisse centrale donnant ainsi l'impression d'un être à la dérive, dans un mouvement répétitif et désordonné. [...]
[...] Et, dans les écuries royales, installées rue Monsigny, en face des magasins, se trouvaient cent quarante-cinq chevaux, tout un luxe d'attelage déjà célèbre. Les quatre premières voitures qui remuaient le commerce du quartier, autrefois, lorsque la maison n'occupait encore que l'angle de la place Gaillon, étaient montées peu à peu au chiffre de soixante-deux : petites voitures à bras, voitures à un cheval, lourds chariots à deux chevaux. Continuellement, elles sillonnaient Paris, conduites avec correction par des cochers vêtus de noir, promenant l'enseigne d'or et de pourpre du Bonheur des Dames. [...]
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