Le personnage principal, Aristide Saccard, est présenté au lecteur, installé au "sommet des buttes" (ligne 1), "dans un restaurant [aux] fenêtres [qui] s'ouvr[ent] sur Paris" (lignes 1-2) : il embrasse "l'immense horizon" (ligne 3), ce qui va permettre à l'extrait de parfaitement rendre la réalité regardée (...)
[...] De plus, la vision se promène sur Paris, sur cet océan de maisons aux toits bleuâtres (ligne phrase dans laquelle la répétition de la préposition sur insiste sur l'idée de domination. À l'instar du regard de Saccard qui descend du ciel vers la ville (Et ses regards, amoureusement, redescendaient toujours sur cette mer vivante et pullulante, d'où sortait la voix profonde des foules, lignes 5 à toutes les lumières semblent converger vers la scène où se déroule le spectacle. L'association de la vie et du calme Le regard de Saccard va permettre de constater une atmosphère feutrée, soulignée par des verbes comme s'alanguissait (ligne se couchait (ligne ou glissait (ligne 14) et une allitération en Si le bruit et les mouvements de cet océan de maisons (ligne restent étouffés, une vie intense s'y devine à travers : - des adjectifs comme pressés (ligne ou vivante et pullulante (ligne - la métaphore filée de l'eau (cet océan, ligne 2 ; des flots, ligne 2 ; cette mer, ligne 6 ; un lac, ligne qui suggère l'étendue de l'espace en question, mais aussi toutes les richesses que contient la ville. [...]
[...] De plus, le lent passage de l'état solide à l'état liquide et la jouissance suprême de Saccard sont marqués par : .une allitération en et des assonances en et (le rayon qui glissait entre deux nuages fut si resplendissant, ligne 14) .la répétition du substantif or .le passage de la poussière (ligne 11) à l'état de lingot (ligne 15). Ainsi, la gaieté de Saccard ne vient donc ni du plaisir conjugal ni de l'ivresse procurée par le vin (il fit apporter une bouteille de bourgogne, ligne mais de la richesse potentielle de la ville. En cela, son rire (ligne 16) tient davantage de l'homme cupide que de l'enfant. [...]
[...] - L'homme Il apparaît progressivement et de façon indirecte à travers la description qui est faite de Paris. D'emblée, le spectacle modifie son comportement : la gaieté qui l'envahit (égaya, ligne 4 ; souriait, ligne 5 ; rire, ligne 16) vient de ce qu'il regarde, et non du plaisir d'être au restaurant avec son épouse. Celle-ci est d'ailleurs assez effacée, n'apparaissant que dans les deux pronoms personnels ils (ligne et Leur (ligne tandis que même ses paroles sont rapportées au style indirect (ligne 18). [...]
[...] En 1872, Zola consacre le deuxième volet à La Curée. Dans la lignée de l'observation attentive de toute une époque et de ses classes sociales, ce roman s'attache tout particulièrement à la question des spéculations financières et de la dépravation des mœurs à Paris, sous le Second Empire. Dans cet extrait, le personnage principal, Aristide Saccard a emmené dîner sa femme au sommet des buttes Chaumont et il contemple Paris. En procédant à une description subjective de la ville, Zola s'attache à faire apparaître le regard visionnaire de Saccard et la menace spéculative qui guette Paris, car le héros dévoile progressivement et malgré lui sa personnalité et ses désirs profonds. [...]
[...] La féerie rejoint en réalité les préoccupations de l'affairiste. Conclusion Si dans cet extrait, il est bien question de Paris, ce n'est pas la capitale que le lecteur peut admirer mais ce qui sera détruit par l'avidité et la cupidité de Saccard. L'intérêt réside davantage dans ce qui est suggéré que dans ce qui est décrit. On retrouve là la plume acerbe d'un auteur qui critique son époque, avec une vision apocalyptique englobant la ville dans un immense brasier romanesque qui préfigure les profonds remaniements que Paris va subir du fait de la convoitise immodérée des spéculateurs. [...]
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