S'appuyant sur un moment fort de l'intrigue, Zola profite de la tentative de meurtre inexplicable du personnage principal pour tenter d'expliquer le passé de Jacques. Ainsi, dans cet extrait, il choisit d'alterner le style indirect (notamment dans le premier paragraphe) et surtout le style indirect libre (principalement dans le dernier paragraphe), introduisant alors une théorie scientifique dans le récit romanesque (...)
[...] Et il en venait à penser qu'il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu, les 45 générations d'ivrognes dont il était le sang gâté, un lent empoisonnement, une sauvagerie qui le ramenait avec les loups mangeurs de femmes, au fond des bois. [ ] Émile Zola, La Bête humaine, chapitre II (La fêlure héréditaire) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Après la grande entreprise réaliste qu'est La Condition humaine de Balzac (désignant une œuvre comme un modèle fictif grâce auquel le romancier pénètre les mécanismes et les dévoile), Zola se propose de dépasser la simple photographie du réel pour écrire un véritable roman expérimental dans lequel se trouvent étudiées les interactions entre l'individu et son milieu. [...]
[...] - Le train Le train qui passe est par excellence la figure emblématique de ce thème. Il est à la fois évoqué comme : .une bête, soulignée dans le premier paragraphe par les participes présents (grondant, ligne 5 ; hurlant et sifflant, ligne 12) .une masse humaine, avec des expressions comme tout ce monde qui passait (ligne et le continuel flot (ligne 6). - Le tunnel S'ajoutant à l'image du train, celle du tunnel (l'ouverture ronde, la gueule noire du tunnel, lignes 11-12) complète l'évocation du monstre en introduisant les motifs de l'engloutissement et de la mort (déjà identifiés dans la mine du Voreux et Germinal). [...]
[...] - aux couloirs du labyrinthe correspondent alors les montées et les descentes d'un pays désert, coupé de monticules (ligne 9). - par son absence d'issue, par la fatalité de l'errance et de l'égarement induit, ce labyrinthe de la Croix-de-Maufras est bien le lieu de perdition par excellence. Les symboles du train et du tunnel Le thème de La Bête humaine associe la sensation de violence, suggérée par l'image même de la bête monstrueuse qui habite le héros et l'égare, et l'idée d'une hérédité reliant l'individu aux autres, à ses ancêtres, mais aussi à toute l'humanité. [...]
[...] Là-bas, à Plassans, dans sa jeunesse, souvent déjà il s'était questionné. Sa mère Gervaise, il est vrai, l'avait eu très jeune, à 30 quinze ans et demi ; mais il n'arrivait que le second, elle entrait à peine dans sa quatorzième année, lorsqu'elle était accouchée du premier, Claude ; et aucun de ses deux frères, ni Claude ni Étienne, né plus tard, ne semblait souffrir d'une mère si enfant et d'un père gamin comme elle, ce beau Lantier, dont le mauvais cœur devait coûter à Gervaise tant de larmes. [...]
[...] Et, depuis de longues minutes, il battait les pentes, lorsqu'il aperçut devant lui l'ouverture ronde, la gueule noire du tunnel. Un train montant s'y engouffrait, hurlant et sifflant, laissant, disparu, bu par la terre, une longue secousse dont le sol tremblait. Alors, Jacques, les jambes brisées, tomba au bord de la ligne, et il éclata en sanglots 15 convulsifs, vautré sur le ventre, la face enfoncée dans l'herbe. Mon Dieu ! il était donc revenu, ce mal abominable dont il se croyait guéri ? [...]
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