Le romancier réaliste, a fortiori naturaliste, désire reproduire le plus fidèlement possible la réalité. Ainsi, il s'oppose à la perspective fantastique, mais aussi à la perspective des romans romantiques où l'accent est mis sur les idées, les sentiments et les perceptions des personnages.
Un cadre réaliste
En tant que chef de file des écrivains naturalistes, pour étudier l'homme aux prises avec son milieu, "une maison de verre laissant voir les idées à l'intérieur", il n'est donc pas surprenant que Zola se soit attaché ici à reproduire le plus fidèlement possible la réalité de la scène (...)
[...] C'est alors l'occasion pour Zola de faire reposer l'excipit du roman sur la métamorphose progressive de la scène réaliste de l'accident en scène épique et fantastique et de dénoncer la noirceur de l'âme humaine. Une scène naturaliste Le romancier réaliste, a fortiori naturaliste, désire reproduire le plus fidèlement possible la réalité. Ainsi, il s'oppose à la perspective fantastique, mais aussi à la perspective des romans romantiques où l'accent est mis sur les idées, les sentiments et les perceptions des personnages. [...]
[...] Il faillit se broyer, à Oissel, contre une machine pilote ; il terrifia Pont-de-l'Arche, car sa vitesse ne semblait pas se ralentir. De nouveau, disparu, il roulait, il roulait, dans la nuit noire, on ne savait où, là-bas Qu'importaient les victimes que la machine écrasait en chemin ! N'allait-elle pas quand même à l'avenir, insoucieuse du sang répandu ? Sans conducteur, au milieu des ténèbres, en bête aveugle et sourde qu'on aurait lâchée parmi la mort, elle roulait, elle roulait, chargée de cette chair à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient. [...]
[...] En ouvrant vers des abîmes (il se replongea dans les ténèbres, où son grondement peu à peu s'éteignit, ligne 32 ; De nouveau, disparu, il roulait, il roulait, dans la nuit noire, on ne savait où, là-bas, ligne thème récurrent de cet extrait, le train dégage une impression plus mitigée du progrès et de la technique. Loin d'éliminer les instincts primitifs et la barbarie, il semblerait parfois être, si ce n'est un raffinement du moins, une surenchère du crime : Qu'importaient les victimes que la machine écrasait en chemin ! N'allait-elle pas quand même à l'avenir, insoucieuse du sang répandu ? (lignes 40-41) Conclusion L'excipit de La Bête humaine dépasse donc la simple scène réaliste ou naturaliste et semble orienter le train vers une vision nuancée du progrès et de la civilisation. [...]
[...] Enfin, en ce qui concerne la dynamique narrative, tout dans ce roman, de l'animalisation des êtres humains à celle des machines, semble se ramener aux forces de l'instinct, aux pulsions les plus sombres et primitives de l'être. Plus d'un siècle après son écriture, le meurtre de personnes afin d'en obtenir des organes à greffer ou même les guerres bactériologiques ne sont- ils pas les témoins de la perversion du progrès par l'homme ? La Lison n'a alors rien à y voir, et c'est bien la noirceur de l'être humain que Zola semblait également dénoncer à travers son train fou. [...]
[...] On peut voir alors une sorte de syllogisme par lequel le progrès est implicitement associé à la mort L'attachement et la mort sont liés L'attachement de l'homme au progrès se traduit ici par le train donc le progrès et la mort sont liés Après la mort des deux hommes, il est non seulement sur le point d'occasionner un nouvel accident, mais il achemine également des soldats sur le théâtre de la guerre (Ils allaient à la guerre, c'était pour être plus vite là-bas, sur les bords du Rhin, lignes 22-23). Ainsi, le roman s'ouvre et se ferme sur un train porteur de mort (Grandmorin au début ; Jacques, Pecqueux et les soldats ici). Derrière la symétrie de cette composition, Zola souligne une très nette intention symbolique. [...]
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