Cet extrait permet à l'auteur de mettre en scène un combat désespéré et acharné de la locomotive contre les éléments naturels. Ainsi, on relève :
- le champ lexical du mouvement, avec "la Lison filait à une vitesse moyenne" (ligne 9), "La Lison avançait" (ligne 19), "il lui fallut entrer dans la tranchée" (ligne 19), "Elle s'y engagea, roula pendant une cinquantaine de mètres" (ligne 21)...
- le thème de l'acharnement (...)
[...] La violence de la scène marque d'autant plus le lecteur qu'elle est amplifiée par des adjectifs et des adverbes (considérable, ligne 4 ; largement, ligne 12 ; profonds, ligne la notion d'infini (la blancheur était sans bornes, ligne 7 ; sous la tombée continue des flocons, ligne et les comparaisons ou métaphores hyperboliques (comme un œil vivant de cyclope, ligne 11 ; une queue d'astre incendiant la nuit, lignes 16-17) et même dramatisée à travers le champ lexical de la mort omniprésent dans la fin de l'extrait (agonie, ligne 26 ; expirante, ligne 28 ; morte, ligne 29). Conclusion Cet extrait révèle parfaitement comment l'auteur transforme la simple description d'une locomotive dans la neige en un récit épique et dramatique d'une machine qui lutte contre la nature. Calquant la vision de Jacques, les hyperboles et les métaphores magnifient alors la Lison. Elles suggèrent également la question du rapport de l'homme et de la nature, problématique récurrente en littérature, et y introduit la notion du développement industriel du XIXème siècle, époque d'écriture du roman. [...]
[...] Et la Lison s'arrêta définitivement, expirante, dans le grand froid. Son souffle s'éteignit, elle était immobile, et morte. [ ] Émile Zola, La Bête humaine, chapitre VII (extrait) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Après la grande entreprise réaliste qu'est La Condition humaine de Balzac (désignant une œuvre comme un modèle fictif grâce auquel le romancier pénètre les mécanismes et les dévoile), Zola se propose de dépasser la simple photographie du réel pour écrire un véritable roman expérimental dans lequel se trouvent étudiées les interactions entre l'individu et son milieu. [...]
[...] Confortant la cinétique de la machine pour lutter contre les éléments naturels, il semble assimiler la lutte à une scène de guerre de la littérature médiévale : Elle s'y engagea, roula pendant une cinquantaine de mètres, d'une haleine éperdue, de plus en plus lente (lignes 21-22), Mais, d'un dernier coup de reins, elle se délivra, avança de trente mètres encore (lignes 24-25), C'était la fin, la secousse de l'agonie (ligne 26) Un décor hostile De plus, le mécanicien et sa locomotive doivent affronter un contexte hostile, celui d'une nature hivernale : - la neige est abondante, ainsi que le soulignent : .les multiples occurrences de ce terme (lignes et 26) .des références comme des flocons (ligne des chaînes de glace (ligne 27) ou encore le grand froid (ligne 28) .la description qui met en valeur la quantité de neige : une longue fosse, comblée de neige (lignes C'était comme un creux de torrent, où la neige dormait, à pleins bords (lignes 20-21), des paquets de neige retombaient, recouvraient les roues, toutes les pièces du mécanisme étaient envahies (lignes 26-27). - accentuée par la présence d'une tranchée dans le sol (Mais, brusquement, la pensée lui vint d'une tranchée profonde, qui se trouvait à trois cents mètres environ de la Croix-de-Maufras, lignes obstacle supplémentaire soulignant l'hostilité du décor. - et du vent (elle s'ouvrait dans la direction du vent, lignes 4). [...]
[...] Mais, brusquement, la pensée lui vint d'une tranchée profonde, qui se trouvait à trois cents mètres environ de la Croix-de-Maufras : elle s'ouvrait dans la direction du vent, la neige devait s'y être accumulée en quantité considérable ; et, tout 5 de suite, il eut la certitude que c'était là l'écueil marqué où il naufragerait. Il se pencha. Au loin, après une dernière courbe, la tranchée lui apparut, en ligne droite, ainsi qu'une longue fosse, comblée de neige. Il faisait plein jour, la blancheur était sans bornes et éclatante, sous la tombée continue des flocons. [...]
[...] En 1890, le dix-septième volume, La Bête humaine, évoque le monde ferroviaire, le long de la ligne Paris-Le Havre, et la vie de ceux qui y appartiennent. Outre son aspect documentaire et son allure de roman noir, c'est avant tout un roman sur l'hérédité, celle de Jacques, fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier (L'Assommoir), qui souffre d'une folie homicide que Zola rattache à l'alcoolisme des Macquart. Présentant des céphalées intenses depuis l'enfance, à l'âge adulte, celles-ci s'accompagnent de pulsions meurtrières chaque fois qu'il éprouve le désir physique d'une femme. [...]
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