À l'instar du centaure de la mythologie grecque, cette extrait présente la Lison comme une créature autant humaine qu'équine, que les corps des chevaux accidentés ("Justement, près d'elle, le cheval qui n'était pas mort gisait lui aussi", lignes 10-11) confortent à assimiler.
- La féminisation
Suggérée dès l'ouverture de l'extrait par le prénom féminin "La Lison" (qui sera répété ligne 8), elle est renforcée par la description personnifiée d'un corps humain (...)
[...] En 1890, le dix-septième volume, La Bête humaine, évoque le monde ferroviaire, le long de la ligne Paris-Le Havre, et la vie de ceux qui y appartiennent. Outre son aspect documentaire et son allure de roman noir, c'est avant tout un roman sur l'hérédité, celle de Jacques, fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier (L'Assommoir), qui souffre d'une folie homicide que Zola rattache à l'alcoolisme des Macquart. Présentant des céphalées intenses depuis l'enfance, à l'âge adulte, celles-ci s'accompagnent de pulsions meurtrières chaque fois qu'il éprouve le désir physique d'une femme. [...]
[...] T E X T E [ ] La Lison, renversée sur les reins, le ventre ouvert, perdait sa vapeur, par les robinets arrachés, les tuyaux crevés, en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante. Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d'épais tourbillons au ras du sol ; pendant que, du foyer, les braises tombées, rouges comme le sang même de ses 5 entrailles, ajoutaient leurs fumées noires. La cheminée, dans la violence du choc, était entrée en terre ; à l'endroit où il avait porté, le châssis s'était rompu, faussant les deux longerons ; et, les roues en l'air, semblable à une cavale monstrueuse, décousue par quelque formidable coup de corne, la Lison montrait ses bielles tordues, ses cylindres cassés, ses tiroirs et leurs excentriques écrasés, toute une affreuse plaie bâillant au plein 10 air, par où l'âme continuait de sortir, avec un fracas d'enragé désespoir. [...]
[...] Par une scène épique et tragique, cet extrait rend compte de la mort personnifiée de cette fameuse machine. La mort de la Lison L'allégorie du centaure À l'instar du centaure de la mythologie grecque, cette extrait présente la Lison comme une créature autant humaine qu'équine, que les corps des chevaux accidentés (Justement, près d'elle, le cheval qui n'était pas mort gisait lui aussi, lignes 10-11) confortent à assimiler. - La féminisation Suggérée dès l'ouverture de l'extrait par le prénom féminin La Lison (qui sera répété ligne elle est renforcée par la description personnifiée d'un corps humain (les reins, ligne 1 ; le ventre, ligne 1 ; ses entrailles, ligne dont l'expression perdait sa vapeur (ligne évoque la spoliation sanguine par blessure lors d'un accident. [...]
[...] Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d'épais tourbillons au ras du sol (lignes 1 à 3). Assimilant la Lison à un être humain, cet extrait donne l'impression que la locomotive souffre de cet accident. Les hyperboles Accentuant la dimension tragique de l'accident, de nombreuses hyperboles concourent à mettre en valeur le côté épique de la scène : - la comparaison des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante (ligne est elle-même hyperbolique. Faisant référence à un être d'une grandeur surnaturelle, les râles de géante semblent renvoyer à la mythologie. [...]
[...] Cette scène de douleur si humaine met en valeur la rapport particulier du mécanicien à sa locomotive. Outre la dimension humaine et dramatique, cet extrait présente l'intérêt d'annoncer la dégradation future, à travers cette scène tragique de l'accident de la Lison. La mort de la machine apparaît comme un tournant du roman, à partir duquel la déchéance s'accélère très rapidement avec le suicide de Flore, le meurtre de Séverine par Jacques et la bagarre entre Pecqueux et Jacques qui s'achèvera par la mort accidentelle des deux protagonistes. [...]
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