Le romancier naturaliste, pour étudier l'homme aux prises avec son milieu, se montre soucieux de tisser, sur la trame narrative, la peinture d'un cadre fidèle au réel. Ainsi narration et description se mêlent étroitement et l'on retrouve ce jeu des différents plans dans le mise en place des nombreux personnages. Enfin, le souci réaliste du détail suggestif et le choix du lexique confèrent tout son relief à la fresque romanesque (...)
[...] La dénonciation de la misère: Zola multiplie les images de la misère en esquissant de nombreuses silhouette mais il en concentre la représentation dans le portrait du père Bru. Tout est mis en œuvre pour émouvoir le lecteur et l'amener à suivre l'auteur dans sa dénonciation de la misère. Ce que Zola dénonce en premier lieu, c'est bien entendu le caractère dégradant inhumain de la misère incarnée par le père Bru. Cette déshumanisation est soulignée, par contraste, par la présence d'une solidarité. [...]
[...] L'imparfait suspend le temps de telle sorte qu'il en devient impossible de mourir pour oublier la souffrance. L'emboîtement des points de vue permet de dédoubler les images de la souffrance tout en contribuant à enfermer le lecteur dans une misère que Zola nous invite à dénoncer. En effet, le jeu complexe des différents procédés littéraires, du registre pathétique au choix du lexique en passant par les métaphores, touche la sensibilité du lecteur, le conduit à remettre en cause un système économique qui utilise les hommes et les détruit, une société indifférente à cette misère sans espoir. [...]
[...] En 1877, dans L'Assommoir, c'est la misère des faubourgs qu'il dénonce. La page que nous étudions est une peinture de la misère qui a recours au registre pathétique pour toucher le lecteur afin de l'amener à réagir. La peinture de la misère: En évoquant le cadre ou les personnages, en esquissant des silhouette ou en mettant en avant le père Bru et surtout Gervaise, Zola déploie les images de la misère comme dans une sorte de kaléidoscope destiné à nous émouvoir et à nous choquer. [...]
[...] Si les personnages et le jeu des points de vue permettent de montrer la misère sous toutes ses faces, le portrait du père Bru concentre le destin de toutes les victimes. Nous sommes tout d'abord frappés par l'image que Zola nous donne de ce personnage: un être coupé du monde (les voisins ne viennent que de temps en temps) qui vit totalement replié sur lui-même comme un fœtus: en boule se nourrissant de lui-même a la taille d'un enfant On dirait que toute une vie de misère se trouve concentrée là, de la naissance à la mort attendue. [...]
[...] Les cheminées s'opposent quant à elle au froid qui oblige le père Bru à se blottir comme un fœtus. Comme dans une fresque, Zola esquisse des silhouettes, visages déformés par les larmes, bouches tendues et si le personnage du père Bru se détache, c'est pour mieux concentrer en lui le destin sens espoir des ouvriers de faubourgs. Les échos se multiplient, entre les murs creux et les ventres vides, entre le père Bru et Coupeau, deux victimes de la société industrielle et l'on a l'impression, dans ce jeu de miroirs, qu'aucune échappatoire n'est possible. [...]
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