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Sans que la psychologie des personnages soit absente, Zola lui préfère la peinture de types. Le système des personnages repose sur un jeu efficace d'oppositions et de parallélismes. Au contact de mauvaises fréquentations, (Mes-Bottes, Bibi-La-Grillade), Coupeau devient ce que Denis Poulot appelle un "sublime", un ouvrier travaillant peu et buvant beaucoup. Ce clan de l'alcoolisme, auquel on peut ajouter le Père Bijard, s'oppose à la figure du bon ouvrier incarné par Goujet. Le clan, masculin, des bourreaux et des profiteurs, (Le Père Bijard, Lantier), s'oppose à celui, féminin, des victimes (Lalie, Gervaise). Les "purs", (Lalie, Goujet), s'opposent aux dépravés (Lantier, Clémence et Nana). La générosité sans faille de Gervaise est mise en valeur par contraste avec la mesquinerie des Lorilleux et des Boche. La déchéance du Père Bru préfigure celle de Gervaise. Le triangle adultère Virginie-Poisson-Lantier reproduit le triangle Gervaise-Coupeau-Lantier.
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Les lieux revêtent une importance particulière : la vie de Gervaise se passe entre des abattoirs et un hôpital, qui annoncent sa chute (la maladie, la mort). Les différents logements de Gervaise symbolisent son ascension (l'hôtel Boncoeur, la rue Neuve, la boutique) puis sa déchéance (le coin des pouilleux, le réduit du Père Bru). Le lavoir est un lieu de sociabilité féminine qui fait pendant aux marchands de vin, lieux masculins. Mais dans les deux cas, cette sociabilité est corruptrice : indécence et commérage des femmes au lavoir, violence et alcoolisme des hommes au gargot. La maison de la Goutte-d'Or est un grand organisme dont l'escalier et les couloirs sont des boyaux prêts à digérer le peuple.
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La structure du roman est fortement bipartite ; autour du chapitre central de la fête de l'oie s'organisent les deux pans de la vie de Gervaise. Les 6 premiers chapitres obéissent à un mouvement ascendants (la conquête du bonheur) et les 6 derniers chapitres suivent une courbe descendante (la chute progressive de Gervaise). Un jeu d'échos permet de renforcer et de nuancer (...)
[...] Les 6 premiers chapitres obéissent à un mouvement ascendants (la conquête du bonheur) et les 6 derniers chapitres suivent une courbe descendante (la chute progressive de Gervaise). Un jeu d'échos permet de renforcer et de nuancer cette structure : de nombreuses analepses (rappels d'évènements ayant déjà eu lieu) soulignent dans la seconde partie du roman la chute de Gervaise. Le chapitre XII (chapitre de la faim avant le chapitre de la fin) se présente comme une vaste rétrospection de la vie de Gervaise. [...]
[...] L'homme devient machine Corps animal, le corps de l'ouvrier se déshumanise également parce qu'il est proche de la machine et de l'automate : Mes-Bottes et Coupeau ont tout deux un « rire de poulie mal graissée », Mme Putois repasse avec « des gestes cassés de marionnette », les ronflements de Coupeau ont « la régularité d'un tic-tac énorme d'horloge », Gervaise, à la fin du roman, boîte « comme un guignol ». Des machines organiques Inversement, la machine s'anime, se personnifie, devient un grand corps vivant. On sera attentif aux métaphores organiques qui accompagnent la description du lavoir (« la machine haletante, fumante », « ses bras d'acier »), et de l'alambic (une « mine sombre », « un souffle intérieur », « un travailleur morne », « sueur d'alcool »). [...]
[...] L'assommoir, Emile Zola Présentation générale et approfondissement de deux thèmes d'étude essentiels : les classes laborieuses et le corps PRESENTATION GENERALE Présentation de l'auteur Zola naît à Paris en 1840. Après une enfance passée à Aix-en-Provence, il s'installe dans la capitale où l mène une vie de bohème. En 1862, il entre aux Editions Hachette et cette date marque le début de sa carrière littéraire : il devient journaliste et publie ses premiers romans, influencés par le Romantisme, avant de choisir une orientation réaliste, avec Madeleine Férat et Thérèse Raquin. [...]
[...] En pénétrant une nouvelle fois dans l'assommoir, Gervaise transgresse les limites de l'espace masculin et se condamne à la même déchéance que Coupeau. III- Gloire et déchéance, thèmes récurrents > La fascination de la mort : on relira surtout les passages où Gervaise appelle le père Bazouge, mêlant dans son désir de mourir fascination érotique et répulsion. > La tentation du « nid » : Gervaise est à la recherche de refuges, et son idéal est celui d'un espace d'intimité, sa maison, sa boutique. [...]
[...] II- Présentation de l'œuvre Le roman de la réalité ouvrière L'action de L'Assommoir, qui court de 1850 à 1869, correspond presque exactement aux bornes chronologiques du Second Empire ( 1852-1870). Zola raconte ici la déchéance de la blanchisseuse Gervaise Macquart, prétexte à l'évocation plus large de la vie des ouvriers et des artisans du quartier de la Goutte-d'Or, faubourg du Nord de Paris. Conformément à son projet naturaliste, Zola étudie un milieu, des déterminismes (l'influence de ce milieu sur des individus), des tares héréditaires (notamment l'alcoolisme). [...]
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