Émile Zola (1840-1902) est un écrivain, journaliste et homme public français, considéré comme le chef de file du naturalisme. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, grande fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire, qui met en scène la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman (...)
[...] Sa fièvre alcoolique finit par contaminer la prose de Zola. - assimilé à une force obscure et obstinée, donnant lieu aussi bien à l'allusion du travail nocturne perpétuel des mineurs (à peine entendait-on un souffle intérieur, un ronflement souterrain ; c'était comme une besogne de nuit faite en plein jour, par un travailleur morne, puissant et muet, lignes 22 à 24) qu'à l'adverbe sourdement (ligne 33) qui évoque la clandestinité. La marche rampante de l'alcoolisme est d'ailleurs symbolisée métonymiquement par cet alambic qui est pareil à une source lente et entêtée (ligne 35). [...]
[...] Et c'est tout, vous voyez, c'est tout . Elle cherchait, interrogeait ses désirs, ne trouvait plus rien de sérieux qui la tentât. Cependant, elle reprit, après avoir hésité : - Oui, on peut à la fin avoir le désir de mourir dans son lit . Moi, après avoir bien trimé toute ma vie, je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi Et elle se leva. Coupeau, qui approuvait vivement ses souhaits, était déjà debout, s'inquiétant de l'heure. Mais ils ne sortirent pas tout de suite ; elle eut la curiosité d'aller regarder, au fond, derrière la barrière de chêne, le grand alambic de cuivre rouge, qui fonctionnait sous le vitrage clair de la petite cour ; et le zingueur, qui l'avait suivie, lui expliqua comment ça marchait, indiquant du doigt les différentes pièces de l'appareil montrant l'énorme cornue d'où tombait un filet limpide d'alcool. [...]
[...] Cependant, Mes-Bottes, accompagné de ses deux 25 camarades, était venu s'accouder sur la barrière, en attendant qu'un coin du comptoir fût libre. Il avait un rire de poulie mal graissée, hochant la tête, les yeux attendris, fixés sur la machine à soûler. Tonnerre de Dieu ! elle était bien gentille ! Il y avait, dans ce gros bedon de cuivre, de quoi se tenir le gosier au frais pendant huit jours. Lui, aurait voulu qu'on lui soudât le bout du serpentin entre les dents, pour sentir le vitriol encore chaud l'emplir, lui descendre jusqu'aux talons, toujours, toujours, comme un petit ruisseau. [...]
[...] n'est-ce pas ? ça vaudrait bien mieux : travailler, manger du pain, avoir un trou à soi, élever ses enfants, mourir dans son lit . - Et ne pas être battue, ajouta Coupeau gaiement. Mais je ne vous battrais pas, moi, si vous vouliez, madame Gervaise . Il n'y a pas de crainte, je ne bois jamais, puis je vous aime trop . Voyons, c'est pour ce soir, nous nous chaufferons les petons. [ ] Émile Zola, L'Assommoir, chapitre II (extrait). [...]
[...] Ainsi, la machine est humanisée. Le projet de Zola visant à dénoncer les ravages de l'alcool dans la classe ouvrière est d'autant plus clair que l'être humain est animalisé, comme par exemple cet animal de Mes-Bottes (ligne 32). Enfin, dernière facétie du narrateur, la gradation qui parcourt le texte, avec un filet limpide (ligne puis un petit ruisseau (ligne 30) de Mes- Bottes qui deviennent un véritable flux d'alcool qui à la longue devait envahir la salle, se répandre sur les boulevards extérieurs, inonder le trou immense de Paris (lignes 35-36), de même que Mes-Bottes, dans son rêve, était rempli de vitriol jusqu'aux talons (ligne 30). [...]
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