Émile Zola (1840-1902) est un écrivain, journaliste et homme public français, considéré comme le chef de file du naturalisme. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, grande fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire, qui met en scène la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman (...)
[...] En effet, à plusieurs reprises, de façon à entremêler intimement ces deux nuances, le temps de la description (La malle de Gervaise et de Lantier, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs vides, lignes 19-20) fait place à la narration d'une action répétitive concernant Lantier (Depuis huit jours, au sortir du Veau à deux têtes, où ils mangeaient, il l'envoyait se coucher avec les enfants et ne reparaissait que tard dans la nuit, en racontant qu'il cherchait du travail, lignes 3 à et surtout Gervaise lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, lignes 15-16). Gervaise est une femme désespérée qui semble abandonnée, attendant toute la nuit celui qui semble être plus un amant qu'un mari (Lantier n'était pas rentré. Pour la première fois, il découchait, ligne 13). Cette tonalité pathétique est majorée par les détails physiques de l'héroïne : toute frissonnante (ligne fiévreuse, les joues trempées de larmes (ligne puis raidie, les reins brisés ligne 12). [...]
[...] une composition simple, une langue nette, quelque chose comme une maison de verre laissant voir les idées à l'intérieur . les documents humains donnés dans leur nudité sévère (Zola, Les romanciers naturalistes), la complexité de l'écriture romanesque et l'impression d'une profusion d'images de la misère qui en résulte reposent aussi sur le jeu subtil des points de vue. Souhaitant L'histoire naturelle d'une famille ouvrière sous le Second Empire le cadre de la trame narrative repose alors sur : - la ville Tout au long de l'incipit, par de multiples références, le narrateur ancre le récit dans la Paris du XIXème siècle, familier au lecteur. [...]
[...] Par la suite, Zola va structurer son roman avec des effets d'échos et de rappels. Un temps échappée à son funeste destin lors du mariage avec Coupeau, l'accident qui prive l'ouvrier zingueur de son travail va précipiter Gervaise dans l'alcoolisme puis dans la prostitution, se retrouvant alors devant l'Hôtel Boncœur, ramenant le récit à l'incipit. Cette structure circulaire du récit renforce, a posteriori, le caractère clos de l'espace et souligne l'enfermement du personnage dans une situation inéluctable, sans espoir d'amélioration et sans issue si ce n'est . la mort. [...]
[...] Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire, entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des 40 morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. [...]
[...] - le logement Le roman s'ouvre sur un regard, celui de Gervaise qui attend Lantier, à l'air vif de la fenêtre (ligne 2). Le thème de la fenêtre est, chez Zola, un leitmotiv : c'est la fenêtre-observatoire de l'abbé Faujas, ce sont les fenêtres-côté cour dans Pot-Bouille qui dévoilent l'inaudible, c'est la fenêtre de Gervaise interrogeant les trottoirs (ligne 34). La description va alors souligner la misère que le champ lexical du manque va mettre en valeur : le lambeau de perse déteinte (ligne la misérable chambre garnie (ligne dont un tiroir manquait (ligne un pot à eau ébréché (ligne ses flancs vides (ligne des chemises et des chaussettes sales (ligne un châle troué (ligne 22) La carence est totale, matérielle, hygiénique et intellectuelle et souligne la détresse de Gervaise. [...]
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