Au XVIIIe siècle, c'est par le récit de voyages que l'Orient est abordé. Dès cette époque, il représente un objet de curiosité, comme en atteste le célèbre exemple des Lettres persanes de Montesquieu, en particulier de la lettre 80. Mais c'est surtout la traduction française des Contes des mille et une nuits qui déclenche la vogue de l'orientalisme et la rêverie liée à l'exotisme (...)
[...] De vrai titre Zadig ou la destinée, le livre est divisé en 19 chapitres de quelques pages seulement, chacun ayant un titre. Révélateur de la vogue de l'orientalisme et de la rêverie liée à l'exotisme qui sévissait au XVIIIe siècle, cette fascination prête au dépaysement et à la rêverie. Ainsi, ce récit comporte de nombreux rebondissements et sera riche en découvertes et en rencontres pour le héros éponyme. Après l' Approbation et l' Épître dédicatoire à la sultane Sheraa par Sadi nous sommes ici au premier chapitre, Le Borgne où le lecteur va se familiariser avec les personnages, les lieux et l'intrigue qu'il va lui être donné de suivre. [...]
[...] Il choisit Azora la plus sage et la mieux née de la ville ; il l'épousa et vécut un mois avec elle dans les douceurs de l'union la plus tendre. Seulement il remarquait en elle un peu de légèreté et beaucoup de penchant à trouver toujours que les jeunes gens les mieux faits étaient ceux qui avaient le plus d'esprit et de vertu. Voltaire, Zadig, Chapitre 1 (Le Borgne) Moabdar : mot inventé par Voltaire à partir de Moab, pays voisin de la Palestine. [...]
[...] Babylone : ville de Mésopotamie (actuellement l'Irak). Zadig : le juste en hébreu. Il n'affectait rien : il avait peu d'ambition. Rompus : décousus. Turlupinades : plaisanteries grossières (Turlupin était un acteur de farces du XVIIe siècle). Zoroastre : prophète persan du VIIe siècle av. J.-C. Subjuguer : séduire. Obliger : rendre service à. [...]
[...] Il n'avait aucune des grâces ni des vertus de Zadig ; mais croyant valoir beaucoup mieux, il était désespéré de n'être pas préféré. Cette jalousie, qui ne venait que de sa vanité, lui fit penser qu'il aimait éperdument Sémire. Il voulait l'enlever. Les ravisseurs la saisirent, et dans les emportements de leur violence ils la blessèrent, et 35 firent couler le sang d'une personne dont la vue aurait attendri les tigres du mont Imaüs (18). Elle perçait le ciel de ses plaintes. [...]
[...] Aidé seulement de deux esclaves, il mit les ravisseurs en fuite et 40 ramena chez elle Sémire, évanouie et sanglante, qui en ouvrant les yeux vit son libérateur. Elle lui dit : Ô Zadig ! je vous aimais comme un époux ; je vous aime comme celui à qui je dois l'honneur et la vie. Jamais il n'y eut un cœur plus pénétré que celui de Sémire. Jamais bouche plus ravissante n'exprima des sentiments plus touchants par ces paroles de feu qu'inspirent le sentiment du plus grand des bienfaits et 45 le transport le plus tendre de l'amour le plus légitime. [...]
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