Déçu par l'infidélité de ses deux compagnes successives, condamné pour avoir fait preuve d'esprit critique puis innocenté, victime de la jalousie de l'Envieux, Zadig vient de recevoir le prix de générosité et se trouve encore à Babylone, malgré les déconvenues rencontrées. Dans ce chapitre, il est nommé premier ministre et parvient à mettre en place une politique éclairée.
C'est alors l'occasion pour Voltaire, à travers cette nomination, de s'autoriser le portrait d'un gouvernant idéal, non sans résonance évidemment avec la politique intérieure de son époque (...)
[...] Zadig dit ensuite la même chose au cadet : Dieu soit loué, répondit-il, je vais rendre à mon père tout ce que j'ai ; mais je voudrais qu'il laissât à ma sœur ce que je lui ai donné. - Vous ne rendrez rien, dit Zadig, et vous aurez les trente mille pièces : c'est vous qui aimez le 35 mieux votre père. Une fille fort riche avait fait une promesse de mariage à deux mages, et, après avoir reçu quelques mois des instructions de l'un et de l'autre, elle se trouva grosse. [...]
[...] Il choisit Zadig pour remplir cette place. Toutes les belles dames de Babylone applaudirent à ce choix ; car depuis la fondation de l'empire il n'y avait jamais eu de ministre si jeune. Tous les courtisans furent fâchés ; l'envieux en eut un crachement de sang, et le nez lui enfla prodigieusement. Zadig ayant remercié le roi et la reine, alla remercier aussi le perroquet : Bel oiseau, lui dit-il, c'est vous qui m'avez sauvé la vie, et qui m'avez fait premier ministre : la chienne et le cheval de Leurs Majestés m'avaient fait beaucoup de mal, mais vous m'avez fait du bien. [...]
[...] À l'instar d'une fable, Zadig va alors se mettre au service de la morale préétablie. Il sait rétablir l'équité et distinguer le bon fils du mauvais fils ainsi que le bon mari du mauvais mari. Un chapitre entre conte et fable La dualité de ce chapitre rappelle celle de la fable avec : - un récit vif et plaisant tenant l'attention du lecteur en éveil - l'importance accordée au partage entre discours à valeur générale et illustration vivante - l'alternance entre le récit et le discours direct, procédé essentiel pour donner du rythme au récit - deux parties nettement individualisables : une première partie ressemblant à une scène d'exposition et qui va permettre au lecteur de se familiariser avec l'exemplum qui sera développé. [...]
[...] - les illustrations de la fonction du ministre : lignes 18 à 48 Sortes d'exemplums, elles commencent par une observation (ligne 18 à 21) qui a une portée philosophique que suggèrent les termes nations et principe : C'est de lui que les nations tiennent ce grand principe (ligne 18). Dès la fin de ce paragraphe, l'issue du récit est annoncée : Son principal talent était de démêler la vérité, que tous les hommes cherchent à obscurcir (lignes 20-21). L'exemple que va ensuite donner Voltaire (lignes 22 à 35) présente une structure rythmée et tout le problème se trouve résumé en quelques phrases : les deux frères divergent sur l'interprétation à donner du testament du père. L'opinion publique s'en mêle, et le problème paraît alors irrésoluble. [...]
[...] Quand il jugeait une affaire, ce n'était pas lui qui jugeait, c'était la loi ; mais, quand elle était trop sévère, il la tempérait, et, quand on manquait de lois, son équité en faisait qu'on aurait prises pour celles de Zoroastre. C'est de lui que les nations tiennent ce grand principe : qu'il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. Il croyait que les lois étaient 20 faites pour secourir les citoyens autant que pour les intimider. Son principal talent était de démêler la vérité, que tous les hommes cherchent à obscurcir. Dès les premiers jours de son administration il mit ce grand talent en usage. [...]
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