Le recueil Feux qui fait l'objet de notre étude a été rédigé par Marguerite Yourcenar en 1935 et publié en 1936. Ce recueil est le produit d'une crise passionnelle entre Marguerite Yourcenar et son ami homosexuel, dont elle est amoureuse, André Fraigneau.
Le recueil Feux s'articule de neuf nouvelles d'inspiration mythologique et religieuse entrecoupées d'apophtegmes qui ont tous pour sujet différentes notions de l'amour. Durant les nombreuses études que nous avons réalisées sur cette oeuvre, nous avons pu mettre en relation ces différentes notions avec l'écriture même de l'écrivain (...)
[...] Le pâle capitaine pendait aux vergues du trois-mâts submergé par la Faute : le fils du charpentier expiait les erreurs de calcul de son Père éternel. Je savais que rien de bon ne naîtrait de son supplice : le seul résultat de cette exécution serait d'apprendre aux hommes qu'on peut se défaire de Dieu. Le divin condamné ne répandait sur terre que d'inutiles semences de sang. Les dés plombés du Hasard tressautaient vainement dans le poing des sentinelles : les lambeaux de la Robe infinie ne suffisaient à personne pour s'en faire un vêtement. [...]
[...] Introduction Nous allons nous intéresser à l'une des neuf nouvelles de Marguerite Yourcenar. Cette nouvelle s'intitule Marie-Madeleine ou le salut Avant de voir comment l'écrivain se réapproprie le mythe biblique et de voir quels feux peuvent brûler dans cette nouvelle, nous allons d'abord nous pencher sur cette figure bien connue du monde chrétien. Marie-Madeleine est une figure très complexe puisque c'est une femme qui a plusieurs origines. Il n'existe pas une seule Marie-Madeleine. C'est pour cela qu'elle est une figure qui a fortement inspiré une multitude d'artiste, de part son côté séduisant et énigmatique. [...]
[...] Je te conjure de le faire, mon fils. J'en éprouverais une telle joie, une telle fierté, une telle reconnaissance Jésus : Mère, c'est pour te plaire que lors de ces noces, j'ai accompli mon premier miracle. J'ai changé l'eau en vin. Pour te plaire encore, au terme de ce voyage, j'accomplirai un nouveau miracle. Le Miracle des miracles. Il me faut m'en retourner au Père céleste, puisque telle est Sa volonté. Mais trois jours après ma mort, j'apparaitrai une nouvelle fois et vous verrez tous. [...]
[...] L'impossibilité où il était de m'aimer créait entre nous une similitude plus forte que ces contrastes du sexe qui servent entre deux êtres humains à détruire la confiance, à justifier l'amour : tous deux, nous désirions céder à une volonté plus forte que la nôtre, nous donner, être pris : nous allions au-devant de toutes les douleurs pour l'enfantement d'une nouvelle vie. Cette âme aux longs cheveux courait vers un Epoux. Il appuyait son front à la vitre de plus en plus ternie par la buée de son souffle : les yeux las des étoiles ne nous épiaient même plus ; une servante aux aguets de l'autre côté du seuil prenait peut-être mes sanglots pour des hoquets d'amour. [...]
[...] Dieu seul était resté couché sur la banquette de cuir : d'instinct, je reconnus ces pieds usés jusqu'à l'os à force d'avoir marché sur tous les chemins de notre enfer, ces cheveux peuplés d'une vermine d'astres, ces vastes yeux purs comme les seuls morceaux qui lui restaient de son ciel. Il était laid comme la douleur ; il était sale comme le péché. Je tombai à genoux, ravalant mon crachat, incapable d'ajouter un sarcasme à l'horrible poids de cette détresse de Dieu. Je vis tout de suite que je ne pourrais le séduire puisqu'il ne me fuyait pas. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture