Philosophe et essayiste français de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe, Alain étudie ici une spécificité du genre romanesque dans son ouvrage majeur : "Système des Beaux-arts", paru en 1920. Pour lui "il n'y a point de fatalité dans le roman ; au contraire, le sentiment qui y domine est d'une vie où tout est voulu, même les passions et les crimes, même le malheur."
Ce qui nous invite spontanément à poser la question suivante : pour quelles raisons, l'univers romanesque, dans lequel se meuvent des personnages fictionnels, n'admet-il pas de « fatalité »? La notion de fatalité nous renvoyant à une destinée inéluctable, à laquelle le personnage ne peut se soustraire, car elle est « préécrite », par conséquent ses actions n'y peuvent rien changer.
La première étape de notre étude va donc d'abord consister à définir les “notions clés” auxquelles Alain se réfère. Notion incontournable de cet argument, la “fatalité” trouve son origine dans le “fatum” latin, qui correspond à “ce que les Dieux ont voulu”. Elle introduit donc d'emblée un déterminisme dans la vie du sujet concerné et peut être expliquée dans deux sens différents : premièrement ; comme l'intervention d'une force supérieure, une intervention divine – comme c'est le cas dans la tragédie racinienne de Phèdre, dans laquelle la passion qui ronge la protagoniste est le fait d'une vengeance céleste, celle de la déesse Vénus - et secondement ; en tant que destinée ou circonstance inévitable, car écrite.
[...] C'est bien parce qu'il a choisi de ne pas tenir de comptes pour ses consultations médicales, parce qu'il ne voulait pas avoir à demander de l'argent aux malades qu'il mettra la vie de la Souleiade en péril par la suite. Cette vision du personnage directeur du récit, en tant que décideur dont Alain Touchard dit Le personnage de roman est un personnage qui s'accomplit contre vents et marées et qui tend à prouver que tout homme porte en soi son destin, les événements extérieurs étant impuissants à l'en détourner. ( . ) La fatalité du roman est dans le personnage. [...]
[...] Il apparait que l'histoire a un “caractère abstrait” et “rapporte les actions à des causes extérieures”, raison pour laquelle elle se rapporterait nécessairement à “l'idée fataliste” pour reprendre ses termes. A l'inverse, le roman, qu'il considère comme une “rêverie” est exclusivement humain et n'a donc pas de lien avec une destinée écrite ni avec une volonté divine. Pour prouver cet argument, il s'appuie sur une opposition : au contraire, l'impression qui se dégage du roman est une impression de liberté, de volonté qui fait que “passions”, et “malheur” sont consentis. Comme si la sensation qui ressortait était celle d'une maîtrise totale de ce qui arrive aux personnages. [...]
[...] Pour lui il n'y a point de fatalité dans le roman ; au contraire, le sentiment qui y domine est d'une vie où tout est voulu, même les passions et les crimes, même le malheur. Ce qui nous invite spontanément à poser la question suivante: pour quelles raisons, l'univers romanesque, dans lequel se meuvent des personnages fictionnels, n'admet-il pas de fatalité ? La notion de fatalité nous renvoyant à une destinée inéluctable, à laquelle le personnage ne peut se soustraire, car elle est préécrite par conséquent ses actions n'y peuvent rien changer. [...]
[...] Elle peut également prendre le sens d'une exaltation amoureuse particulièrement intense. Dans ce contexte, le mot pourrait prendre les deux sens. Les dont parle Alain semblent ne pas se réduire au fait meurtrier, mais prendre la dimension plus large d'actes répréhensibles, blâmables. Enfin, le malheur c'est la mauvaise fortune, une situation douloureuse, pénible, affligeante. Sous une apparence possiblement fastidieuse, cette étape de définition est pourtant indispensable pour la poursuite du cheminement argumentatif et va dès lors nous permettre d'élucider cet argument énoncé par Alain. [...]
[...] Dans cette série de multiples ouvrages, Zola, montre toute l'influence du milieu social sur les comportements individuels et le poids écrasant de l'hérédité sur les générations au sein d'une même famille. C'est par exemple, la transmission de l'alcoolisme qui transparait dans le personnage de Nana (Anna Coupeau) dans le roman Nana et hérité de ses parents Coupeau et Gervaise. L'alcoolisme parental se manifeste dans la “perversion morale et physique” suivant les termes de Pascal Rougon qui la caractérise. Pourquoi cette explication ? Parce qu'ici, la destinée des personnages est doublement déterminée : par le milieu, et par l'hérédité mais aussi par l'écrivain qui construit le récit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture