Dans cette première partie de Voyage au bout de la nuit où le narrateur personnage Ferdinand Bardamu évoque les horreurs de la guerre dans laquelle il s'est enrôlé, la rencontre avec un déserteur appelé Robinson constitue une étape décisive dans le parcours du héros : c'est un personnage prépondérant dans l'histoire représentant un point moteur dans le récit car il intervient de façon récurrente pour déterminer l'avancée du personnage et structurer le roman.
La rencontre prend part dans le cadre très particulier d'une mission solitaire de Bardamu, envoyé en éclaireur pour s'enquérir de la présence ou de l'absence de l'ennemi allemand dans le secteur. La rencontre est donc d'emblée placée sous le signe du danger, ce qui détermine la particularité de cette confrontation. Comment, à l'issue de ce face à face, peut-on pressentir la particularité de cette rencontre et l'importance de ce nouveau personnage ?
[...] Dès lors, c'est par le discours de l'inconnu et ses paroles rapportées par Bardamu que la figure de Robinson se dessine. Par l'énumération des étapes de son périple, il se présente comme une sorte de figure solitaire, l'archétype du déserteur, ne cherchant pas à se justifier et affirmant sa volonté la plus simple de sauver sa peau en tirant sournoisement profit des situations hasardeuses survenues à son régiment. Son acte de désertion, qui n'est pas un acte anodin en temps de guerre, est simplement présenté comme une escapade, pour foutre le camp j'ai donc pris par le long d'un petit bois illustré symboliquement par son dépouillement de toute arme: j'ai laissé tomber le barda et puis les armes aussi la forte connotation de cet acte étant renforcée par la mare à canards dans laquelle Robinson les a laissées. [...]
[...] Ce contraste inaugure le climat mystérieux, renforcé par l'évocation des éléments urbains des rues, des avenues, des réverbères mais désertés, vides de toute présence humaine: c'est le vide, le silence cependant aucun bruit Le nom du village lui-même, Noirceur-sur-Lys, sonne comme un écho à ce néant. L'angoisse est d'autant plus palpable que le narrateur évoque l'étrangeté de la situation: l'on ne sait si l'ennemi est déjà passé par là, du fait de leur habitude de tout bruler. Il y a rappel de la situation de la guerre: Bardamu évoque les Allemands, les canons. L'on assiste donc à une drôle de guerre une situation qualifiée de louche par Bardamu, sans dévastation mais sans vie ordinaire non plus. [...]
[...] Mais le lecteur est déjà prévenu de l'aspect capital de ce personnage, la voix rétrospective du narrateur disant qu'après bien des années, le souvenir de cette silhouette demeure vif. Ce qui attise au premier abord la curiosité de Bardamu, ce n'est cependant pas l'aspect physique de Robinson mais son statut de réserviste. L'adjectif cardinal le premier réserviste que je rencontrais dans la guerre témoigne de la particularité de la fonction de l'inconnu, se démarquant déjà par cela tandis que l'armée se veut une institution ou les fonctions occupées sont rarement synonymes d'individualité. [...]
[...] moi, je suis un réserviste Ils évoquent en tout premier lieu les Allemands, se demandant s'ils sont présents ou non. Les toutes premières paroles du fantassin sont Gueule pas si fort! un appel légitime au silence lorsque le danger est partout. Sortant de l'herbe, il fait presque figure de bête traquée. Ainsi, la rencontre prend part dans une atmosphère peu conventionnelle: le narrateur dessine un cadre chargé de peur et de mystère, et lorsque les personnages se confrontent, l'omniprésence du danger et la situation martiale se font ressentir plus que tout autre élément. [...]
[...] Similitudes entre Robinson et Bardamu 2. La rencontre picaresque 3. [...]
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