Après l'absurdité des tranchées, l'Afrique noire et l'imposture coloniale, l'exploitation capitaliste américaine, Bardamu est de retour en France. Après cinq ou six années de tribulations académiques sur lesquelles Céline passe, voici le personnage-narrateur, médecin à son compte en banlieue dans la commune imaginaire de la Garenne-Rancy.
Le récit laisse alors sa place à une banlieue poisseuse qui sera le théâtre de la suite du récit et que nous découvrons ici. Ainsi tenterons nous de montrer comment cette peinture de la banlieue et des banlieusards à certains égards réaliste exprime néanmoins la subjectivité de l'auteur, d'abord par la prégnance de sa thématique ordurière, ensuite par la dominante ironique et satirique et enfin, par la dénonciation de cet environnement délabré et déshumanisé qu'est la banlieue parisienne.
[...] - Actualité : le réalisme tient aussi à l'actualité en effet en 1932 l'expansion de la réalité est un phénomène, les signes de la modernité sont présents : le métro, le tramway . Tout ceci converge à donner une image réaliste, actuel et daté. Ici Céline est témoin de son époque. - Familiarité et connivence : adhésion, complicité, cette impression de vérité est marquée par l'emploi constant d'éléments d'embrayage, éléments qui mettent en relation l'énoncé avec la situation réelle de l'énonciation. [...]
[...] - La modernité c'est la déshumanisation : nostalgie du temps passé lorsque l'on travaillait où l'on vivait, toutes les mutations modernes créeront des bouleversements psychologiques qui feront du voyage un témoin de son époque. Une vision renouvelée de Paris - L'extension de la banlieue : la banlieue est la pire erreur dont l'homme est fait, elle ne doit pas exister. C'est une erreur majeure. La banlieue c'est le territoire des exclus, c'est pour cela qu'il faut la supprimer. Céline utilise le langage des banlieusards, une langue adaptée, il emploie la langue de ceux dont il parle. [...]
[...] Au-delà de la peinture de la banlieue Céline dénonce la tristesse et l'absurdité de la vie de certains hommes victimes de l'urbanisation. Description magique de Paris mais pas de la banlieue. Une vision du monde Ainsi le procédé de dénonciation est subtil, qu'il s'agisse de Rancy ou de Detroit il englobe toutes les figures des banlieusards et se montre romancier et déjà pamphlétaire. Rancy est aussi sinistre que Detroit c'est l'homme qui fabrique des lieux orduriers pour les parquer, c'est inéluctable. Texte non réaliste, c'est une prise de position, dénonciation viscérale. [...]
[...] De plus Céline est le premier à parler de la banlieue dans le roman. - La description est considérée selon divers points de vue, jeu des points de vues. D'abord vu d'ensemble de la plaine, puis recul, le champ de vision est élargi puis rétréci, il va du ciel aux bâtisses puis aux cheminés, grande mobilité des déplacements du regard. Le regard suit les déplacements des banlieusards, le lecteur peut suivre leurs migrations. C'est une technique balzacienne. En revanche, à l'inverse de ces techniques, Céline va employer, des verbes d'état, la répétition constante de l'auxiliaire être, du représentatif des phrases nominales, de la tournure "ça fait pareil" . [...]
[...] Les voyageurs sont comparés, ces images traduisent plus la vision générale du monde de Céline qu'à celle de la banlieue. L'ensemble de la transposition visionnaire finit par déstructurer le réel. A l'issue de la lecture on sait que ce n'est plus le réel, on a un visionnaire et non pas une vision "les robes découragées"). -Le noircissement : "noircir et se noircir" en effet tel est le résultat de la peinture de la banlieue, qui est dérision générale et une déformation générale constituée de pessimisme et de pathétisme. [...]
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