C'est en 1763 que paraît le Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas. Depuis 1762, date à laquelle Voltaire entreprend la rédaction de l'ouvrage, il ne s'agit plus seulement de demander la réhabilitation de ce protestant toulousain, accusé injustement d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Désormais l'auteur de Candide s'interroge sur les raisons qui l'ont fait condamner à tort, et instruit en retour le procès du fanatisme et de l'intolérance. Il fait à la fois l'historique de l'affaire Calas, et celle de l'intolérance religieuse à travers les âges. Le chapitre 23 est à la fois la conclusion et le sommet de l'oeuvre. Partant des persécutions religieuses pratiquées par le christianisme à l'égard des protestants, Voltaire s'élève jusqu'au tribunal suprême en quelque sorte, celui de Dieu, et lui demande d'instaurer le règne de la tolérance universelle.
Ce texte célèbre, intitulé Prière à Dieu nous frappe dès l'abord par sa gravité, sa majesté et sa force de conviction. A partir de l'affaire Calas, la tolérance est devenue le fond et le centre de la doctrine voltairienne. Elle est le remède approprié au fanatisme et à la violence, qui risquent de faire sombrer notre civilisation. Aussi Voltaire se livre-t-il dans ce passage à un plaidoyer ardent adressé aux hommes pour appeler à l'avènement de la tolérance universelle, entre les diverses confessions religieuses.
Mais en même temps, l'auteur supplie et invoque Dieu présent également à travers toute cette page, et plus précisément dans l'exorde (ligne 1 à 6). L'éducation reçue auprès des Jésuites, au collège Louis le Grand, l'expérience du monde, les affrontements successifs avec le parti dévot, les protestants, les jansénistes et même les athées, lui ont permis de façonner peu à peu cette doctrine particulière, qu'on appelle le déisme.
Nous analyserons donc en premier lieu les arguments du philosophe en faveur de la tolérance, d'abord en général, puis du point de vue religieux. Puis nous tenterons de définir le déisme voltairien et sa conception pessimiste de l'existence. Enfin dans toute cette page, Voltaire s'efforce de parler à notre sensibilité et à notre raison. Quels moyens, quel style emploie-t-il pour nous persuader et nous convaincre ? (...)
[...] Mais en fait, Voltaire est assez habile ici pour suggérer des nuances qu'il se garde bien de formuler expressément. Son Dieu n'est-il pas plutôt le dieu des philosophes, esprit pur et souverain, fort lointain et assez froid ? Les attributs de la majesté divine, puissance, infinité, éternité, sont opposées à l'infirmité( ligne des créatures éphémères, ignorantes , malheureuses, soumises à une loi implacable. Ainsi l'écrivain nous trace de la condition humaine un tableau comparable à celui de Pascal dans la première partie de son apologie, Misère de l'homme sans Dieu Mais l'équivoque subsiste ici encore : est- ce là une loi de nécessité, le déterminisme universel, ou la transposition du péché originel ? [...]
[...] Cependant il arrive, comme ici, que Voltaire établisse un contact vrai et sincère avec Dieu, et manifeste sa confiance en la bonté souveraine. Dans sa péroraison, il ne demande rien, car il ne peut y avoir réciprocité entre Dieu et sa créature. Prier, c'est adorer, se soumettre comme Zadig devant l'ange Jesrad, et espérer l'avènement de la tolérance universelle. ( ( ( En définitive, la sincérité éclate dans cette prière à la fois solennelle et simple. L'auteur s'humilie lui-même pour mieux toucher les hommes qu'il entend humilier. [...]
[...] Traité sur la tolérance chapitre 23 (1763) Vous ferez le commentaire composé de ce texte de Voltaire. INTRODUCTION C'est en 1763 que paraît Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas Depuis 1762, date à laquelle Voltaire entreprend la rédaction de l'ouvrage, il ne s'agit plus seulement de demander la réhabilitation de ce protestant toulousain, accusé injustement d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Désormais l'auteur de Candide s'interroge sur les raisons qui l'ont fait condamner à tort, et instruit en retour le procès du fanatisme et de l'intolérance. [...]
[...] En raison de l'internationalisation des échanges, et de l'interdépendance des nations, il y a aujourd'hui obligation pour tous les pays de s'ouvrir à autrui, et d'accepter l'étranger avec toutes ses différences. On peut dire que la mondialisation fait de la tolérance un devoir. Enfin, après la réhabilitation de Calas en 1764, Voltaire a été l'un des premiers à faire évoluer le rôle de l'écrivain : d'historiographe du roi, de poète et de conseiller du despotisme éclairé, il est devenu le guide, l'intellectuel qui éclaire l'opinion en face du pouvoir, comme le fera Zola, un siècle plus tard, dans l'affaire Dreyfus. [...]
[...] Surtout l'écrivain ne veut considérer ni la foi ni le dogme, mais les seuls détails extérieurs de la pratique et du rite : ces petites différences »(ligne8) ces petites nuances (ligne 12) importent peu pourvu qu'on adore la divinité. Pour Voltaire, il s'agit avant tout, de réduire le plus possible les différences entre les hommes ; ce ne sont que des prétextes sans importance pour s'entretuer. L'auteur dévalorise autant le jargon, le latin d'église incompréhensible au peuple, que le français usité par les protestants, intelligible à tous. En effet, les pratiques extérieures sont des éléments superficiels et ridicules, seuls importent la tolérance et l'humanité. [...]
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