Le chapitre IV est le chapitre central du conte et relate l'arrivée des géants sur Terre. On voit les deux personnages qui dialoguent en observant le globe terrestre à la recherche, notamment, d'une éventuelle trace de vie.
I- Une découverte du globe terrestre
Dans ce chapitre, l'arrivée des deux extraterrestres sur la Terre donne lieu à une vision extérieure de la planète, que nous ne connaissons pas.
a- Un monde petit
La description de la Terre est faite de façon assez péjorative, en utilisant les critères de taille des deux extraterrestres :
- la Méditerranée est une mare, presque imperceptible (ligne 12)
- le grand Océan, un petit étang (ligne 13)
- le continent, une taupinière (ligne 13)
- les fleuves, des petits ruisseaux (ligne 27)
- et les montagnes, des petits grains pointus (ligne 29).
Le décalage culmine lorsqu'ils découvrent une baleine. En effet pour eux, c'est quelque chose d'imperceptible : Enfin l'habitant de Saturne vit quelque chose d'imperceptible qui remuait entre deux eaux dans la mer Baltique : c'était une baleine (lignes 48-49), alors que c'est l'être vivant le plus gros de la planète. La mettant sur son pouce (Il la prit avec le petit doigt fort adroitement ; et la mettant sur l'ongle de son pouce, lignes 49-50), le Saturnien rend comique la petitesse de la description.
Au total, ce qui pour les humains peut être considéré comme gigantesque est apprécié par Micromégas et le Saturnien comme petit, ainsi que le rappelle la répétition de l'adjectif petit : il y a un effet constant de contraste et de paradoxe (...)
[...] dit Micromégas, ce ne sont peut-être pas non plus des gens de bon sens qui l'habitent (lignes 34-35). Lorsqu'ils sont évoqués explicitement, ils sont animalisés : aux petits êtres qui rampent ici (ligne 17). Enfin, même une fois avérée à l'aide de diamants utilisés comme des microscopes (il s'aperçut, en les approchant de ses yeux, que ces diamants, de la façon dont ils étaient taillés, étaient d'excellents microscopes, lignes 43 à leur existence est témoignée par l'expression ironique une volée de philosophes (lignes 59-60), allusion à l'expédition en Laponie de Maupertuis, homme de sciences brouillé avec Voltaire (qui l'attaqua sans ménagements : le docteur Akakia Au terme du chapitre, toutes les observations faites de la Terre sont dépréciatives, grâce à des éléments qui contribuent à relativiser l'importance de l'Homme et de la Terre dans l'univers. [...]
[...] Comme ces étrangers-là vont assez vite, ils eurent fait le tour du globe en trente-six heures ; le soleil, à la vérité, ou plutôt la terre, fait un pareil voyage en une journée ; 10 mais il faut songer qu'on va bien plus à son aise quand on tourne sur son axe que quand on marche sur ses pieds. Les voilà donc revenus d'où ils étaient partis, après avoir vu cette mare, presque imperceptible pour eux, qu'on nomme la Méditerranée, et cet autre petit étang qui, sous le nom du grand Océan, entoure la taupinière. Le nain n'en avait eu jamais qu'à mi-jambe, et à peine l'autre avait-il mouillé son talon. [...]
[...] De plus, désigné plaisamment par les expressions taupinière (ligne 13) ou tout semble être ici dans le chaos (ligne ces qualificatifs du globe terrestre, outre leur aspect péjoratif qui invite au relativisme, évoque les différents récits de la création : .dans la Mythologie grecque, Prométhée créa l'homme à partir d'une motte d'argile .dans la Bible, la terre était un chaos et Dieu façonna l'homme de la poussière tirée du sol, comme un potier (d'où Adam : le glaiseux .pour Ovide, la terre était un chaos : terre, mer et air étaient mélangés. Des habitants dévalorisés Dans un premier temps, la description de la Terre occulte complètement l'Homme. En effet, étant imperceptible pour les géants, la hiérarchie humaine est renversée : c'est ainsi la baleine qui semble monopoliser l'ascendant et relativiser l'importance de l'Homme sur terre. C'est même l'ironie qui va décrire leur possible existence, lorsque Micromégas suppose que les habitants de la planète n'ont pas de bon sens : Eh bien ! [...]
[...] Là encore Voltaire témoigne la portée philosophique : ne pas juger ce que l'on ne connaît pas en fonction de ce que l'on voit. Conclusion Ce chapitre confirme tout ce dont la société de l'époque faisait débat concernant l'importance de la Terre et de l'Homme dans l'univers. Ainsi, les observations de la Terre provoquent une dispute assez vive entre les deux géants, tournant assez rapidement en faveur de Micromégas qui donne au Saturnien une leçon sur la bonne manière de juger. Il illustre ainsi parfaitement l'esprit d'examen revendiqué par les Lumières. [...]
[...] Micromégas est un court conte philosophique, paru en 1752, qui invite à suivre un héros extraterrestre à travers l'immensité de l'espace et la visite de différentes planètes, dont notre bonne vieille Terre. L'ouvrage est très représentatif du statut mondain et plaisant du conte littéraire au XVIIIe siècle. Si plusieurs passages de Micromégas font allusion à des actualités de la première moitié de ce siècle, rétrospectivement il a été considéré comme un des tout premiers ouvrages de science-fiction. Au cours de ce voyage, à la fois merveilleux et philosophique, Voltaire amène le lecteur à réfléchir à des préoccupations essentielles d'alors : Quelle place tient l'être humain dans le cosmos ? [...]
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