La lettre X, consacrée à un thème qui intéressait particulièrement Voltaire à la fois sur le plan personnel et sur le plan d'une réflexion économico-philosophique, est conçue comme une unité démonstrative. Le texte se présente en effet, dans sa totalité, comme une argumentation visant à prouver l'importance du commerce à partir de l'exemple de l'Angleterre. Voltaire s'efforce de montrer, preuves historiques à l'appui, que le commerce est le moteur non seulement de l'économie mais de la grandeur d'une nation dont il favorise à la fois la liberté et le bonheur. Cette conception, qui s'inscrit dans toute une réflexion caractéristique des préoccupations du siècle, est assez représentative de l'idéologie voltairienne (...)
[...] Il s'agit ici de bonheur matériel, lié au développement commercial, puisque le mot se trouve clairement associé au négociant qui établit des liaisons commerciales à travers le monde, à différents pays importants sur le plan commercial Surate le Caire Voltaire pose ici les bases d'une réflexion qui se développera, peu de temps après dans les Lettres philosophiques, dans Le Mondain, et qui s'attache à montrer que les biens matériels et le progrès sont des éléments fondamentaux du bonheur. Le débat sur la relation entre le progrès et le bonheur domine les recherches des Lumières. [...]
[...] Ils ne savaient pas, quand ils gagnaient les batailles d'Azincourt, de Crécy, et de Poitiers, qu'ils pouvaient vendre beaucoup de blé et fabriquer de beaux draps qui leur vaudraient bien davantage. Ces seules connaissances ont augmenté, enrichi, fortifié la nation. Londres était pauvre et agreste lorsque Edouard III conquérait la moitié de la France. C'est uniquement parce que les Anglais sont devenus négociants que Londres l'emporte sur Paris par l'étendue de la ville et le nombre des citoyens; qu'ils peuvent mettre en mer deux cents vaisseaux de guerre, et soudoyer des rois alliés. [...]
[...] Milord Townshend, ministre d'État, a un frère qui se contente d'être marchand dans la Cité. Dans le temps que milord Orford gouvernait l'Angleterre, son cadet était facteur à Alep, d'où il ne voulut pas revenir, et où il est mort. Cette coutume, qui pourtant commence trop à se passer, paraît monstrueuse à des Allemands entêtés de leurs quartiers; ils ne sauraient concevoir que le fils d'un pair d'Angleterre ne soit qu'un riche et puissant bourgeois, au lieu qu'en Allemagne tout est prince; on a vu jusqu'à trente altesses du même nom n'ayant pour tout bien que des armoiries et une noble fierté. [...]
[...] La critique explicite Elle atteint les Allemands et les Français : mépris aristocratique du commerce. Un attachement injustifié aux signes de la noblesse : le choix de termes dépréciatifs accentue la critique entêtés de leurs quartiers de l'orgueil Dénonciation de la vanité attachée aux titres et de l'importance qu'on leur accorde : insistance sur l'autosatisfaction donnée au style direct, un homme de ma qualité sur le mépris affiché pour le commerce. La vanité d'une attitude servile : mise en scène ironique qui oppose deux types de comportement : Le portrait du grand qui est tracé ici fait ressortir tous les défauts d'une aristocratie présentée comme servile et futile (connaissance des horaires du roi et rôle de courtisan) qui ne s'attache qu'à l'apparence et à l'étiquette. [...]
[...] La première association est celle du commerce et de la liberté. La fin du texte apporte un élément nouveau qui est le bonheur. Il est intéressant d'étudier comment se crée la relation entre les trois. Commerce et liberté Dès le début du texte, le commerce est présenté comme un élément important de l'accession à la liberté a contribué à les rendre libres Une relation cyclique de cause à effet souligne l'interaction qui fait que le commerce engendre la liberté, qui favorise elle-même le commerce. [...]
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