[...] Conformément aux règles d'une bonne exposition, le passage met en place le récit et le monde de la fiction où le lecteur est invité à pénétrer.
Dans la relation du débarquement de l'Ingénu et de sa rencontre avec les Kerkabon, la narration domine largement. Le narrateur s'est placé derrière le prieur et sa soeur, et c'est à travers ces deux personnages que nous découvrons la scène. Deux passages (ligne 1 à 4 et 16 à 27), dont le second est dialogué, encadrent le paragraphe central (5 à 15), consacré à une pause descriptive, le portrait du héros.
Ayant à traiter le thème de la rencontre, Voltaire commence aussitôt par parodier ces scènes de comédie ou de roman, où l'héroïne, à la vue du jeune premier, "au teint de lis et de rose", est la victime d'un coup de foudre dévastateur : "La courte et ronde demoiselle le regardait de tous ses petits yeux" (24). Par ailleurs, il reprend la scène des retrouvailles extraordinaires entre parents retrouvant enfin après de longues années le fils ou le neveu chéri.
Puis l'auteur nous présente les personnages dans le paragraphe central en particulier, le plus important. Simultanément l'intrigue est lancée grâce au choix de détails significatifs et symboliques. Les Bretons invitent l'inconnu "au prieuré de Notre Dame de la Montagne" (23). Voltaire annonce ainsi clairement la satire antireligieuse, la religion et les ecclésiastiques, responsables de tant d'abus et de croyances fausses. Mais il n'oublie pas non plus la présence des Anglais (1 et 2), qui pour l'instant, font semblant de faire du commerce. La suite nous apprendra cependant qu'ils sont venus en éclaireurs, et vont essayer d'envahir la région. Ce sera l'occasion rêvée pour l'Ingénu de démontrer son courage et d'affirmer sa qualité de héros en repoussant cette attaque sournoise. Nous remarquons aussi un autre élément déterminant pour l'avenir : la disponibilité du jeune homme : "il n'en savait rien....il était... Il avait voulu ... il était venu et allait (17/18) (...)
[...] Ainsi en 1767, Voltaire fait paraître L'Ingénu un nouveau conte philosophique, qui est publié à Genève sans nom d'auteur. En effet, dans cette deuxième moitié du siècle, l'alliance de la monarchie absolue et du catholicisme devient pour le parti des philosophes une puissance de plus en plus redoutable et menaçante. En témoignent l'exécution des libertins et des protestants, l'emprisonnement de certains philosophes, la censure sévère à l'encontre de leurs œuvres. Avec L'Ingénu paru en 1767, nous découvrons un sauvage, un Huron, débarqué du Canada, mais fait prisonnier auparavant par les Anglais. [...]
[...] Habile régisseur du spectacle, Voltaire les orchestre et les alterne. Le premier paragraphe apparaît en effet comme purement narratif : il équilibre l'imparfait de l'arrière-plan ( s'attendrissaient, arrivait, c'étaient, venaient ligne 1/2 ) avec le passé simple du premier plan ( virent, sautèrent, fut choquée ligne 1/3 Ainsi, grâce aux verbes de mouvement ( entrer, arriver, sauter) , l'histoire devient action. A travers le regard des personnages médiateurs, les Kerkabon, nous suivons des yeux le navire anglais qui entre dans la baie de Rance. [...]
[...] Pourquoi ne répond-t-il pas à la première question ? Il semble bien que, pour lui, le choix d'une destination et la quête d'identité sont nécessairement liés. En effet, l'avenir lui permettra de construire et d'affirmer sa personnalité , et de brute qu'il était , il deviendra homme. Cela se fera de la Bretagne à Paris en passant par Saumur, en affrontant les épreuves et en cultivant les belles-lettres, en prison. Nous apprendrons d'ailleurs son nom un peu plus tard, au moment du souper. [...]
[...] Ensuite, nous examinerons le portrait, ses caractéristiques et les attributs du protagoniste. Enfin nous analyserons l'art du conte, en soulignant le schéma sur lequel il s'appuie, la nervosité du récit, l'ironie et l'humour qui affleurent assez souvent. ( ( ( Conformément aux règles d'une bonne exposition, le passage met en place le récit et le monde de la fiction où le lecteur est invité à pénétrer. Dans la relation du débarquement de l'Ingénu et de sa rencontre avec les Kerkabon, la narration domine largement. [...]
[...] Sa figure et son ajustement attirèrent les regards du frère et de la sœur. Il était nu-tête et nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales, le chef orné de longs cheveux en tresses, un petit 10pourpoint qui serrait une taille fine et dégagée ; l'air martial et doux. Il tenait dans sa main une petite bouteille d'eau des Barbades, et dans l'autre une espèce de bourse dans laquelle était un gobelet et de très bon biscuit de mer. Il parlait français fort intelligiblement . [...]
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