[...] Au XVIIIe siècle, l'Europe connaît un renouveau intellectuel majeur. Les philosophes des Lumières veulent étudier le monde concret et tout examiner à la lumière de la raison. Le maître mot de ces philosophes est "l'entendement", qui désigne la faculté de connaissance de l'homme. La philosophie des Lumières s'intéresse à tous les domaines de la connaissance : elle est encyclopédiste. Ainsi, le philosophe français Voltaire, fait-il publier son oeuvre Dictionnaire philosophique en 1764. Cet ouvrage se présente comme un dictionnaire et chaque mot est expliqué sous la forme d'un article. L'alinéa relatif au terme "Anthropophages" débute ainsi : "Nous avons parlé de l'amour. Il est dur de passer de gens qui se baisent, à des gens qui se mangent". Dans cet article, Voltaire se penche sur la réalité du cannibalisme des sociétés découvertes sur le Nouveau Monde. Face à un tel rite, les nations européennes civilisées manifestent leur hostilité et les mentalités refusent de considérer ces nouvelles populations et leurs usages. Comment l'auteur s'y prend-t-il pour contrer la vision ethnocentrique des Européens dans cet article ? La société occidentale est confrontée à de nouvelles populations, aux rites différents et dérangeants tels que le cannibalisme. Le philosophe porte un regard critique sur les nations européennes, indignées des pratiques "sauvages".
La société occidentale est confrontée à une société anthropophage aux usages différents.
Bien qu'elle soit différente, la société anthropophage est une société cohérente. Voltaire interroge une femme indigène, il souhaite en savoir davantage sur le cannibalisme de cette société. La femme indigène explique son propos : "il valait mieux manger son ennemi mort que de le laisser dévorer aux bêtes" (l.7-8). Pour justifier le cannibalisme de sa société, la femme s'appuie sur un raisonnement. L'expression "il valait mieux [...] que" relève d'une tournure proverbiale. Les paroles rapportées ont une valeur d'aphorisme, ce qui insiste sur la logique du raisonnement, sa justesse et sa crédibilité. Le cannibalisme est justifié (...)
[...] Dans cet article, Voltaire se positionne comme l'exemple, le modèle, qui va vers les autres. Il s'ouvre à autrui et entame dès lors une démonstration de la cruauté des sociétés supposées civilisées. Pour ce faire, le philosophe convoque les arguments historiques pour appuyer son propos et accabler davantage les Européens, qui, de tout temps ont pratiqué des abominations. La dénonciation des pratiques occidentales permet de justifier et de dédramatiser les pratiques anthropophages des sauvages Le constat des abominations pratiquées par les Européens suscite mépris, écœurement et répulsion. [...]
[...] On en déduit donc qu'il s'agit d'une société cohérente. De surcroît, la citation les vainqueurs méritaient d'avoir la préférence (l.8-9) corrobore un processus logique. Le mérite et le privilège sont rattachés à la figure du vainqueur. Cette société semble donc juste. L'anthropophagie de cette société ne résulte pas d'un ardent désir bestial. Voltaire justifie également le cannibalisme avec l'argument de la nécessité. Il procède à un élargissement historique et évoque une réalité primitive, préhistorique. Les hommes étaient chasseurs (l.31) et alors L'habitude de se nourrir de ce qu'ils avaient tué fit aisément qu'ils traitèrent leurs ennemis comme leurs cerfs et leurs sangliers (l.31-33). [...]
[...] Voltaire relativise la gravité d'un tel acte que le cannibalisme. Il parvient à mettre en avant d'autres pratiques tout aussi cruelles et même plus condamnables. Le philosophe lutte contre l'idéologie d'une relation de domination entre les peuples et aimerait que le navire des Occidentaux recalcule sa position dans l'océan de la cohabitation des différentes civilisations. Voltaire souligne donc le fort paradoxe qui blâme le fonctionnement de la société occidentale. Le philosophe appel au respect et à la considération des usages étrangers. [...]
[...] Les philosophes des Lumières veulent étudier le monde concret et tout examiner à la lumière de la raison. Le maître mot de ces philosophes est l'entendement qui désigne la faculté de connaissance de l'homme. La philosophie des Lumières s'intéresse à tous les domaines de la connaissance : elle est encyclopédiste. Ainsi, le philosophe français Voltaire, fait-il publier son œuvre Dictionnaire philosophique en 1764. Cet ouvrage se présente comme un dictionnaire et chaque mot est expliqué sous la forme d'un article. L'alinéa relatif au terme Anthropophages débute ainsi : Nous avons parlé de l'amour. [...]
[...] Voltaire dédramatise l'anthropophagie et propose une analyse logique à un tel comportement. Le regard occidental méprisant voit une société sauvage. L'appellation sauvages (l.1) renvoie à l'ethnocentrisme européen du XVIIIe siècle en réaction à la découverte de nouvelles populations. En effet, les philosophes des Lumières et les humanistes militent contre l'assimilation de ces populations, aux usages différents, à des sauvages. Voltaire souhaite donc rappeler la mentalité de l'époque. Dès le début du texte, on envisage la relation de domination entre les Européens et les populations indigènes du Nouveau Monde. [...]
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