« Pour vivre ici » de Paul Eluard est daté de 1918 et suit donc quatre années d'une guerre éprouvante. On pourrait donc s'attendre à une poésie de plainte, où le lyrisme est présent comme pour les poètes romantiques avec beaucoup d'effusion de sentiments. Pourtant il n'en est rien. Le lyrisme dans ce poème prend une autre forme, mais Paul Eluard se distingue aussi de ses contemporains qui à la sortie de la guerre donnent de l'importance au subconscient et déconstruisent le langage.
[...] Ou du bonheur qu'il a connu avant la guerre ? Toutes ces choses sont énumérées sur les trois derniers vers de la strophe, il y a donc beaucoup de termes juxtaposés qui produisent un effet de richesse, tout cela est donné au feu. Il s'agit de végétaux, d'animaux, mais aussi de constructions de l'homme, tout est regroupé et donné au feu pour le nourrir comme une personne, comme le poète s'est nourri jusqu'à présent. Mais ces éléments qui partent au feu ne seront ils pas détruits ? [...]
[...] En effet, le je allume un feu, cet acte est expliqué par la deuxième partie du premier vers l'azur m'ayant abandonné Cela signifie qu'à ce feu la nuit précède, peut-être que par la nuit le poète désigne la guerre et le monde de ruines qu'elle a laissées. La nuit est directement évoquée au troisième vers, et cette atmosphère déjà angoissante est amplifiée par l'hiver Il fait donc nuit et froid, à l'époque d'une saison où toute forme de vie semble morte et contribue à la solitude du poète. Il est actif puisque le pronom personnel est sujet des verbes, c'est lui qui agit. Son premier acte est de faire du feu. [...]
[...] L'expression du je rappelle un lyrisme classique malgré une absence de sentiment ouvertement déclaré. Les troubles du poète sont cachés dans le sens du poème même et même s'ils dévoilent une situation complexe l'espoir est présent et annonce un nouveau départ. On peut parler d'un lyrisme abstrait que nous dévoile Eluard, pourtant il est éloigné de ces contemporains, car il garde un sens à son poème et n'essaie pas de déconstruire le langage comme le feraient les surréalistes. Eluard deviendra un de leurs piliers, mais à part la confrontation de son rêve d'idéal avec le monde réel, on ne retrouve pas d'élément du surréalisme ici, mais sa rencontre avec Andrée Breton n'interviendra qu'un an plus tard. [...]
[...] C'est le poète qui change cette réalité-là, ce monde, en allumant le feu dès le début du poème. Il introduit la lumière, la vie, et une présence rassurante. Le feu peut représenter l'aurore qui va bientôt arriver et le renouveau prochain, puisqu'après l'hiver viendra le printemps. Le feu pourrait métamorphoser toutes ces choses que le poète jette, tel un phénix qui renaîtrait de ses cendres. Cet animal légendaire est d'ailleurs le titre d'un recueil de Paul Eluard, qui symbolise la résurrection du poète. [...]
[...] Pour vivre ici - Paul Eluard (1918) Pour vivre ici de Paul Eluard est daté de 1918 et suit donc quatre années d'une guerre éprouvante. On pourrait donc s'attendre à une poésie de plainte, où le lyrisme est présent comme pour les poètes romantiques avec beaucoup d'effusion de sentiments. Pourtant il n'en est rien. Le lyrisme dans ce poème prend une autre forme, mais Paul Eluard se distingue aussi de ses contemporains qui à la sortie de la guerre donnent de l'importance au subconscient et déconstruisent le langage. [...]
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