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Virgile met en scène une femme, dont on ne sait rien, en dehors des paroles qu'elle prononce ici : son portrait se dessine donc à travers le discours direct et c'est l'image d'une femme passionnée pour son amant qui s'impose de prime abord dans ces paroles, comme on le voit à :
- la répétition du prénom de son amant, Daphnis : 16 fois dans ces 41 vers. Virgile donne ainsi l'image d'une femme obsédée par la figure de son amant, trait caractéristique de la passion amoureuse.
- la répétition de la formule "Ducite ab urbe domum...", qui exprime le souhait amoureux de cette jeune femme. Ce vers, dont le retour indique d'emblée la passion qui habite cette femme, est en outre lui-même marqué par la répétition ("Ducite... ducite...") et prend la forme d'un vers holodactylique, le plus rapide qui soit : cet effet de rythme souligne nettement l'empressement frénétique de la passionnée.
- l'allusion à Vénus du vers 79 ("je noue les liens de Vénus"), qui confirme que l'entreprise menée par la locutrice et celle qui a l'air son esclave, Amaryllis, est bien de nature amoureuse.
- la souffrance associée à cet amour, qui achève de lui donner le caractère de la passion : Virgile développe la métaphore filée du feu de la passion qui brûle l'amante : "igni" (v.82), "urit" (v.84). Le vers 84 exprime en un chiasme très saisissant ("Daphnis me... ; ego in Daphnide...") la passion réciproque espérée par la locutrice. De même, l'amante souhaite à son amant la même douleur d'amour qui la possède : avec la comparaison de Daphnis à la génisse perdue et en mal de taureau, l'amour, nommé explicitement à deux reprises et de manière anaphorique aux vers 86 et 91 : "Talis amor...", est présenté comme une souffrance, à laquelle l'amante n'aura garde d'apporter un remède : "nec sit mihi cura mederi" (v.90).
- la médisance de l'amant, associée à cette souffrance souhaitée passionnément pour celui dont on n'est pas aimé - rappelons que la passion est égoïste, contrairement au véritable amour, de nature altruiste - : Virgile place en effet dans la bouche de cette amante les adjectifs "malus" (v.84) et "perfidus" (v.92) pour qualifier ce jeune homme (...)
[...] Le vers 84 exprime en un chiasme très saisissant Daphnis me . ; ego in Daphnide la passion réciproque espérée par la locutrice. De même, l'amante souhaite à son amant la même douleur d'amour qui la possède : avec la comparaison de Daphnis à la génisse perdue et en mal de taureau, l'amour, nommé explicitement à deux reprises et de manière anaphorique aux vers 86 et 91 : Talis amor est présenté comme une souffrance, à laquelle l'amante n'aura garde d'apporter un remède : nec sit mihi cura mederi (v.90). [...]
[...] Virgile célèbre ainsi le pouvoir orphique de la poésie. Pour la conclusion : ce texte est donc intéressant à maints égards : il nous plonge dans un univers antique baigné par la magie : cf. la magicienne Médée avec ses herbes, la magicienne de L'Âne d'or d'Apulée. Il montre en outre la poésie comme un refuge et même comme un remède à la déception amoureuse et bien au-delà comme une pratique au pouvoir extraordinaire, dans une mise en évidence de la figure du poète qui n'est pas sans rappeler le mythe d'Orphée. [...]
[...] Une femme passionnée Virgile met en scène une femme, dont on ne sait rien, en dehors des paroles qu'elle prononce ici : son portrait se dessine donc à travers le discours direct et c'est l'image d'une femme passionnée pour son amant qui s'impose de prime abord dans ces paroles, comme on le voit à : la répétition du prénom de son amant, Daphnis : 16 fois dans ces 41 vers. Virgile donne ainsi l'image d'une femme obsédée par la figure de son amant, trait caractéristique de la passion amoureuse. la répétition de la formule Ducite ab urbe domum qui exprime le souhait amoureux de cette jeune femme. [...]
[...] necto : présent de l'indicatif à la 1ère personne du singulier vincula : accusatif neutre pluriel, COD de necto Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnim. ut + indicatif : subordonnée Limus ut hic durescit, et de comparaison (en corrélation haec ut cera liquescit avec sic dans la principale) uno eodemque igni : ablatif, uno eodemque igni, sic complement circonstanciel de nostro Daphnis amore. moyen sic amore : principale dont il faut sous-entendre le verbe (faire) Daphnis : nominatif, sujet du Ramenez de la ville jusqu'à la maison, mes incantations, ramenez Daphnis. [...]
[...] En célébrant le carmen, Virgile loue donc à la fois la parole magique, l'incantation et la parole poétique qui l'exprime. B. Un texte poétique qui met en valeur le pouvoir des mots Ce texte poétique essaie d'opérer sur le lecteur le pouvoir détenu par la magicienne sur son amant. Le lecteur est dans la position de Daphnis et par delà la situation d'énonciation fictive (au double niveau : une femme parle à son amant ; un berger adresse son chant à son public lors d'un concours poétique), la demande d'amour est celle d'un auteur à son lecteur et le texte en est le moyen. [...]
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