Les Pensées appartiennent au genre du traité apologétique. Ainsi, l'écriture et la parole pascaliennes ont une visée précise : conduire l'incroyant sur le chemin de la foi et de Dieu. Par conséquent, on pourrait penser que l'art de convaincre serait le pilier de l'œuvre pascalienne puisque traditionnellement les apologistes ont pour objectif de prouver l'existence de Dieu aux incroyants.
Or, si Pascal entend amener l'impie à la foi, sa démarche apologétique est néanmoins radicalement novatrice. En effet, convaincu de l'inefficacité des preuves rationnelles, Pascal soutient que c'est le cœur qui doit et peut trouver Dieu. Par conséquent, c'est davantage l'art de persuader qui primera dans la stratégie d'écriture des Pensées. Ainsi, on s'interrogera plus particulièrement sur l'usage de la violence comme arme rhétorique.
[...] D'un point de vue syntaxique, nous trouvons une récurrence du rythme binaire (fragment 35). La symétrie syntaxique s'accompagne fréquemment de reprises lexicales. Images violentes Les images utilisées peuvent être caractérisée par une extrême crudité et réalisme: cloaque (fragment 122), Que le cœur de l'homme est creux et plein d'ordure! (Fragment 129). Pascal souhaite choquer le bon goût du lecteur. Pour ce faire, il a recours à des images baroques. Ces images sont héritées de la langue due de la Bible: au fragment 122, Pascal cite en latin les Écritures. [...]
[...] Les Pensées, s'adressant à l'incroyant, ont une visée apologétique: elles doivent persuader l'impie pour le réveiller et éveiller sa foi chrétienne. Pour cela, seule une esthétique de la violence s'avère efficace; la parole doit frapper, foudroyer. Brusquer et marteler sont donc les armes rhétoriques choisies par Pascal. Des trois fonctions de la rhétorique (plaire, instruire, faire plier), c'est donc la dernière que Pascal, en bon apologiste, privilégie. On peut alors comprendre que ceux qui reprochaient à Pascal de faire violence au lecteur lui aient trouvé un air despotique et méprisant (Voltaire). [...]
[...] Le mécanisme de la pensée est utilisé pour dompter la machine (fragment 23). Les répétitions (motif du divertissement aux fragments 129), le chiasme (fragment 121), la surcoordination par et (fragment 41) amènent un martèlement à visée pédagogique. Ceci impose la pensée par la force. La parole est utilisée comme cri, c'est un ordre hurlé: nous pouvons le remarquer avec les ponctuations expressives, les impératifs (fragment 129). Ceci est dû à la volonté de se faire entendre et/ou obéir. Marteler Les textes doivent s'imprimer dans les têtes avant de bouleverser les cœurs. [...]
[...] La violence comme arme rhétorique dans Les Pensées de Pascal Les Pensées appartiennent au genre du traité apologétique. Ainsi, l'écriture et la parole pascaliennes ont une visée précise: conduire l'incroyant sur le chemin de la foi et de Dieu. Par conséquent, on pourrait penser que l'art de convaincre serait le pilier de l'œuvre pascalienne puisque traditionnellement les apologistes ont pour objectif de prouver l'existence de Dieu aux incroyants. Or, si Pascal entend amener l'impie à la fois, sa démarche apologétique est néanmoins radicalement novatrice. [...]
[...] Cette dissonance apparait comme un coup porté à l'oreille du lecteur. La prise à partie du destinataire Nous pouvons remarquer une absence massive du je la parole de la généralité permet l'implication. De même, une récurrence de l'alternative se fait sentir: Ou bien ( ) Ou bien le lecteur est contraint de faire un choix. La neutralité est impossible. Pascal a recours à l'invective, à la menace (fragment 110), aux allocateurs (apostrophes, impératifs, questions rhétoriques: fragment Ce discours adressé appelle sinon une réponse ou du moins une réflexion de la part du destinataire. [...]
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