Commentaire composé sur le poème Quand vous serez bien vieille..., tiré du recueil de Ronsard Sonnets pour Hélène
[...] Je serais sous la terre, et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. Un tableau saisissant de la vieillesse : Les douze premiers vers constituent un récit d'anticipation en trois temps : Ronsard exprime d'abord dans le premier quatrain les regrets d'Hélène au soir de sa vie ; le deuxième quatrain chante la gloire posthume de Ronsard tandis que le premier tercet met en parallèle la mort de Ronsard et la déchéance physique d'Hélène. [...]
[...] Les images de la frilosité v.11 et de l'ennui dominent dans une vision péjorative qui culmine avec la vision d'horreur du vers 9. L'analepse du vers 4 raconte l'amour de Ronsard et la réserve d'Hélène : c'est désormais le temps des regrets et des remords. Si le poète présente à Hélène le tableau dégradant de sa propre vieillesse, c'est pour mieux l'exhorter à profiter de l'instant présent II) Le Carpe Diem : Le temps certes flétrit la beauté mais ne peut rien contre la poésie : c'est la première leçon qu'administre Ronsard à Hélène. [...]
[...] Les trois quarts du En partenariat avec www.bacfrancais.com texte dressent donc un tableau désespéré de vieillesse, de désolation et de mort. Les assonances en suggèrent la tristesse et la gravité, comme la métaphore de la fin de vie vers 1 : le lecteur comprend qu'Hélène est au soir de sa vie et que sa flamme vitale est sur le point de s'éteindre. D'ailleurs les repères spatiaux qui décrivent ses attitudes dessinent une descente symbolique vers le sol primitif : son corps retourne graduellement à la poussière. [...]
[...] La triple apostrophe des vers 13-14 permet d'actualiser le récit par le discours au présent (indicatif et impératif) : le poète fait la leçon à la jeune fille dans un dialogue fictif qui répond aux regrets exprimés par Hélène v.4 ; aux paroles du vers 3 direz s'opposent les actes du vers 13 vivez La longueur et la régularité de l'alexandrin semblent conforter cette leçon : Hélène a la chance d'être jeune et en bonne santé, contrairement à Ronsard qui est fatigué et malade. Conclusion : Dans ce sonnet, Ronsard détourne la quête amoureuse au profit d'une louange de la puissance poétique. En ce sens, Quand vous serez bien vieille n'est pas sans évoquer Ciel, air et vents écrit par le même auteur une vingtaine d'années plus tôt. Néanmoins les accents pathétiques se font plus insistants en 1578, comme s'il pressentait sa propre mort. [...]
[...] Alors que les douze premiers vers condamnaient par avance Hélène, les vers 13-14 proposent une chute : Ronsard ne rappelle pas de motif amoureux ni d'hommage à sa beauté mais énonce un Carpe Diem (cueille le jour, c'est-à-dire profite du moment) à la manière de Horace dans ses Odes. Cette injonction à vivre est renforcée par la position encadrante des mots vivez demain cueillez et vie Au vers 14, la rime intérieure en apporte de la légèreté, rappelle l'insouciance caractéristique de la jeunesse. [...]
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