La vie est un songe, Pédro Calderon de la Barca, Sigismond, Basile, Clothalde, roi, Astolphe, Étoile, Rosaure
Très productif, il a écrit cent vingt comédies et soixante-dix autosacramentales. La vie est un songe dont est tiré l'extrait proposé à l'étude est une de ses oeuvres ou il entremêle le songe et la réalité. Cette pièce de théâtre est découpée de façon originale en trois journées. L'extrait présente deux scènes, une première avec Clothalde, Clairon et Sigismond qui en vient aux armes, prêt à conquérir le royaume tout en présentant une nouvelle volonté de faire le bien, tandis que la deuxième scène fait part des tourments du roi Basile avant que lui-même ne prenne les armes après avoir conversé avec Astolphe, Étoile et Clothalde.
[...] On le voit perdre foi devant la montée en force du peuple à vouloir Sgismond sur le trône, cette perte de confiance en l'avenir est marquée par l'anaphore présente dans une de ces répliques à Astolphe : « Qui donc pourra ( ) Qui, contenir ( ) Qui retenir ( ) » ? La répétition de ce pronom interrogatif résonne comme une plainte prolongée, elle est aussi suivie d'un emploi de l'adverbe « jamais » pour mentionner qu'aucune issue n'est possible, que d'aucune façon il n'est envisageable d'arrêter une telle foule tant elle est « déchaînée ». Le roi est devant une épreuve qu'il juge donc impossible. Pourtant, quelques répliques plus tard, son discours fait peau neuve et il apparaît guerrier, au contraire. [...]
[...] Deux scènes et deux transitions donc, mais le chiffre deux n'a pas fini de nous surprendre dans cet extrait et, une fois de plus, multiplie Sigismond et lui donne dans cet extrait une double personnalité apparente. En effet, comme démontré plus tôt, Sigismond se transforme et veut le bien, mais à la première réplique de Clothalde qui affirme ne pas vouloir le suivre et trahir son roi, il revient à ses premiers démons et s'emporte : « Manant, traître, ingrat ». [...]
[...] Le roi le sait, si cette nouveauté agit comme une parade pour Sigismond elle est pour lui impossible : « Il n'est guère de parade à ce qui est infaillible ». Ce discours amène à penser que le roi Basile n'est pas au pied du mur, mais au pied d'un songe. Comme un revers de médaille, le roi en voulant faire croire à son fils qu'il est dans un songe, agit lui-même comme s'il était prisonnier d'un rêve, et ce même s'il est éveillé. [...]
[...] Quand on ne sait différencier le rêve de la réalité, on parle d'illusion. Ainsi, le songe étant l'élément clé de ce passage il plonge Basile, le roi, et son fils, Sigismond, dans l'illusion la plus complète ne sachant différencier le vrai du faux : Sigismond ne sait plus quelle personnalité adopter et doit se dompter pour reprendre pied et Basile devant l'adversité, piégé par son propre songe, ne sait comment vaincre la menace. Les deux, baignés dans l'illusion, changent d'un état à un autre, s'aident d'un songe ou s'y perdent jusqu'à ce que l'illusion devienne une chimère et un maigre espoir pour Basile de remporter la bataille annoncée quand ce dernier se réfugie derrière ses croyances déséquilibrées. [...]
[...] De quelle manière, Calderon à travers ces deux scènes crée-t-il l'illusion, notamment chez Sigismond et Basile et sur leur façon d'agir ? Tout d'abord, l'implantation d'une double scène de transition vient à changer le comportement de deux personnages, ensuite l'on étudiera la façon dont le songe, le rêve, agit sur le roi et son fils et enfin, de quelle façon l'astrologie vient à impacter la perception et les décisions. Après la lecture de l'extrait proposé à l'étude, il apparaît que pour les deux protagonistes, Basile et Sigismond, un même schéma les conduit à en venir aux armes et avoir une attitude conquérante tout en les voyant passer d'un état à un autre. [...]
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