Au livre IV de Vie et opinions de Tristram Shandy, Sterne met en scène la naissance de Tristram, et explique de quelle manière Susannah, la servante que l'on avait chargée de transmettre le nom choisi par Walter Shandy au vicaire chargé de baptiser l'enfant, a accidentellement changé le nom de « Trismégiste » pour celui de « Tristram ». Le personnage de Walter, cherchant à changer le prénom de son fils, de peur qu'un mauvais nom n'implique une mauvaise destinée, convoque Yorick dans l'espoir d'apprendre s'il est possible ou non de modifier le baptême. Cette conversation est le prétexte d'un dîner, auquel sont présents également Tobie et Didius ; mais le sujet de conversation dérive vers des considérations générales autour de la qualité d'un sermon, et tourne à l'affrontement entre Didius et Yorick.
Celui-ci est cependant interrompu par un « mot », dont la nature exacte nous est donnée au chapitre 27 : il s'agit d'un juron de Foutratorius. Ce personnage, qui n'a en outre pas été mentionné dans la situation, est ici victime de la chute d'une châtaigne brûlante dans son entrejambe, ce qui provoque l'exclamation interrompant le débat. Ce chapitre, dont le chapitre 28 est le prolongement direct, est donc à la fois la suite logique du récit, puisqu'un rapport chronologique du dialogue entraîne naturellement la citation de l'exclamation, et une rupture dans l'échange dialogué entre les personnages précédemment cités, d'autant plus que la progression de la réflexion autour de la question du prénom a déjà été interrompue plusieurs fois. Comment cette esthétique de la rupture permet-elle une nouvelle digression très éloignée des considérations baptismales, tout en réglant l'affrontement du chapitre 26 à travers la question du point de vue ?
[...] Ce personnage, qui n'a en outre pas été mentionné dans la situation, est ici victime de la chute d'une châtaigne brûlante dans son entrejambe, ce qui provoque l'exclamation interrompant le débat. Ce chapitre, dont le chapitre 28 est le prolongement direct, est donc à la fois la suite logique du récit, puisqu'un rapport chronologique du dialogue entraîne naturellement la citation de l'exclamation, et une rupture dans l'échange dialogué entre les personnages précédemment cités. Or la progression de la réflexion autour de la question du prénom a déjà été interrompue plusieurs fois. [...]
[...] Ceci est tourné en ridicule par la précision de la ligne 33 : le sourire s'adressait à la compagnie Ces deux hommes, qui se retrouvent à la page suivante à débattre du meilleur soin pour la brûlure, amusent par le portrait prétentieux que Sterne dresse d'eux. L'utilisation fréquente de périphrases pour désigner l'endroit touché par le mal dont Foutratorius souffre constitue une liste non négligeable d'inventions littéraires savoureuses : cette précieuse et gaineuse partie desdites braies qu'il tenait le plus au monde à préserver (l.4-5, p.456), cet hiatus (l.26, p.458) puis hiatus de ses grègues (l.2, p.461), enfin ses Pays-Bas (l.19, p.459). [...]
[...] Pourtant, celui-ci est traversé par la quête de la compréhension, d'une compréhension exacte des événements, pour laquelle les connaissances et l'imagination ne sont pas des solutions plus efficaces que le bon sens et la logique. Mais la découverte du vrai est supplantée par la question du point de vue d'où l'on observe la situation, et par la multiplicité des subjectivités, peut- être ce texte parvient-il à rendre compte d'un peu de la complexité du monde. [...]
[...] Comment cette esthétique de la rupture permet-elle une nouvelle digression très éloignée des considérations baptismales, tout en réglant l'affrontement du chapitre 26 à travers la question du point de vue ? Dans un premier temps, il apparaîtra que ce chapitre prend la forme d'un récit autonome à la légèreté comique ; nous verrons ensuite qu'il interroge la question du vrai en inversant le rapport d'opposition du savoir et de l'ignorance. Enfin, nous observerons que la notion de vérité est dépassée par celle de point de vue. [...]
[...] C'est une entrée qui ressemble fort à une exposition in medias res ; de fait, la suite du chapitre 27 interroge d'abord ce qui a précédé l'exclamation : le lecteur ne possédait pas les informations de contexte de l'émission du juron, nous sommes donc en effet dans une entrée in medias res. Ainsi, le passage se construit en marge de ce qui précède, malgré des contingences d'heure et de lieu identiques. Ce chapitre invite donc à la lecture d'une anecdote sous forme d'un récit autonome. Celui-ci est caractérisé par la tonalité comique. On y trouve un certain plaisir de l'anecdote vile, convoquant le bas corporel, qui n'est pas sans rappeler le chapitre du Gargantua de Rabelais sur le torche-cul. [...]
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