La Vie des douze Césars paraît autour de 120. Suétone y revient aux premiers temps de l'Empire racontés par Tacite dix ans plus tôt, mais il le fait bien différemment : de manière plus concise et factuelle, sans se contraindre au déroulement du récit historique et en se limitant à des sources établies auxquelles son poste ab epistulis lui donne un accès facile. L'ouvrage compte huit livres, le sixième étant consacré à Néron, dernier des Julio-claudiens.
Après s'être attardé longtemps sur les ancêtres de Néron (§ I à V), Suétone a abordé l'enfance et l'adolescence du prince, adopté par l'empereur Claude et marié à la fille de ce dernier Octavie, sous la pression d'Agrippine, l'impératrice sa mère. (§ VI-VII). Dans les trois paragraphes suivants, l'historien présente les débuts de son règne : les circonstances de son accession au trône et ses premières mesures, lesquelles semblent sages et prometteuses.
[...] Des mesures qui prétendent s'appuyer sur de grandes vertus romaines - Les vertus et qualités inspirant les premières mesures de Néron apparaissent d'abord dans un champ lexical positif : la pietas de la l.6 est longuement développée et concrétisée, envers ses pères (Claude et Domitius, l.6 et envers sa mère et même envers sa ville natale, Antium (phrase 4 du IX). On trouve encore indolem l.12, et dans un rythme ternaire qui les souligne, liberalitas, clementia, comitas à la ligne 13 : le X donne à chacune sa concrétisation puisque la phrase 2 est consacrée à la liberalitas de l'empereur, la 3 à la clementia puis à la comitas. [...]
[...] Il souligne avec insistance l'ostentatio par exemple : l'empereur cherche à jouer sur les apparences et c'est plus en profondeur qu'il faut comprendre que ce jeune empereur n'est pas ce qu'il paraît. II. UN RECIT QUI FAIT PESER LE SOUPÇON SUR LES PREMICES DU REGNE Des indices troubles et des motifs de défiance donnés par Suétone - Suétone rappelle que la proclamation se fait un jour néfaste (le 13 octobre ce qui ne manque pas de renvoyer aux prédictions aussi diverses que terrifiantes qui entourèrent la nativité de Néron (cf. [...]
[...] Agrippine, sœur de Caligula, seconde épouse de Claude, descend de Marc- Antoine par son père Germanicus, et d'Octave par sa mère Agrippine l'Aînée. Antium devint une colonie romaine en 338 av. J.-C . A la fin de la République, lieu de villégiature pour riches patriciens romains, qui se faisait construire de magnifiques villas en bord de mer. Mécène en possédait une ; l'Apollon du Belvédère (Vatican) a été découvert dans les ruines des villas d'Antium. Néron s'en fera construire une en rasant celle d'Auguste, qui sera utilisée par tous ses successeurs, jusqu'aux Sévères. [...]
[...] On comprend bien que l'équilibre augustéen entre les trois pouvoirs n'est déjà plus ici qu'une illusion, un signe mis en avant, mais bel et bien mensonger. Les soldats sont bien plus présents dans le texte que ne l'est le sénat : on trouve excubitores et excubanti tribuno (l.2 et veteranis e praetorio et praetorianis cohortibus (l.10 et ainsi que militibus (l.4) et ditissimis primipilarium (l.10). La phrase 4 du IX montre bien qu'Antium devient une sorte de ville de retraite dorée pour prétoriens. [...]
[...] Dans les trois paragraphes suivants, l'historien présente les débuts de son règne : les circonstances de son accession au trône et ses premières mesures, lesquelles semblent sages et prometteuses. Que nous invite à comprendre Suétone à travers ces premiers temps ? Ces débuts bienveillants sont-ils en complète contradiction avec le personnage monstrueux déjà trop connu à l'époque ? Pour le savoir, nous étudierons d'abord la présentation synthétique qui est faite du début de règne et de ses mesures. Nous montrerons ensuite que le récit fait peser le soupçon sur ces prémices, en fait déjà minées. [...]
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