Littérature, une vie, chapitre 7, Guy de Maupassant, curé, baron, Jeanne, réflexion sur le mariage, Rosalie
Dans Une vie de Maupassant, son premier roman publié en 1883, nous est livré le récit "d'une femme depuis l'heure où s'éveille son cœur jusqu'à sa mort" comme il est indiqué dans la revue Gil Blas, le 21 février de la même année ; cette femme, c'est Jeanne Le Perthuis des Vauds, dont nous suivons les différentes aventures dans un récit initiatique où elle découvre le mariage, la sexualité, la maternité, mais aussi l'infidélité, le mensonge.
[...] Le mariage : peinture de la réalité Notre extrait semble présenter également une image du mariage tel qu'il est conçu au 19ème siècle. Alors que les premières pages du roman nous en donnait la version idéalisée, rêvée de Jeanne comme une communion entre deux âmes, l'épanouissement d'un amour passionné et une composante à part entière du bonheur ; ici, c'est un aspect plus pratique et économique qui nous est livré. Le mariage est alors vu comme un moyen d'accéder à une respectabilité sociale : le curé dit à Rosalie qu'il faut qu'elle se range, c'est-à-dire se marie, pour expier sa faute ; le mariage n'est alors que la voie à suivre pour donner un père à son enfant et ne pas être livrée à la honte ou au déshonneur. [...]
[...] Même si la modalité interrogative n'est pas présente dans les deux derniers paragraphes, Jeanne aussi semble en proie au questionnement, à la réflexion comme l'indique le verbe « songeait ». Après avoir pu observer les effets physiques du choc ressenti par les deux personnages, on a ici accès aux effets émotionnels sur Jeanne : « qui blessait l'âme » et « pénétrait comme une vrille dans son cœur », bien que ce dernier soit de l'ordre du corps, du tangible, il est ici plus une métaphore de ses sentiments comme viennent le démontrer les expressions du chagrin suivantes : « douloureusement », « misère », « tristesse » et enfin « désespoir ». [...]
[...] Pourtant, si Jeanne semble ‘sombrer dans le désespoir', le passage tend à essayer d'équilibrer ce malheur, de l'adoucir, de lui octroyer une certaine neutralité. Les procédés dont nous avons parlé plus haut, parallélisme, généralisation, peinture des mœurs de la société tend à adoucir ce désespoir, à le rendre moins amer en tenant un discours qui fait de cette situation qui semble si désespérée à Jeanne une situation banale, à laquelle il ne faut s'arrêter. Cet équilibre est maintenu par la prise de conscience du baron qu'il a lui-même agit auparavant de la même façon que Julien, atténuant légèrement la faute de celui- ci, et effaçant la colère du père. [...]
[...] Un premier parallèle est établi, comme nous l'avons montré plus avant, entre la ‘luxure', si l'on peut dire, de Rosalie, celle de toutes les paysannes et bonnes et finalement, de toutes les femmes. Mais dans un deuxième temps, c'est la figure du père, jusqu'ici respectable, bien sous tous rapports, qui est malmenée par un parallèle établit entre son beau-fils, Julien, et lui. Alors que le jeune mari subit ses foudres et ses reproches, comme l'indiquent les adjectifs et dénominations péjoratifs « infâme », « canaille », « minable » et l'ascension progressive de la violence dans les propos du père et son attitude : on passe de « je lui dirai » ( discussion) à « je le soufflèterai » (violence physique de stade jusqu'à « je le tuerai [sous ma canne] » ( violence physique de stade final), le curé introduit une fois de plus l'impression de miroir, de reflet avec l'expression « je parie que vous-même » renvoyant le baron à ses propres actes, pas si différent de ceux de Julien. [...]
[...] III- Une balance, un équilibre ? Entre illusion et réalité Le début du roman, et les six chapitres précédant cet extrait déployaient des trésors de description lyrique avec une météo, des descriptions de paysages et d'éléments naturels qui s'accordaient avec les moindres pensées, sensations et sentiments des personnages. Ce lyrisme et les pensées plus que romanesques que l'on pouvait entendre dans les rêves de Jeanne semblaient nous décrire un mariage idéal, où chaque petit nuage, petit problème trouvait rapidement sa solution, rassurant notre héroïne : par exemple, lors de sa lune de miel et son voyage de noces, la réticence et le malaise de Jeanne concernant les relations charnelles avait trouvé leur résolution très rapidement. [...]
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