Victor Hugo, dans son activité de dramaturge, met en œuvre une esthétique romantique en donnant ses lettres de noblesse au drame romantique, genre qu'il contribue à définir, notamment dans la préface de Ruy Blas.
Ruy Blas fut publié pour la première fois en 1838, et prend pour héros Ruy Blas, un valet, au service d'un grand d'Espagne destitué, et qui déploie son intelligence et son éloquence, tant pour dénoncer et humilier une oligarchie accapareuse des biens de l'État que pour se montrer digne d'aimer la reine d'Espagne.
La tirade de la scène 2 de l'acte III prend place au moment où, après avoir surpris les ministres dans leurs tractations secrètes, Ruy Blas décide de dénoncer leur corruption et leur attitude honteuse, cause des malheurs de l'Espagne.
Dans quelles mesures cette tirade révèle-t-elle la dimension héroïque du personnage de Ruy Blas ?
[...] La tirade[1] de la scène 2 de l'acte III prend place au moment où, après avoir surpris les ministres dans leurs tractations secrètes, Ruy Blas décide de dénoncer leur corruption et leur attitude honteuse, cause des malheurs de l'Espagne. Lecture de l'extrait Dans quelles mesures cette tirade révèle-t-elle la dimension héroïque du personnage de Ruy Blas ? Nous verrons dans un premier temps comment s'organise la dénonciation des crimes des ministres, puis de quelle manière se déploie l'accusation, et enfin comment la parole de Ruy Blas révèle la grandeur du personnage. [...]
[...] / Comme si votre roi n'était plus qu'un fantôme. v. 1076-77 ; Rome vous trompe v ; La France, pour vous prendre, attend des jours propices / L'Autriche aussi vous guette v. 1082-83) : ce vous semble opérer une disjonction entre les ministres et l'Espagne, qui apparaît sous le pronom nous Opposition renforcée par apparition au v du peuple auquel se joint immédiatement le je qui s'exprime pour la 1ère fois Le peuple j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! [...]
[...] La tirade vise à dénoncer de la cupidité des ministres : au v.1063, jeu sur l'emploi de intérêts : les ministres sont choisis par le roi pour défendre l'intérêt du pays et en fait ils ne servent que le leur Donc vous n'avez ici d'autres intérêts / Que d'emplir votre poche et de vous enfuir après : avidité des ministres soulignée par la tournure restrictive ne que au v les ministres sont explicitement comparés à des voleurs Fossoyeurs, qui venez le pillez dans sa tombe ( la dénonciation est renforcée par l'opposition avec le peuple misérable qui souffre de payer des impôts exorbitants (image de la douleur et de la peine: Le peuple misérable, et qu'on pressure encore, / A sué quatre cent trente millions d'or v. 1095-96) RB dénonce en outre l'inutilité des vice-rois : le premier est critiqué car ses intrigues amoureuses remplacent la politique Médina, fou d'amour, rempli Naples d'esclandres v. 1085), les deux autres pour leurs actions qui contribuent à la chute du pays Vaudémont vend Milan, Leganez perd les Flandres v. 1086) 3. La mise en œuvre d'une rhétorique pamphlétaire au service de la dénonciation La dénonciation passe par l'emploi de l'ironie ( v. [...]
[...] Cette tirade semble de fait constituer l'apogée de la légitimité du personnage, légitimité qui sera validée par la reine à la scène suivante, lorsqu'elle lui offrira son amour. Pour autant, les rappels du statut de valet de Ruy Blas dans cette scène ne sont pas anodins, et préparent le retour de Don Salluste, qui amènera le retournement final et le dévoilement de l'identité du premier ministre aimé de la reine. Ce n'est pas un monologue car d'autres personnages prennent la parole dans la suite de la scène. [...]
[...] 1082) Transition : Portée par l'indignation de RB, la dénonciation des ministres passe également par la mise en œuvre d'une rhétorique de l'accusation exemplaire, qui met sous les yeux des personnages et des spectateurs des tableaux spectaculaires, propres à frapper l'imagination. La tirade apparaît donc caractérisée par son extrême efficacité oratoire, laquelle offre en retour une légitimité au personnage de RB, qui de valet semble devenu génie politique. III / Face aux seigneurs, la parole de RB s'avère extrêmement efficace et offre une légitimité supérieure au personnage 1. Une dénonciation politique qui joue de la double identité de RB pour fonder la légitimité de sa parole. Jeu sur le statut du valet : premier vers Bon appétit ! [...]
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